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Quand l'Europe refuse de mettre les mauvais accords à la retraite, c'est le climat qui risque la défaite.

La France et l'UE sous pression pour se retirer d'un traité qui menace la transition énergétique
À retraiter. Alors que les Pays-Bas, l'Espagne et la Pologne ont annoncé s'engager vers une sortie du Traité sur la Charte de l'Energie (TCE), le Haut conseil pour le climat et de nombreuses organisations de la société civile appellent à un retrait coordonné de la France et de l’Union européenne. Vert fait le point sur ce texte controversé et peu connu du grand public.
Entré en vigueur en 1998, le Traité sur la Charte de l’Energie a pour but de sécuriser les approvisionnements en pétrole et en gaz. Cet accord protège les investisseurs du secteur de l’énergie et permet notamment aux compagnies fossiles d’attaquer en justice des États (Vert). Problème : les pays pourraient rechigner à porter des mesures ambitieuses sur la sortie des énergies fossiles, redoutant d’être poursuivis. Plusieurs procédures ont d’ailleurs déjà été lancées.
Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) désigne le TCE comme un symbole de la « protection des investisseurs, y compris contre les mesures climatiques indispensables ». « Derrière le TCE, se joue la confrontation entre le droit des investisseurs et du commerce, (…) et le droit environnemental », résume pour Vert Maxime Combes, économiste et membre du collectif STOP CETA-Mercosur.

Depuis plusieurs mois, le sujet fait de plus en plus parler. La Russie en 2009 ou l'Italie en 2016 sont déjà sorties du traité. Ce mercredi, les Pays-Bas ont annoncé leur velléité de départ, quelques jours après que l’Espagne a fait savoir qu’elle avait entamé le processus de retrait. Quant à la Pologne, son Parlement a adopté récemment une loi visant sortir de l’accord. Ce jeudi, une trentaine d’ONG et syndicats interpellent le gouvernement : « Comment la France pourrait-elle rester membre d'un traité (…) qui retarde, renchérit ou bloque la transition énergétique ? ». La veille, le Haut conseil pour le climat a considéré dans un avis qu’« un retrait coordonné du TCE de la part de la France et de l’UE, (…) apparaît comme étant l’option la moins risquée pour respecter les engagements (…) sur le climat ».
Depuis 2018, en raison de l’accord de Paris de 2015 sur la lutte contre le changement climatique, le texte est en train d'être réformé. Après de longues négociations, l'UE a obtenu en juin un accord de principe autour d’un compromis qui ne satisfait pas les ONG. Elles souhaitent que tous les pays de l’UE se retirent.
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· La colonisation a marqué la biodiversité et laisse des traces encore aujourd’hui, révèle ce lundi une étude parue dans Nature Ecology and Evolution. En analysant la répartition des plantes exotiques à travers les territoires colonisés par quatre empires européens, les chercheur·ses ont déterminé les traces d’une « invasion biologique » et appellent à étudier ces héritages coloniaux pour tenter de résoudre aujourd’hui la crise du vivant.
· Mardi, la Commission européenne a reporté la révision du règlement Reach sur les substances chimiques, initialement prévue pour la fin de l’année. Pilier de la stratégie « zéro pollution » de l’UE (notre article), la réforme n’a désormais que très peu de chances d’aboutir sous la législature d’Ursula von der Leyen. Justifié par la nécessité de protéger la compétitivité des industries fragilisées par la guerre en Ukraine, ce report inquiète les associations, qui fustigent le poids des lobbys. - Le Monde
. Mercredi, le ministère de la Transition énergétique a annoncé que la consommation de gaz en France a baissé de 14 % depuis le 1er août, par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Le chiffre ne prend pas en compte la consommation des centrales à gaz, pourtant largement mobilisées pour compenser les difficultés du parc nucléaire, précise l’AFP. - France info


78 000 km²
Fil à retordre. D’après une publication sur les déchets de la pêche, publiée dans Science Advances le 12 octobre, 78 000 kilomètres carrés de filets de pêche sont perdus en mer chaque année, de quoi recouvrir l’Écosse. Selon les auteur·rices de cette étude, les lignes restées dans l’eau permettraient de faire 18 fois le tour de la Terre (The Guardian). Tous les ans, ce sont aussi environ 25 millions de casiers et de pièges, et 13 milliards d'hameçons qui restent dans les océans. Comme le note le journal suisse Le Temps, l'étude ne prend pas en compte la Chine, pourtant premier pêcheur du monde. Ces données reflètent une réalité désastreuse pour la biodiversité. Si ce matériel « fantôme » est souvent perdu en raison du mauvais temps, il n’en continue pas moins d’attraper et de tuer des animaux en dérivant pendant des années.

Acheter des vêtements de seconde main sur des plateformes comme Vinted ou Leboncoin est-il vraiment plus écolo ?
Victime de la mode. Côté pile, ces plateformes permettent d’éviter la pollution générée par la production des vêtements. Côté face, leur fonctionnement addictif nous pousse à accumuler les colis au-delà de nos besoins.
La mode, une industrie extrêmement polluante
Prolonger la durée de vie des vêtements qui dorment au fond de nos placards : à première vue, difficile de se dresser contre la promesse de ces plateformes. Pour fabriquer et teindre nos habits, il faut des milliers de litres d’eau - 7 500 pour un jean, selon l’ONU - sans compter les émissions de gaz à effet de serre liées à la transformation des fibres textiles comme le coton ou le polyester, dérivé du pétrole, ainsi que le transport des marchandises. Selon un rapport du cabinet McKinsey, la mode a émis 2,1 milliards de tonnes en 2018, ce qui représenterait environ 4 % du total des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
Des plateformes au fonctionnement addictif…
En raison des prix attractifs et des applications pensées pour qu’on y passe le plus de temps possible, le risque de multiplier nos achats et de créer un effet « rebond » est bien réel. D’après une étude réalisée en partenariat avec la chaire «Trend(s)» de l’Université de Lille, Vinted a un fonctionnement particulièrement addictif : « ll faut toujours être le ou la première sur le coup, ce qui pousse à l'hyperconsommation, explique à Vert l’une des autrices de l’étude, Élodie Juge. Et avec les notifications et les alertes, tout est fait pour accélérer les achats, d’autant plus que la plateforme met davantage en valeur les vendeur·ses qui écoulent le plus de produits. »
Pour s’habiller écolo, privilégiez les achats indispensables et locaux
La solution la plus vertueuse reste encore de piocher dans les rayons des friperies Emmaüs, qui participent aussi à l’insertion de publics précaires. Autres conseils de la chercheuse Élodie Juge : « apprendre à regarder nos vêtements autrement, prendre le temps de les réparer » pour démoder l’envie de racheter toujours de nouveaux habits.
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Sacrifice paysan, retour sur le parcours de Jérôme Laronze, abattu par les gendarmes
Agriculture illogique. Dans un film-documentaire d’une petite heure, la réalisatrice Gabrielle Culland retrace le parcours d’un paysan de Saône-et-Loire qui, à la suite d’un contrôle sanitaire, a été abattu par les gendarmes en 2017. Jérôme Laronze avait 37 ans. Syndicaliste, éleveur bovin en bio, il avait alerté la presse sur le malaise des agriculteur·ces face à l’« ultraréglementation ».

+ Alban Leduc, Justine Prados, Juliette Quef et Gabrielle Trottmann ont contribué à ce numéro.