La quotidienne

Sobriété comme hiver

Chères toutes et chers tous,

🔥 Nous y sommes presque ! D'ici quelques jours, vous pourrez naviguer dans un nouvel espace du site web de Vert, où vous pourrez télécharger tous nos posters, retrouver leurs sources, et les commander pour les recevoir directement chez vous. Ce sera l'occasion de mettre la main sur notre nouveau poster consacré à l'énergie, qu'a pu découvrir le public de l'Académie du climat hier soir (récit dans cette édition).

🗳️ Les urnes ont parlé. À près de 75%, vous avez choisi que nous répondions à la question «Comment concilier logement et sobriété ?» dans le Vert du faux de la semaine prochaine. Rendez-vous dans l'édition de jeudi pour la réponse.


Faisons nous une raison : il va falloir faire moins et mieux pendant les quatre saisons.


Quelles énergies pour le futur ? «Ce n’est pas qu’une question technique, c’est avant tout un choix de société»

Alors que la France doit changer de fond en comble tout son système énergétique pour répondre au défi climatique en assurant le bien-être de toutes et tous, Vert a tenté de démêler le vrai du faux lors d’une riche soirée de débats avec des expert·es du sujet à l’Académie du climat. Récit.

«Le débat se concentre au mauvais endroit», remarque d’emblée Thomas Veyrenc, directeur exécutif du gestionnaire du réseau électrique français RTE, sous les plafonds peints de l’Académie du climat. En France, les discussions politiques se focalisent sur l’électricité alors que celle-ci ne représente qu’un quart de toute l’énergie consommée. Moins visibles, les fossiles composent encore la majorité de notre énergie. 

Hélas, pour calmer le climat en atteignant la neutralité carbone (ne plus émettre davantage de CO2 que ce que l’on peut stocker) d’ici à 2050, la France va devoir réduire la part des énergies fossiles à près de zéro. «C'est-à-dire plus aucun carburant, aucun nouvel investissement dans les hydrocarbures», développe Anne Bringault, coordinatrice des Programmes au Réseau Action Climat (RAC).

«Sobriété, nucléaire, renouvelables : quelles énergies pour quel futur ?», table ronde organisée par Vert le 13 avril à l’Académie du climat à Paris. © Vert

Pour y parvenir, le gestionnaire du réseau RTE a imaginé plusieurs scénarios à la demande du gouvernement. Dans ces «futurs énergétiques» (notre décryptage), la part de l’électricité est vouée à croître fortement. Comment produire cette électricité supplémentaire ? C'est là que le débat blesse.

Les six scénarios de RTE vont d’un mix fait à 100% de renouvelables - possible, mais qui compte sur des technologies pas encore matures -, à une répartition 50/50 avec le nucléaire. Dans tous les cas, «on n’y arrivera pas sans les énergies renouvelables», explique Thomas Veyrenc. D’autant plus que les prochains réacteurs nucléaires ne devrait pas commencer à produire d’électricité avant la prochaine décennie.

Dans tous les cas, il faudra réduire notre consommation d’énergie de près de moitié d’ici à 2050 afin de réussir à décarboner notre production d’énergie.

La suite de ce récit est à lire sur vert.eco

· Alors que le gouvernement prévoit de relancer la construction de réacteurs nucléaires, EDF a décidé de geler ses recrutements, révèle le média L’informé. Un moratoire justifié par les finances dégradées de l’entreprise, qui a essuyé des pertes de 17,9 milliards d’euros en 2022 en raison des grèves, des arrêts de réacteurs et du bouclier tarifaire. Le groupe devait embaucher entre 3 000 et 3 500 personnes en 2023, rapporte Reuters. Pour réussir à construire les 8 à 14 nouveaux réacteurs prévus par le gouvernement, EDF avait estimé que la filière devrait recruter 10 à 15 000 personnes par an jusqu’en 2030.

· La Banque postale est l’une des bonnes élèves citées en exemple dans le rapport Banking on climate chaos qui recense les financements accordés par les grandes banques mondiales à l’industrie fossile (notre article). Dans un entretien à Vert, Skender Sahiti Manzoni, de la Direction de l’engagement citoyen à la Banque postale, raconte les origines de ce positionnement ambitieux, les stratégies mises en œuvre pour limiter l’impact des activités bancaires et les obstacles rencontrés dans cette démarche.

· Les trois quarts (75%) des niveaux des nappes phréatiques restent sous les normales mensuelles contre 58% il y a un an, établit le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) dans son bilan de l’état des nappes et du risque de sécheresse au 1er avril, publié jeudi. D’après le service géologique français, de nombreuses régions «présentent un risque avéré de sécheresse durant la période estivale». - Midi libre

 © Vert, à partir des cartes du BRGM

Ce qui m’émeuh. Dans la nuit de lundi à mardi, l’explosion d’une gigantesque ferme du comté de Castro, au Texas, a tué près de 18 000 vaches laitières. Les causes de l'explosion sont encore à élucider. Mais selon le shériff du comté de Castro, Sal Rivera, celle-ci pourrait être due à la surchauffe d'une machine, qui aurait embrasé le méthane présent dans l'air. Parmi les 18 000 vaches, «il y en a qui ont survécu, d'autres sont probablement tellement blessées qu'elles devront être achevées», comme l'a expliqué le shériff à la chaîne de télévision locale KFDA. C'est l'incendie de ferme le plus meurtrier pour le bétail dans l'histoire du Texas et «l'enquête et le nettoyage risquent de prendre un certain temps», selon Sid Miller, commissaire à l’agriculture. En 2019, l'État du Texas avait accordé à la ferme le droit de doubler le nombre de bovins autorisés sur le site, passant de 11 500 à 32 000. Ces 18 000 vaches à lait représentent une infime portion des 13 millions de bovins que compte le Texas.

© Castro County Sheriff's Office

Jon Palais : «Ne serait-ce que pour durer longtemps dans la lutte, il faut être heureux, joyeux et solidaires»

Activiste écologiste, Jon Palais a cofondé Alternatiba en 2013 puis Action non-violente (ANV) COP21 en 2015. Le mois dernier, il a publié un manuel d’action civique et politique intitulé La bataille du siècle, Stratégie d’action pour la génération climat. Dans un entretien à Vert, il regrette que le mouvement climat verse parfois trop dans le désespoir et raconte comment la joie, l’optimisme et les alternatives doivent être mobilisés pour construire la société décroissante et solidaire à laquelle il aspire.
 

Pourquoi avoir écrit ce livre ?

Nous pouvons relever le défi climatique mais il faut avoir une approche stratégique de la lutte. Le premier moteur d’engagement, c’est l’émotion, la colère, l’inquiétude. Le mouvement climat évolue très vite et nous perdons du temps à recommencer de zéro, parfois. Nous devons tirer des enseignements des luttes passées pour penser les luttes à venir. Nous avons besoin de continuité pour ne pas se reposer les mêmes questions à chaque fois.
 

Quelle est votre analyse du paysage de l’activisme climatique aujourd’hui ?

Entre les gens qui ne s’engagent pas et ceux qui s’engagent mais se disent c’est foutu, je sens un cri de désespoir. Ce n’est pas comme ça qu’on gagne. Certes, tout cela fait très peur mais nous avons beaucoup de ressources et nous ne gagnerons rien en partant défaitistes. J’ai écrit ce livre pour les nouveaux militants et les mouvements nés récemment.

Jon Palais © Guénolé Le Gal

En ce moment, le mouvement climat est beaucoup dans l’alerte et l’alarme. On voit que c’est le mode d’action le plus visible, le plus médiatique et le plus attractif pour les nouveaux militants. Pourtant, le mouvement climat est beaucoup plus diversifié que ça. Il existe tout le champ des alternatives, qui sont très dynamiques sur les territoires.

Le mouvement climat se caractérise par l’organisation de mobilisations de masse (marches, grèves scolaires, villages des alternatives). On doit construire de la cohérence entre les strates et utiliser l’ensemble des leviers qui sont à notre disposition, en même temps. Si on les utilise les uns après les autres, ça ne fonctionne pas.

La suite de ce riche entretien est à lire sur vert.eco

Peut-on restreindre ses désirs pour la planète ?

Dilemme le maudit. Entre incitations à se faire plaisir et appels à limiter la consommation, nous sommes parfois piégé·es. Dans sa dernière vidéo, le youtubeur philosophe Cyrus North décortique le système de la récompense et donne des pistes pour en sortir à travers la sobriété.

© Cyrus North

+ Loup Espargilière, Alban Leduc et Juliette Quef ont contribué à ce numéro.