Décryptage

Les géants de la fast fashion passent à l’avion

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Podi­um du peu­ple. Pour écouler leurs mil­lions de références en un clin d’œil, les plate­formes chi­nois­es d’ultra fast fash­ion Temu et Shein investis­sent désor­mais le trans­port aérien.

Vite scrol­lé, vite acheté… et vite expédié. Con­traire­ment à ce que l’on pour­rait penser, les mar­ques de l’ultra-fast fash­ion, comme les Chi­nois­es Shein ou Temu, n’acheminent pas seule­ment leurs crop tops à 3,50 euros par navires porte-con­teneurs. Elles utilisent aus­si l’avion, et ce, de manière mas­sive. Une ten­dance dont les effets économiques et écologiques com­men­cent à peine à être éval­ués.

Selon les don­nées de Car­go Facts Con­sult­ing, une société de con­seil spé­cial­isée dans la logis­tique aéri­enne, con­sultées par l’agence de presse Reuters, Temu expédierait dans le ciel 4 000 tonnes de pro­duits chaque jour ; Shein, 5 000. Soit l’équivalent de 108 Boe­ing 777, cet avion gros por­teur qui peut con­tenir 400 per­son­nes. À titre de com­para­i­son, le géant Apple n’expédierait «que» 1 000 tonnes de pro­duits par jour en avion.

En 2022, Shein arrive en tête des ventes de mode en ligne en France. © Unsplash

En 2023, le Con­grès améri­cain rap­por­tait que Shein et Temu envoy­aient 600 000 col­is par jour aux États-Unis, l’un des nou­veaux marchés les plus floris­sants de l’ultra-fast fash­ion made in Chi­na. En 2022, Shein s’imposait en tête des ventes de mode en ligne dans notre pays.

Résul­tat : la pro­duc­tion fréné­tique (notre arti­cle) de vête­ments à prix mini mobilis­erait aujourd’hui env­i­ron un tiers de la capac­ité mon­di­ale des avions-car­gos longue dis­tance, selon Baixiao.com, un site spé­cial­isé dans le trans­port trans­frontal­ier. Pour rap­pel, le secteur aérien est respon­s­able d’environ 5% des émis­sions de gaz à effet de serre au niveau mon­di­al (notre arti­cle) ; et représente le mode de trans­port le plus pol­lu­ant.

Mi-mars 2024, l’Assem­blée nationale a voté une série de mesures pour lim­iter les impacts délétères (con­tri­bu­tion au réchauf­fe­ment cli­ma­tique, pro­duc­tion de déchets) de la fast fash­ion dans l’Hexagone. Par­mi celles-ci : l’interdiction de la pub­lic­ité pour la vente de vête­ments à prix cassés et un malus envi­ron­nemen­tal (notre arti­cle). La propo­si­tion de loi doit prochaine­ment être exam­inée par le Sénat.