Faire terre. Le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, veut couper la tête de la coalition écologiste qui a organisé la mobilisation de ce week-end à Sainte-Soline contre les méga-bassines.
Deux personnes sont toujours dans le coma après la mobilisation des 24 et 25 mars (notre reportage) au cours de laquelle les forces de l’ordre ont utilisé des armes de guerre et empêché les secours de porter assistance aux nombreux·ses manifestant·es blessé·s. Choqué, comme beaucoup d’autres observateurs par «ces évènements inqualifiables», le ministre de l’intérieur n’a pas tardé à réagir en décidant, hier, de sanctionner… les Soulèvements de la terre. Ce groupement écologiste, qui réunit près de 200 collectifs d’agriculteurs et d’organisations environnementales a sonné la mobilisation aux côtés de la Confédération paysanne et du collectif local Bassines non merci. Après les avoir qualifiés d’«écoterroristes» il y a quelques mois, le ministre a donc décidé leur dissolution après avoir souligné leur «extrême-violence».
Le collectif était dans le collimateur du ministère depuis de long mois comme le détaille une note qu’il a transmise à la presse. Les nombreux méfaits de ses «membres de l’ultra-gauche issus de l’ex-ZAD de Notre Dame des Landes» y sont détaillés par le menu, depuis la création de l’organisation début 2021. Y sont répertoriés en particulier les «actes de dégradations clandestines ou tentatives à l’encontre des retenues d’eau» et «l’occupation de plusieurs sites» des groupes Lafarge, Eqiom ou Bayer. Le ministère conclut donc à son «rôle majeur dans […] le processus de radicalisation d’une partie de la mouvance écologiste».
«À l’irresponsable répression policière, Darmanin ajoute désormais la répression judiciaire», a réagi l’organisation Attac en soutien tandis que plusieurs député·s de la Nupes (Nouvelle Union populaire écologique et sociale) ont manifesté leur désapprobation. À l’inverse, l’élue Renaissance Maud Bregeon s’est félicitée sur Twitter d’une «décision salutaire alors que ce groupuscule d’ultra gauche (comme d’autres…) piétine les lois et l’uniforme de la République sous couvert d’un pseudo engagement écolo-décroissant».
Les Soulèvements de la Terre ont également réagi, jugeant sur Twitter que l’annonce de cette procédure par le gouvernement «est une tentative crapuleuse […] de faire baisser l’attention sur les violences meurtrières qu’il a déchaînées contre les manifestant·es de Sainte-Soline». Du reste, «nous sommes bien curieux·ses de voir ce que représenterait la “dissolution” d’une coalition qui regroupe des dizaines de collectifs locaux, fermes, sections syndicales, ONGs à travers le pays». Au-delà de la démonstration de force, la consistance juridique de cette dissolution pose question puisque le collectif ne semble pas s’être rendu coupable des méfaits prévus par la loi (atteinte à l’intégrité du territoire, appel à la haine, etc).
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Le ministre de l’intérieur n’a pas de mot assez dur pour qualifier les opposant·es aux « méga-bassines » qui ont manifesté contre la future retenue d’eau de Sainte-Soline, dans les Deux-sèvres. Réservera-t-il aux « éco-terroristes » le même sort qu’aux djihadistes ?