Des énergies intermittentes, chères, dangereuses pour la biodiversité… Voilà quelque temps que les renouvelables sont la cible de nombreuses critiques, alors que l’avenir énergétique du pays est en discussion à l’Assemblée nationale et au Sénat. Pour y faire face, une nouvelle association de professionnels du photovoltaïque, la Fédération nationale de l’énergie solaire (Fnes), vient d’être lancée avec l’objectif de structurer le secteur et de mieux répondre aux «attaques» contre cette énergie renouvelable, a-t-on appris ce mardi.

Pourtant, le solaire a représenté la principale source d’électricité en Europe au cours du mois de juin, et ce pour la première fois, a révélé il y a quelques jours le centre de réflexion Ember, dans un rapport. Selon ce document, la France a également enregistré un record d’énergie d’origine solaire dans sa production d’électricité, avec près de 10% de photovoltaïque. Cela en a fait la troisième source d’électricité du pays, derrière le nucléaire (69%) et l’hydroélectrique (11%).
Si les statuts de la Fnes ont symboliquement été déposés le 21 juin, jour du solstice d’été, cette dernière a officiellement été lancée lundi. Elle vise à fédérer la filière dans «toute sa diversité» : installateurs, équipementiers, distributeurs, financeurs, bureaux d’études, organismes de formation, etc.
L’association entend répondre à un «besoin stratégique : affirmer une vision claire et partagée de la filière solaire» tout en luttant avec «pédagogie» contre «le solar bashing» (ou dénigrement du solaire, en français) et les «idées reçues» ou les «oppositions idéologiques» sur le solaire, selon son manifeste transmis à l’Agence France-Presse. La filière s’estime victime «d’attaques assez injustes, qui peuvent être utilisées pour de la récupération politique, qui parfois sont idéologiques […] et qui sont très court-termistes», explique Floriane de Brabandère, la présidente de la Fnes.
«Mettre tout le monde autour de la table»
La fédération se veut complémentaire de l’action des syndicats représentatifs des renouvelables, tels que le Syndicat des énergies renouvelables (SER) et Enerplan, pour le solaire. «Le but n’est pas de les remplacer», ni de «rajouter une voix en plus […] face à l’administration», souligne la présidente, mais de «mettre tout le monde autour de la table pour avoir des débats en interne dans la filière» sur des thématiques telles que l’emploi ou la formation.
Depuis plusieurs mois, les critiques de la droite et de l’extrême droite se sont multipliées contre les énergies renouvelables – dont le photovoltaïque –, accusées de faire flamber les coûts de raccordement et d’être un poids pour les finances publiques, et de faire de l’ombre au nucléaire, majoritaire en France.
Il y a une semaine, le ministre de l’intérieur et chef de file du parti Les Républicains, Bruno Retailleau, a publié une charge contre les énergies renouvelables dans les colonnes du Figaro, appelant à l’arrêt du financement du solaire et de l’éolien. Une position aussitôt condamnée par plusieurs cadres du gouvernement, dont la ministre de la transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, qui a dénoncé des propos «irresponsables» et un certain «populisme».
Quelques semaines plus tôt, la droite et l’extrême droite avaient tenté d’instaurer un moratoire (un délai ou une suspension d’activité) sur les nouvelles installations renouvelables. La mesure avait finalement été rejetée le 24 juin par une large majorité à l’Assemblée nationale lors du vote de la proposition de loi «Gremillet» sur la programmation énergétique de la France. Le texte avait été renvoyé au Sénat, où il a été validé le 8 juillet dernier, et doit désormais revenir devant les député·es pour une seconde lecture fin septembre.
Sans attendre cette échéance, le décret de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), qui doit détailler les objectifs par énergie pour les années à venir, est attendu «avant la fin de l’été», a assuré le 8 juillet le ministre de l’énergie, Marc Ferracci. De possibles ajustements à la baisse sont attendus sur le solaire.
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