Non content d’avoir fait dérailler la loi de programmation énergétique grâce à un amendement pour mettre fin aux énergies renouvelables – qui a finalement conduit au rejet du texte –, les Républicains ont lancé une nouvelle charge contre le solaire et l’éolien, mercredi, dans les colonnes du Figaro. Le président des Républicains (également ministre de l’intérieur), le vice-président délégué François-Xavier Bellamy et le vice-président du parti Julien Aubert s’en prennent aux «Tartuffes de l’écologie politique, […] leur idéologie de la contrainte et de la décroissance», dans une tribune écrite à l’acide, dans laquelle ils réclament de «rebâtir un parc nucléaire et [de] stopper le financement des renouvelables».

Sans surprise, les trois auteurs réitèrent des contrevérités classiques sur la supposée «substitution entre énergies renouvelables et nucléaire» : les premières seraient développées «à marche forcée», tandis que le second aurait été muselé par des «choix dévastateurs». Les poncifs sur les énergies renouvelables sont également compilés : «La France produit déjà l’électricité la plus décarbonée d’Europe, grâce à son mix nucléaire-hydraulique» ; «l’intermittence des ENR fait courir le risque de black-out» ; et «l’éolien et le photovoltaïque n’apportent au mix énergétique français qu’une intermittence coûteuse à gérer».
Des approximations calquées sur les discours de l’extrême droite, malgré les démentis scientifiques et les mises au point d’expert·es de l’énergie. Dans son dernier rapport sur les solutions qui permettront de contenir l’emballement climatique, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) s’étend longuement sur l’indispensable déploiement des énergies renouvelables pour contenir l’emballement climatique (notre article).
«C’est du populisme basique»
En France, même si la production d’électricité est aujourd’hui décarbonée à plus de 95%, la consommation d’énergie repose encore à 60% sur les énergies fossiles. Or, décarboner le mix énergétique passe par l’électrification des usages (passer de la voiture thermique à l’électrique, du chauffage fossile aux pompes à chaleur, etc.), ce qui va drastiquement augmenter la consommation d’électricité. Pour répondre à cette hausse programmée de la consommation, le nucléaire ne suffira pas, car «si la relance d’un programme nucléaire est actée dès aujourd’hui, les premiers réacteurs ne seront pas en service avant l’horizon 2035 […] l’accélération du développement des énergies renouvelables s’impose donc à court terme», martèle le gestionnaire de réseaux, RTE.
D’ici à 2050, «même dans le scénario le plus ambitieux en matière de développement nucléaire […], le nucléaire ne parviendra à répondre qu’à 50% des besoins en électricité des Français», écrit-il encore. C’est pourquoi, dans son rapport Futurs énergétiques 2050, RTE prévoit au moins 50% d’énergies renouvelables dans tous les scénarios qu’il soumet au débat.»
Au gouvernement, plusieurs collègues de Bruno Retailleau en ont recraché leur croissant en découvrant ses écrits. Le ministre de l’industrie, Marc Ferracci, a ainsi dénoncé les «idées approximatives» de son collègue et «une position frontalement opposée à la ligne du gouvernement». La ministre de la transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a aussi réagi : «C’est dramatique, c’est irresponsable, c’est du populisme le plus basique. Au fond, peu importe l’intérêt des Français, pourvu qu’on aille récupérer des voix à droite et au-delà.»