Ce lundi, les ONG Data for Good, Reclaim Finance, Lingo et Éclaircies ont actualisé leur carte interactive carbonbombs.org, qui recense les «bombes carbone». Par rapport aux résultats de 2022, le consortium d’associations en a trouvé 176 nouvelles dans le monde, portant le total à 601.

Les «bombes carbone» sont les projets d’extraction de gaz, pétrole, charbon – déjà en cours ou sur le point d’être lancés – qui devraient émettre plus d’une gigatonne de CO2 (soit un milliard de tonnes) sur leur durée de vie restante. À côté de ces mégaprojets, le consortium recense 2 300 nouveaux projets d’extraction (de plus petits projets, avec des émissions prévues supérieures à cinq millions de tonnes de CO2) lancés après 2021. À titre de comparaison, la France a émis 404 millions de tonnes de CO2 équivalent en 2024.
«Ça nous fait aller dans le mur»
«Dans cette mise à jour, on a vraiment voulu mettre en avant tous les nouveaux projets lancés après 2021», explique à Vert Lou Welgryn, secrétaire générale de Data for Good. Cette année-là, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) alertait dans le rapport «Net zero by 2050» : il ne faudrait «aucun nouvel investissement dans l’approvisionnement en énergies fossiles à partir d’aujourd’hui» pour limiter le réchauffement à +1,5°C par rapport au milieu du 19ème siècle – l’objectif fixé par l’Accord de Paris sur le climat adopté en 2015. Aujourd’hui, Lou Welgryn constate : «2 300 nouveaux projets après 2021, c’est quand même monstrueux. Ça nous fait aller dans le mur.»

Le consortium dénonce la responsabilité des entreprises qui portent ces projets polluants et des banques qui les financent (voir ci-dessous). «Le but de cette carte interactive est de rendre disponibles ces données dans un secteur très opaque et de matérialiser la responsabilité des acteurs qui permettent à ces projets d’exister», poursuit Lou Welgryn.
TotalEnergies, l’entreprise au plus grand nombre de projets
TotalEnergies est l’entreprise avec le plus grand nombre de projets d’extraction dans le monde (154). Condamnée jeudi dernier pour greenwashing après ses publicités sur la «neutralité carbone», la firme française a annoncé relancer son mégaprojet gazier au Mozambique, samedi. «Mozambique LNG», c’est son nom, est bien recensé parmi les bombes carbone sur la plateforme carbonbombs.org.
Autres responsables : les 65 plus grandes banques mondiales ont financé les entreprises porteuses de projets assimilés à des bombes carbone et de nouveaux projets fossiles à hauteur de 1 600 milliards de dollars (environ 1 375 milliards d’euros) depuis 2021. Ces projets «n’auraient pas été possibles sans le soutien des banques», dénoncent les associations.
Dans le détail, la Société Générale a fourni 23,2 milliards de dollars (environ 20 milliards d’euros) à 56 entreprises dont TotalEnergies, Eni et Saudi Aramco. Le groupe Banque Populaire-Caisse d’Épargne (BPCE) a accordé 18,1 milliards de dollars (environ 16 milliards d’euros) à 33 entreprises, dont TotalEnergies et Saudi Aramco, selon les ONG.
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