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Des chasseurs refusent d’épargner des oiseaux menacés : le gouvernement fait une fleur aux fusils.
Comment le monde de la chasse a fait pression sur le gouvernement pour continuer à tuer des oiseaux en déclin
La chasse accourt. Menaces sur le Tour de France, manifestations, pressions politiques… mobilisée depuis le 20 juin, la Fédération nationale des chasseurs a obtenu la révision d’un projet d’arrêté du ministère de la transition écologique, qui prévoyait de suspendre ou restreindre les «prélèvements» de plusieurs espèces menacées. C’est ce que Vert a découvert en accédant aux deux versions du projet d’arrêté, dont nous révélons des extraits.
Quel est le point commun entre le canard siffleur, le canard souchet ou encore le fuligule milouin ? Tous trois sont des oiseaux d’eau migrateurs menacés, dont les populations sont en déclin en Europe. Surtout, ils devaient faire l’objet d’une restriction de leur chasse en France à partir de cet automne (voire d’une suspension totale, pour le fuligule milouin).
Ça, c’était avant que la puissante Fédération nationale des chasseurs (FNC) intervienne pour torpiller le projet d’arrêté rédigé par le ministère de la transition écologique. Ce document officiel, que Vert s’est procuré, prévoyait notamment de mettre en place deux nouveaux moratoires (soit des interdictions totales de chasse) «sur l’ensemble du territoire métropolitain jusqu’au 1er juillet 2028» concernant le fuligule milouin – mais aussi le lagopède alpin, un rare oiseau de haute montagne dont les tirs sont déjà très limités.
En réaction, le monde de la chasse s’est mobilisé en masse ces dernières semaines. Dès le 20 juin, la FNC publiait une «alerte moratoire» sur son site, où son président – le très médiatique Willy Schraen – s’en prenait à la ministre de la transition écologique, Agnès Pannier-Runacher : «Une fois de plus une ministre écolo, techno et hors-sol, rajoute des normes et des contraintes à son seul bon vouloir alors que personne ne lui demande !»
Coup de pression réussi : le ministère de la transition écologique convoque une nouvelle réunion, ce mercredi 16 juillet, avec au menu un projet d’arrêté très différent du précédent. Cet autre document, que Vert s’est aussi procuré, revient sur l’ensemble des restrictions initialement prévues, comme s’en est aussitôt félicitée sur son site la FNC.
👉 Cliquez ici pour lire l’enquête d’Esteban Grépinet et découvrir ce que contient la dernière version du projet d’arrêté.
· Ce mercredi, le Vaucluse, les Bouches-du-Rhône et le Var sont placés par Météo-France en vigilance rouge aux feux de forêts. «Le retour de conditions plus chaudes, sèches et surtout ventées conduit à une hausse du niveau de danger dans le sud-est du pays ces prochains jours», indique l’organisme public. Il précise que la moindre étincelle peut occasionner un incendie important et rappelle que neuf feux sur dix sont d’origine humaine.
· Mardi après-midi, le premier ministre François Bayrou a présenté les grandes orientations de son projet de budget pour 2026 avec quelque 44 milliards d’euros d’économies à la clé. Suppression d’agences de l’État, taxe sur les petits colis, contribution de solidarité des plus fortunés… les annonces n’ont pas convaincu les associations environnementales, qui craignent de nouveaux reculs pour la transition écologique. - Vert
· Écornage ou castration sans anesthésie, sectionnement des cuisses de grenouilles vivantes, gavage d’oies… en Suisse, depuis le 1er juillet, un indicateur de la souffrance animale doit figurer sur l’étiquette des produits carnés, a repéré Ouest-France mardi. C’est le résultat d’une nouvelle loi, unique au monde. Supermarchés, boucheries, épiceries et restaurants ont deux ans pour se conformer à la nouvelle norme.
· Lundi, les professionnels du photovoltaïque ont lancé la Fédération nationale de l’énergie solaire (Fnes), une association visant à défendre le secteur face aux attaques à son encontre ces dernières semaines. «Trop chère», «dangereuse pour la biodiversité»… les charges contre les renouvelables se sont multipliées à l’initiative de l’extrême droite, de la droite, et même d’un membre du gouvernement. En juin – et pour la première fois –, le solaire a représenté la première source d’électricité en Europe. - Vert (AFP)
Pastoraloup
Plus bêle la vie. Des bénévoles qui dorment près des troupeaux pour les protéger des attaques de loups : telle est l’idée de Pastoraloup, programme lancé en 1999 par l’association Ferus. Alors que cette initiative citoyenne, écologique et concrète face au retour du prédateur commence à prendre racine dans le Lot, Vert s’est rendu sur place, à la rencontre de participant·es et d’éleveur·ses. «Pastoraloup est un bon compromis. Tuer le loup ne sert à rien, il reviendra. Et on a besoin des éleveurs pour entretenir les paysages», explique Jean-Marc Regourd, bénévole aveyronnais de 66 ans, son sac de couchage sous le bras. Julien Taillefer, éleveur de chèvres angora, voit le projet d’un bon œil : «Avec la prédation, soit on rentre les bêtes, soit on reste avec elles. Pastoraloup pourrait m’aider à souffler un peu.»
👉 Cliquez ici pour lire ce reportage de Caroline Peyronel dans le Lot.
«Le bio, on le fabrique nous-mêmes !» : à Bondy, des habitants gèrent un potager urbain pour sortir du piège de la malbouffe
Plutôt nourrir. Pour les habitant·es du nord de Bondy (Seine-Saint-Denis), il est très difficile d’accéder à une alimentation de qualité. Dans ce quartier mal desservi par les transports en commun, le seul supermarché a fermé temporairement entre février et juin 2025, ce qui a mis en lumière la rareté de l’offre alimentaire saine, noyée au milieu des fast-foods. Alors, autour de son jardin partagé, l’association locale Lab3S expérimente des solutions pour rendre fruits et légumes abordables pour toutes et tous. «On ne peut pas acheter bio dans le coin et, de toute façon, c’est trop cher. Alors, on le fabrique nous-même !», raconte Khadidja pendant qu’elle déterre des plants de fraises dans le jardin potager de Lab3S, à Bondy nord.
👉 Cliquez ici pour lire ce reportage de Benoît Collet à Bondy, et partir à la rencontre de Fatima, Yann ou encore René, qui font vivre le projet «Nourrir Bondy».
«J’ai vu», un court-métrage comme antidote à l’écoanxiété
Militant d’agir. Comment ne pas perdre espoir devant les multiples reculs environnementaux de ces derniers mois ? Dans son court-métrage J’ai vu, disponible sur Youtube, le réalisateur Victor Quilichini met en lumière des personnes qui agissent face à l'urgence écologique. On y rencontre Matthieu, reconverti dans la permaculture ; Melati, jeune activiste à l’origine de l’interdiction des sacs plastiques à Bali ; ou encore Lou, fondatrice du Banquet végétal. Un «feu d'artifice d'engagement citoyen et collectif» qui donne envie d’agir.
+ Rémy Calland, Benoît Collet, Margot Desmons, Caroline Peyronel, Antoine Poncet, Justine Prados, Sanaga et Coline Vigot ont contribué à ce numéro.
