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Les députés veulent en découdre avec la fast fashion

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Pourquoi on s’éShein ? Une propo­si­tion de loi pour encadr­er l’ultra-fast fash­ion doit être débattue ce jeu­di à l’Assemblée nationale. Sa mesure-phare: un malus sur cer­tains vête­ments et une inter­dic­tion de la pub­lic­ité pour les mar­ques de mode jetable.

Chaque jour, Shein pro­pose plus de 7000 nou­veaux mod­èles à la vente pour une poignée d’euros (notre arti­cle). Créée en 2008, cette société chi­noise a vu son chiffre d’affaires explos­er depuis le con­fine­ment, au détri­ment des con­di­tions de tra­vail des ouvrier·es et de son impact envi­ron­nemen­tal et san­i­taire.

C’est à ce genre de géants de la vente en ligne que l’Assemblée nationale veut s’attaquer. Déposée le 30 jan­vi­er dernier par la députée Hori­zons (majorité prési­den­tielle) Anne-Cécile Vio­l­land, une propo­si­tion de loi mise sur un «retour à des vol­umes de pro­duc­tion souten­ables», afin de lim­iter les «pul­sions d’achat».

Plus de 3 mil­liards de vête­ments sont mis sur le marché chaque année en France, rap­pelle la propo­si­tion de loi. © Karoli­na Grabows­ka / Pex­el

8 à 10% des émissions mondiales

Shein estime de son côté suiv­re «les meilleures pra­tiques inter­na­tionales en matière de développe­ment durable et d’en­gage­ments soci­aux», selon une déc­la­ra­tion trans­mise à l’AFP. Rap­pelons que l’in­dus­trie tex­tile (vête­ments et chaus­sures) est respon­s­able de 8 à 10% à des émis­sions mon­di­ales de gaz à effet de serre et, à ce rythme, elle pour­rait attein­dre 26% en 2050, selon l’Agence de la tran­si­tion écologique.

Le texte de loi prévoit trois out­ils pour lim­iter cette gabe­gie. Tout d’abord, la mise en place d’un malus de 10 euros max­i­mum (et dans la lim­ite de 50% du prix hors taxe) par pro­duit d’ici à 2030. À l’inverse, les vête­ments «éco-respon­s­ables» béné­ficieraient d’une redis­tri­b­u­tion des pénal­ités sous forme de primes. La piste du malus est aus­si poussée par une autre propo­si­tion de loi, déposée par le député Les Répub­li­cains Antoine Ver­morel-Mar­ques, qui en a fait une vidéo par­o­dique sur Tik­Tok.

Qui sera vraiment concerné ?

Sec­ond out­il : l’interdiction de la pub­lic­ité pour les mar­ques de mode «jetable», sur le mod­èle de la loi Evin qui inter­dit la pro­mo­tion de l’alcool ou de la loi Cli­mat et résilience pour les éner­gies fos­siles ou le « green­wash­ing » (notre arti­cle). Et ce, y com­pris pour les influenceur·ses, habitué·es à ouvrir des mon­tagnes de col­is devant leurs abonné·es. Enfin, des mes­sages de sen­si­bil­i­sa­tion deviendraient oblig­a­toires sur les sites de vente.

Le texte ne sem­ble pas soulever d’opposition farouche. Cer­taines voix met­tent tout de même en avant la ques­tion du pou­voir d’achat, et l’opportunité que représen­tent ces vête­ments à bas coûts pour les petites bours­es. Mais la ques­tion prin­ci­pale demeure : quelles seront les entre­pris­es con­cernées ? Car der­rière les mastodontes de la vente «en temps réel» que sont Shein ou Temu, toute une galax­ie d’enseignes comme H&M, Kiabi, Zara ou Décathlon, pro­duisent mas­sive­ment à l’autre bout de monde.

Pour définir la fast fash­ion, le texte ren­voie pour l’instant à un décret ultérieur fix­ant des seuils sur les vol­umes pro­duits et le nom­bre de nou­veaux mod­èles mis sur le marché. La coali­tion d’organisations Stop Fast fash­ion alerte : «restrein­dre la portée de la loi à deux mar­ques serait con­tre-pro­duc­tif».