La quotidienne

Retour à la caisse départ

Chères toutes et chers tous,

🗳 C'est le jour du Vert du faux ! Quelles sont les questions sur l'écologie que vous vous posez en ce moment ? Envoyez-nous vos suggestions en répondant simplement à ce mail et votez pour le sujet de la semaine prochaine plus bas dans ce numéro. Vos questions et vos commentaires nourrissent notre travail. Merci 💚


La fin des tickets de caisse c'est déjà difficile, alors imaginez baisser les financements fossiles...!

 


Malgré les promesses, les grandes banques poursuivent leurs financements climaticides

Big banques theory. En 2022, le secteur bancaire a continué d’investir dans l’industrie fossile, plus lucrative que jamais. Piétinant au passage ses propres engagements climatiques.

Les 60 plus grandes banques du monde ont ajouté pas moins de 673 milliards de dollars (612 Mds€) «au chaos climatique» en finançant l’industrie fossile en 2022, selon le rapport Banking on climate chaos publié ce jeudi. Leurs investissements dans ce secteur climaticide restent désespérément stables depuis la signature de l’Accord de Paris sur le climat fin 2015, déplorent les cinq ONG à l’origine du décompte (BankTrack, Reclaim Finance, les Amis de la Terre, Recommon et Urgewald). Au total, pas moins de 5 500 milliards de dollars (5 000 Mds€) ont été investis au cours des sept dernières années.

La France s'érige à la cinquième place des pays dont les banques ont le plus contribué au financement de l'industrie fossile ces dernières années. © Banking on climate chaos / Vert

Plus inquiétant encore, la légère baisse des financements observée cette année (-50 Mds$) est plutôt liée au fait que les compagnies du secteur roulent sur l’or comme jamais. La crise de l’énergie engrangée par la guerre en Ukraine leur a permis d’empocher pas moins de 4 000 milliards de dollars (3600 Mds€) de bénéfices exceptionnels en 2022. À tel point que des grands noms du secteur comme ExxonMobil ou Shell n'ont eu besoin d’aucun financement bancaire en 2022.

Bien que 49 des 60 banques du classement soient officiellement engagées dans le verdissement de leur portefeuille pour atteindre le «net-zero emission» (soit l’équilibre entre les émissions et les absorptions de carbone), aucune ne s’y tient pour l’instant. 15 d’entre elles ont même augmenté leurs financements en 2022, dont les françaises BNP Paribas et Crédit Agricole qui ont accordé respectivement 20,1 milliards de dollars (18 Mds€) et 11,7 milliards de dollars (10,6 Mds€) de financements au secteur. 

Si les banques américaines (JP Morgan Chase, Citi, Bank of America ou Barclays) dominent le classement depuis des années, les banques canadiennes, japonaises, chinoises et européennes ne sont pas en reste. La France, cinquième pays le plus généreux au monde grâce à BNP Paribas (11è), Société Générale (21è) et Crédit Agricole (23è) a d’ailleurs apporté pas moins de 405,8 milliards de dollars (368 Mds€) de financements cumulés depuis 2016. À l’heure où le changement climatique s’aggrave, rien ne semble infléchir les financements des banques, pas même leurs propres engagements climatiques. Les attaques en justice, comme celle portée par plusieurs ONG à l’encontre de BNP Paribas, seront-t-elles plus efficaces ?

· Mercredi, le Conseil d’État s’est penché une nouvelle fois sur l’action climatique de l’État, dans le cadre de l’affaire Grande Synthe. Alors que l’exécutif avait jusqu’au 31 mars 2022 pour prendre des «mesures supplémentaires», le rapporteur public estime que les «doutes sur les projections gouvernementales ne sont pas levés» mais y voit plutôt «une difficulté à actionner suffisamment vite l’ensemble des leviers nécessaires» que de «l’attentisme». Il plaide pour laisser un nouveau délai à l’État, fixé au 30 juin 2024, avec une première étape au 31 décembre 2023. - Contexte (abonné·es)

· Mercredi encore, une majorité de parlementaires ont rejeté la proposition d’Emmanuel Macron de nommer Boris Ravignon (LR) à la présidence de l’Ademe (Agence de la transition écologique). Cet événement rarissime révèle la défiance grandissante des oppositions à l’égard du gouvernement. Cela compromet également les chances de trouver des «majorités de projet» lors de l’examen des prochains textes législatifs. - Le Parisien

· Il faut revoir les modalités d’installation des agriculteur·rices en France, relève la Cour des comptes dans un rapport publié mercredi. Les magistrat·es évoquent notamment un accompagnement à l’installation et à la transmission des exploitations qui ne prend pas suffisamment en compte la diversité des parcours des agriculteur·rices, ainsi qu’un système d’aides qui bénéficie essentiellement aux moins de 40 ans. - Ouest-France

« Quelle est la menace la plus grave ? Est-ce la poursuite de tendances non soutenables, l'aggravation des impacts du changement climatique, la dégradation des écosystèmes, la perte de biodiversité […] Ou bien est-ce cette contestation qui dérange ? »

- Valérie Masson-Delmotte, paléoclimatologue

Les soulèvements déter'. Mercredi soir, une soirée de soutien aux Soulèvements de la Terre a rassemblé plusieurs centaines de personnes à Paris et plus de 40 000 internautes. Le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a engagé une procédure de dissolution à l’encontre de ce collectif écologiste, qu’il rend responsable des violences de Sainte-Soline (notre article). Les dizaines de personnalités invitées à s’exprimer y voient plutôt une inquiétante criminalisation des luttes écologistes. La paléoclimatologue Valérie Masson-Delmotte a notamment livré un puissant plaidoyer en faveur de la liberté d’expression.

La fin du ticket de caisse en papier est-elle vraiment une bonne idée pour la planète ?

Retour à la caisse départ. Initialement prévue pour le début d’année 2023, la suppression du ticket de caisse en papier ne cesse d’être reportée. Les avantages écologiques de cette mesure restent à prouver.

Les preuves d’achats devront désormais être envoyées par mail ou SMS, sauf quand un·e client·e demande à garder une trace imprimée. Un changement difficile à faire passer en temps d’inflation où les client·es scrutent leurs achats à la loupe, a jugé le gouvernement, repoussant la mise en application de cette mesure à l’été. Entre ancien ticket et envoi par mail, le match reste pourtant disputé sur le plan de l’environnement.
 

D’un point de vue écologique «c’est du pareil au même»

Bois, eau, production et transports : les tickets de caisse consomment beaucoup de ressources et d’énergies avant même leur impression. Et si sur le papier, ils sont recyclables, en réalité, leur taille et leur poids les rendent difficiles à retraiter. Mais la dématérialisation des preuves d’achats n’introduirait pourtant qu’un simple déplacement de l’impact environnemental. Par la consommation de métaux rares et l’utilisation de données, les expert·es de GreenIT estiment qu’«un mail avec un ticket de caisse dématérialisé, c'est 5 grammes de gaz à effet de serre et 3 centilitres d'eau. Contre 2 grammes de gaz à effets de serre et 5 centilitres d'eau pour le ticket papier».
 

Des effets positifs pour la santé

Malgré la mention «garanti sans bisphénol A» (BPA) imprimée sur tous les tickets de caisse depuis 2015, les manipuler régulièrement pourrait également présenter un risque pour la santé. Considérée comme un perturbateur endocrinien par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), cet ingrédient a depuis été remplacé par des substituts (le bisphénol S et F), dont les premières études laissent à penser qu’elles pourraient avoir des effets similaires. 
 

Le meilleur ticket de caisse est celui qui n’existe pas

Plus que le passage d’un format à un autre, l’idéal reste encore d’éviter complètement l’édition de tickets de caisse. Mais avec quelques kilogrammes de CO2 évités par personne et par an sur les 10 tonnes émises en moyenne par chaque Français, cette mesure reste avant tout relativement symbolique.

L'article en intégralité sur sur vert.eco

Planet Killers : sur les traces du bourreau des forêts

Sans foi ni bois. Unique au monde et sous protection policière, le bois de santal rouge dans le sud-est de l'Inde est pourtant exploité par de véritables milices qui le revendent à l’étranger. Dans le quatrième épisode de cette série documentaire en immersion avec les équipes de la police internationale d’Interpol, l’équipe du journaliste Martin Boudot suit la traque du parrain de cette mafia, Sahul Hameed, en fuite à Dubaï.

© France télévisions

+ Alban Leduc et Justine Prados ont contribué à ce numéro.