Des températures «fraîches», de la pluie, un ciel maussade… sur une grande partie de la France hexagonale – hormis le sud-est –, la météo n’est pas au beau fixe depuis plusieurs jours. Suffisamment pour voir fleurir, sur les réseaux sociaux, les messages qui disent que l’on vit «un été pourri» ou un «été trop froid».
En réalité, la France subit «une fraîcheur toute relative à l’échelle nationale», nuance Météo-France. «Le terme “fraîcheur” n’est pas adapté à l’échelle du pays, car nous sommes à peine en dessous des normales, confirme d’emblée Patrick Galois, prévisionniste pour l’organisme météorologique. Il serait plus justifié de parler de températures proches des normales.»
Localement, on a pu expérimenter des journées maussades – par exemple, l’Alsace et Rhône-Alpes ont connu des températures 8 à 9 degrés (°C) sous les normales saisonnières (la moyenne des 30 dernières années) lundi 28 juillet. Mais, à l’échelle du pays, ce n’est pas du tout le cas : «Depuis une semaine, nous sommes à peu près un ou deux degrés sous les normales», détaille Patrick Galois.
La situation météorologique actuelle s’explique par la présence d’un anticyclone (un axe de hautes pressions) situé sur l’Atlantique depuis plusieurs jours. Il canalise des vents du nord-ouest, associés à un mercure plus frais et à de l’humidité, vers l’Europe occidentale – dont la France.
«La normale, ce n’est pas un ciel bleu pendant trois mois»
Certes, les températures actuelles contrastent avec la vague de chaleur exceptionnelle (par sa durée, son intensité et son étendue géographique) qui a frappé le pays entre fin juin et début juillet. «Mais ces températures sont tout à fait classiques, même pour le cœur de l’été. La normale, ce n’est pas d’avoir un ciel bleu sur toute la France pendant trois mois», rappelle le prévisionniste.
Le décalage entre le ressenti d’une météo «fraîche» et la réalité est lié au fait que l’on s’habitue peu à peu à vivre dans un climat plus chaud, qui n’a rien de «normal» : «C’est juste que l’on a complètement changé de référentiel», expliquait le climatologue Matthieu Sorel à Vert l’été dernier. «C’est ce qu’on appelle le “shifting baseline” [l’amnésie écologique, NDLR] : le réchauffement climatique modifie peu à peu nos repères, au point qu’une journée normale d’autrefois nous semble aujourd’hui anormalement fraîche», souligne l’agroclimatologue Serge Zaka sur Bluesky.
Aujourd’hui, la température moyenne nationale en après-midi atteint 24,95°C, soit environ 2°C en dessous des normales de saison. Une journée « pas encore fraîche » au sens climatique du terme, puisque cette qualification s’applique lorsque la température moyenne nationale descend sous les 22°C. 1/3
— Dr. Serge Zaka (@sergezaka.bsky.social) 23 juillet 2025 à 18:05
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Si la France connaît des températures plus ou moins conformes aux moyennes saisonnières, ce n’est pas du tout le cas pour le reste de l’Europe. Il y a une dizaine de jours, un épisode de chaleur particulièrement inhabituel a touché une large partie de la Scandinavie. Depuis une semaine, la région des Balkans et la Turquie subissent une canicule écrasante, qui attise des incendies dévastateurs. Vendredi dernier, la température inédite de 50,5°C a même été mesurée dans le sud-est de la Turquie. «Cela relativise la “fraîcheur” que l’on connaît en France», pointe Patrick Galois.
La situation pourrait toutefois évoluer dans les jours à venir, prévoit Météo-France. L’anticyclone présent sur l’Atlantique devrait se rapprocher de l’Europe de l’Ouest à partir du début de la semaine prochaine. De quoi permettre à la chaleur de remonter par le sud de la France et de gagner du terrain vers la partie nord du pays au milieu de la semaine prochaine – même s’il est encore un peu tôt pour anticiper cela avec précision. «Cela reste lointain, mais on pourrait retrouver des chaleurs dépassant les 30°C dans des endroits qui y sont moins habitués, c’est-à-dire au-delà du sud-est, indique le prévisionniste Patrick Galois. En tout cas, on a des signaux qui se dirigent vers un temps que l’on peut qualifier de plus estival.»
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