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Le Japon et les sociétés baleinières jugent «regrettable» la libération du militant Paul Watson

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Houle puante. Le défenseur des baleines Paul Watson ne sera pas extradé vers le Japon, a confirmé le gouvernement danois mardi. Tokyo ne renonce pas pour autant à ses poursuites. Le Japon et les sociétés baleinières nippones déplorent ce mercredi la libération du militant écologiste.

L’annonce de la libération de Paul Watson a suscité une vague de réactions enthousiastes, mardi, de la présidente de Sea Shepherd France Lamya Essemlali, jusqu’à la ministre démissionnaire de la transition écologique, Agnès Pannier-Runacher (notre article). À l’inverse, ce mercredi, le porte-parole du gouvernement japonais Yoshimasa Hayashi a jugé «regrettable que le gouvernement danois n’ait pas accepté la demande d’extradition [de Paul Watson]». Tokyo «l’a fait savoir à la partie danoise», a-t-il déclaré lors d’un point presse.

Paul Watson à sa sortie de prison à Nuuk (Groenland), le 17 décembre 2024. © Alataq Moeller/AFP

Les autorités nippones accusent le militant écologiste d’intrusion sur un navire baleinier japonais et d’être coresponsable de dommages et blessures à son bord, en 2010, dans le cadre d’une campagne menée par l’organisation Sea Shepherd. Le refus d’extrader le défenseur des baleines ne met pas fin aux poursuites engagées contre lui par le Japon, qui «va continuer de traiter ce cas comme il se doit, sur la base de preuves et du droit», a ajouté Yoshimasa Hayashi.

Après six prolongations de détentions qui ont valu à Paul Watson 149 jours de prison à Nuuk (Groenland), il est désormais libre et s’apprête à rentrer en France pour passer Noël en famille.

Du côté des entreprises baleinières, la déception est également prégnante. Hideki Tokoro, à la tête de la firme Kyodo Senpaku, qui possède et exploite la principale flotte baleinière nippone, s’est dit «surpris» par cette décision, auprès de Libération. Il s’indigne : «Watson est coupable de délits. Ce qu’il a fait, ce sont des tentatives de meurtre contre nos équipages. Je souhaite que le gouvernement japonais continue sérieusement d’exiger son extradition où qu’il aille, je veux qu’il soit de nouveau arrêté. Il serait fâcheux que les délits qu’il a commis soient pris à la légère. Nous avons rassemblé les preuves.»

Le Danemark a justifié son refus par «la durée totale de la détention de Paul Franklin Watson après son arrestation le 21 juillet 2024 et jusqu’à ce qu’une éventuelle décision d’extradition puisse être exécutée, et sur [le] fait que les actes pour lesquels l’extradition est demandée remontent à plus de 14 ans, ainsi que de la nature des actes en général», selon la décision de justice.

Les avocats de Paul Watson veulent faire «annuler la notice rouge et le mandat d’arrêt japonais»

Pour les défenseurs de Paul Watson, les poursuites à son encontre étaient infondées. L’un de ses avocats, William Bourdon, évoque à Vert «le caractère fabriqué et opportuniste de la procédure, fondée sur des informations inexactes et mensongères». La décision danoise montre que le système judiciaire nippon est faillible, selon un autre de ses défenseurs, François Zimeray. Pour lui, au «Japon, il existe une présomption de culpabilité».

Une position à laquelle le Danemark refuse d’être associé. Le ministre de la justice, Peter Hummelgaard, a précisé que «cette décision ne signifie pas que le Danemark partage les préoccupations qui ont été exprimées dans certains milieux au sujet du système juridique japonais et de la protection des droits de l’homme au Japon dans le cadre de cette affaire spécifique».

Pour éviter d’éventuelles nouvelles poursuites à l’encontre du militant de 74 ans, les défenseurs de Paul Watson ont «pris contact avec la commission d’Interpol», a appris à Vert William Bourdon. Selon lui, «de très nombreux arguments existent pour convaincre Interpol de suspendre dans un premier temps, puis d’annuler la notice rouge diffusée à la demande des autorités japonaises.»

Il précise que «cette procédure contre Paul Watson n’est pas de nature à répondre aux grands principes qui fondent les missions d’Interpol et notamment celles stipulées par son article premier, d’assurer la défense et le respect des droits humains.»

L’avocat relève le «paradoxe de criminaliser Paul Watson, qui dénonce l’impunité de ceux qui terrorisent la biodiversité et qui mériteraient d’être criminalisés pour leur action».


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