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À Saint-Denis, le Giec lance son prochain rapport : «On va pouvoir en dire beaucoup plus sur les effets du changement climatique»

Rapport d’attache. Près de 600 membres du Groupe d'experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) se réunissent cette semaine aux portes de Paris pour la préparation de leur septième rapport de référence. Dans un contexte de reculs écologiques, l’organisation onusienne voit son fonctionnement sévèrement attaqué.
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Mise en lumière lors des Jeux olympiques de 2024, la ville de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), aux portes de Paris, accueille cette semaine une manifestation d’un autre genre : la plus grande et la plus éminente réunion de chercheurs et chercheuses sur le climat. Pas moins de 568 auteurs et autrices du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) – sur plus de 1 500 en tout – s’y réunissent toute la semaine pour inaugurer un nouveau cycle de travail, à savoir l’actualisation de l’ensemble des connaissances scientifiques sur le changement climatique. Au moins trois imposants tomes en sortiront, abordant respectivement les causes (groupe 1), les conséquences (groupe 2) et les réponses au réchauffement climatique (groupe 3).

«Nous nous attendons à avoir des résultats vraiment nouveaux», explique Robert Vautard. © Théo Mouraby/Vert

Deux ans et demi après la clôture d’un sixième cycle, aux conclusions déjà alarmantes, «nous nous attendons à avoir des résultats vraiment nouveaux», a expliqué Robert Vautard, co-président du groupe 1, lors d’une rencontre avec la presse. D’une part, «un grand nombre d’événements extrêmes se sont produits depuis. On a de plus en plus d’observations, de données, et donc de moins en moins d’incertitudes sur l’amplitude et la fréquence de ces événements». D’autre part, «on va pouvoir en dire beaucoup plus sur les effets du changement climatique, dans certaines régions du monde qui étaient peu couvertes jusqu’ici, particulièrement l’Afrique», explique-t-il.

Autre grande nouveauté : un chapitre sera consacré à l’overshoot, le dépassement des 1,5°C de réchauffement climatique d’ici à 2100 par rapport à l’ère préindustrielle (1850) et son caractère temporaire ou non. «Comment fait-on pour faire revenir les températures en deçà de ce seuil ? Et quelle réponse du système climatique ?, interroge Robert Vautard. On n’a jamais eu les températures qui baissent, donc on doit absolument étudier comment le système Terre y répondrait.»

Le Giec sévèrement attaqué

«Pour la France, accueillir cette manifestation, c’est envoyer un soutien politique très clair aux travaux du Giec», souligne de son côté Gabriel Normand, conseiller diplomatique de la ministre de la transition écologique, Monique Barbut. Bien que le programme de travail ne porte, cette semaine, que sur des sujets techniques, la réunion même du Giec revêt un caractère éminemment politique «dans un contexte où le discours scientifique est remis en cause, où le Giec est attaqué dans son fonctionnement», explique Gabriel Normand.

L’institution est régulièrement attaquée. Le député frontiste Thomas Ménagé l’accusait en août dernier «d’exagérer». Lors du trentième sommet mondial (COP30) sur le climat à Belém (Brésil), plusieurs puissances pétrogazières emmenées par l’Arabie saoudite ont demandé, en vain, la suppression des références au Giec dans plusieurs textes onusiens.

Surtout, son fonctionnement même est altéré par le revirement d’États membres de l’Organisation des Nations unies (ONU), à commencer par les États-Unis de Donald Trump qui ont retiré leur contribution financière d’environ deux millions de dollars (1,7 million d’euros) sur les dix nécessaires au fonctionnement du groupe d’expert·es.

Autre dysfonctionnement notoire : à ce jour, les discussions sont toujours enlisées sur le calendrier de publication des rapports. Plusieurs États (dont l’Inde ou l’Arabie saoudite) s’opposent à leur parution dès 2028, date du deuxième bilan mondial de l’action climatique des États prévu par l’Accord de Paris (signé en 2015 lors de la COP21). Ce faisant, ils risquent d’empêcher les travaux du Giec d’éclairer les négociations climatiques avec des données scientifiques les plus à jour.

Enfin, Robert Vautard rappelle que le «résumé à l’intention des décideurs» – le compte rendu le plus lu du rapport – a son destin lié aux décisions des États. Le chercheur prévient : «Il faut rappeler que le Giec fonctionne par consensus, et si un pays, quel qu’il soit, s’oppose au compte rendu, il ne peut pas être approuvé.»

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