Chères toutes et chers tous,
🗞️ Pendant un mois, les étudiant·es de l’École supérieure de journalisme (ESJ) de Lille se sont lancé·es sur les traces du charbon. Résultat : le magazine Latitudes, dont Vert est partenaire, vient de sortir. Vous pouvez vous procurer votre exemplaire juste ici.
La France est à la traîne sur la transition énergétique, sauf pour relancer l'énergie atomique.

Le projet de loi d’accélération du nucléaire arrive à l’Assemblée
Lucky Nuke. Le texte, censé faciliter l’autorisation de nouveaux réacteurs, comporte aussi plusieurs mesures pour conforter l’hégémonie du nucléaire dans le mix électrique. Avant même que les orientations de la programmation pluriannuelle de l’énergie n’aient été discutées.
Après le Sénat en janvier, l’Assemblée nationale entame aujourd’hui l’examen, en séance plénière, du projet de loi dédié à l’accélération du nucléaire. Présenté comme l’autre versant de la loi sur l’accélération des énergies renouvelables (promulguée ce week-end), le texte comprend plusieurs dispositions techniques destinées à raccourcir les procédures, comme le fait de juger les recours contentieux directement au Conseil d’État par exemple. Le but affiché du gouvernement est d’autoriser les nouveaux projets de réacteurs en moins de cinq ans.
Mais d’autres mesures, ajoutées en cours de route, cristallisent l’attention. Amendé par le Sénat, le texte prévoit désormais de supprimer l’objectif de réduire la part du nucléaire à 50 % de la production électrique française et d’éliminer le plafond de 63 gigawatts de puissance pour le parc nucléaire installé. Environ 70 % de l’électricité consommée en France vient du nucléaire aujourd’hui, ce qui peut constituer une source de vulnérabilité lorsque le parc rencontre des problèmes de disponibilité, comme c’est le cas actuellement. Ces mesures sont en outre considérées comme programmatiques alors que les choix concernant le mix énergétique futur ne seront discutés qu’au second semestre

En outre, les parlementaires et le gouvernement se sont entendu·es pour durcir les peines pour toute personne ou association qui tenterait de s’introduire dans une centrale. Un avertissement à peine masqué aux militant·es de Greenpeace qui, en octobre 2017, avaient tiré des feux d’artifice depuis l’intérieur de la centrale de Cattenom (Moselle) pour en dénoncer les failles de sécurité.
Enfin, la proposition qui soulève le plus de protestations est sans conteste le projet de réforme surprise de la sûreté nucléaire : le gouvernement projette de dissoudre l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) dans l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), faisant craindre une mise au pas du secteur. La réforme, quoique majeure, s’est invitée dans le projet de loi il y a 15 jours, via deux amendements gouvernementaux. Elle n’a fait l’objet ni d’un diagnostic initial, ni d’une étude d’impacts.

· Ce weekend, 23 cadavres de dauphins ont été découverts sur les plages du département des Landes. Au total, selon un bilan provisoire, environ 80 cétacés se seraient échoués sur la côte atlantique ces deux derniers jours en raison de captures accidentelles. Certains présentaient des signes de mutilations, comme des nageoires coupées. - France 3
· Samedi prochain, les reliques de Saint Gaudérique, patron des agriculteurs catalans, seront exposées à Perpignan au cours d’une procession religieuse destinée à faire tomber la pluie. Une tradition wisigothique inédite depuis 150 ans et remise au goût du jour à la demande d’un viticulteur désespéré par la sécheresse : «Les restrictions préfectorales sont déjà comparables à celle du plein été. S'il n'arrive pas un déluge pendant trois jours, on ne s'en sortira pas. Il ne reste plus qu'à prier». - L’Indépendant


161 100 000 000 000 $
Roi du pétrole. La compagnie pétrolière saoudienne Aramco, premier exportateur mondial de brut, a annoncé ce week-end des résultats astronomiques. Surfant sur l’envolée des cours, largement entretenue par l'invasion de l'Ukraine par la Russie, la major a dégagé un bénéfice net de 161,1 milliards de dollars (150,8 Mds€) en 2022, en hausse de 46 % sur un an. C’est tout simplement le plus important bénéfice jamais réalisé par une entreprise en un an, a souligné l’association Amnesty International, passablement choquée par la nouvelle. En comparaison, le richissime TotalEnergies, n’a dégagé «que» 36 milliards d'euros de bénéfice en 2022 (+90%). Amnesty international réclame que ces superprofits soient investis dans la transition énergétique. Or, comme d’autres avant lui, Aramco s'est engagé à atteindre la neutralité carbone d'ici 2060, mais sans renoncer aux énergies fossiles. Les expert·es se creusent encore la tête pour comprendre comment le pétrolier compte y arriver.

L’Union européenne s’engage à réduire davantage sa consommation d’énergie à horizon 2030
Sobre y es-tu ? Vendredi, les eurodéputé·es et les États membres de l’Union européenne se sont accordé·es sur une réduction supplémentaire de près de 12% de la consommation d’énergie finale en 2030, par rapport au scénario établi en 2020.
«Aujourd’hui, c’était une grande victoire. Cet accord est bon pour le climat et mauvais pour Poutine», a salué le rapporteur du texte, le député social-démocrate danois Niels Fuglsang. À l’issue d’âpres négociations, les parlementaires et les négociateur·ices des États de l’UE se sont engagé·es à réduire d’au moins 11,7% la consommation d’énergie finale en 2030, par rapport aux niveaux de référence déjà établis en 2020 pour la fin de la décennie. Un niveau supérieur à celui défendu par le Conseil (9%), qui représente les États, mais moins ambitieux que celui proposé par la Commission (13%) ou le Parlement européen (14,5%).
Cet accord repose sur l’efficacité énergétique, c'est-à-dire une amélioration des biens et services existants dans le but de réduire leur consommation - et non la sobriété. Il a été renégocié dans le cadre du Pacte vert proposé par la Commission européenne en juillet 2021 (notre article), la feuille de route sur le climat qui prévoit de baisser les émissions de gaz à effet de serre de 55% d’ici à 2030 et par rapport à leur niveau de 1990.
En moyenne, les 27 pays membres de l’Union européenne devront réaliser des économies d’énergie supplémentaires de 1,5% par an jusqu’en 2030. Ils doivent également s’engager à rénover au moins 3% des bâtiments publics chaque année pour assurer leur efficacité énergétique.
Un accord «décevant» et qui «manque d’ambition», regrette le réseau d’ONG environnementales Climate action network (CAN), qui tablait sur une réduction de 20% à horizon 2030 pour respecter l’Accord de Paris et réclamait des objectifs nationaux contraignants. «C’est la première fois que les décideur·ses s’accordent sur un objectif contraignant de consommation d’énergie finale», reconnaît tout de même le CAN qui salue «un jalon important». Cet accord provisoire devra maintenant être approuvé par le Parlement ainsi que par le Conseil de l’Union européenne.

Super Green Me : journal de bord d’une transition
Le journaliste Lucas Scaltritti ne s’était jamais vraiment intéressé à l’écologie... jusqu’à ce qu’il décide d’en faire un podcast. Dans Super Green Me, il chronique ses six premiers mois de transition écologique, des balbutiements de prise de conscience - «je pensais pas polluer autant !» - aux questionnements plus existentiels - «Peut-on être écolo sans être éco-anxieux ?». Des repas aux courses, en passant par les transports, l’habitation ou les loisirs : il partage ses découvertes, ses doutes et ses difficultés. Il part aussi à la rencontre de scientifiques, de militant·es et d’anonymes qui vont l’aider à vivre de façon plus écologique.

+ Loup Espargilière, Juliette Quef et Justine Prados ont contribué à ce numéro.