Big banques theory. En 2022, le secteur bancaire a continué d’investir dans l’industrie fossile, plus lucrative que jamais. Piétinant au passage ses propres engagements climatiques.
Les 60 plus grandes banques du monde ont ajouté pas moins de 673 milliards de dollars (612 Mds€) «au chaos climatique» en finançant l’industrie fossile en 2022, selon le rapport Banking on climate chaos publié jeudi 13 avril. Leurs investissements dans le secteur des énergies fossiles restent désespérément stables depuis la signature de l’Accord de Paris sur le climat fin 2015, déplorent le groupement d’ONG à l’origine du décompte (BankTrack, Reclaim Finance, Rainforest action network, les Amis de la Terre, Recommon, Urgewald etc). Au total, pas moins de 5 500 milliards de dollars (5 000 Mds€) ont été investis au cours des sept dernières années.
Plus inquiétant encore, la légère baisse des financements observée cette année (-50 Mds$) est plutôt liée au fait que les compagnies du secteur roulent sur l’or comme jamais. La crise de l’énergie engrangée par la guerre en Ukraine leur a permis d’empocher pas moins de 4 000 milliards de dollars de bénéfices exceptionnels en 2022. À tel point que des grands noms du secteur comme ExxonMobil ou Shell n’ont eu besoin d’aucun financement bancaire en 2022.

Bien que 49 des 60 banques du classement soient officiellement engagées dans le verdissement de leur portefeuille pour atteindre le “net-zero emission” (soit l’équilibre entre les émissions et les absorptions de carbone), aucune ne s’y tient pour l’instant. 15 d’entre elles ont même augmenté leurs financements en 2022, dont les françaises BNP Paribas et Crédit Agricole qui ont accordé respectivement 20,1 milliards de dollars (18 Mds€) et 11,7 milliards de dollars (10,6 Mds€) de financements au secteur.

Si les banques américaines (JP Morgan Chase, Citi, Bank of America ou Barclays) dominent le classement depuis des années, les banques canadiennes, japonaises, chinoises et européennes ne sont pas en reste. La France, cinquième pays le plus généreux au monde grâce à BNP Paribas (11è), Société Générale (21è) et Crédit Agricole (23è) a d’ailleurs apporté pas moins de 405,8 milliards de financements cumulés depuis 2016. À l’heure où le changement climatique s’aggrave, rien ne semble infléchir les financements des banques, pas même leurs propres engagements climatiques. Les attaques en justice, comme celle portée par plusieurs ONG à l’encontre de BNP Paribas, seront-t-elles plus efficaces ?
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