🕶️ L’été, tout ralentit, Vert y compris ! En juillet et en août, les éditions quotidiennes et hebdomadaires laissent la place à une édition estivale unique. Vous aurez droit à un large tour d’horizon de l’actualité de l’écologie des sept derniers jours, chaque mercredi à midi dans votre boîte mail, jusqu'à la rentrée de septembre.
Plutôt que de prendre des mesures structurelles pour le pouvoir d'achat et la décence, on donne des coups de pouce au gaz et à l'essence.

« Des miettes et du charbon » : le projet de loi « pouvoir d'achat » scandalise les écologistes
Présenté comme un remède aux effets délétères de la crise sociale et énergétique, la première grande loi du nouveau quinquennat est jugée indigente par les oppositions de gauche. Elle contient en outre « des bombes écologiques à retardement ».
C'est dans un climat houleux que les député·es ont adopté ces derniers jours le projet de loi « portant mesures d’urgence pour la protection du pouvoir d’achat » ainsi que le projet de loi de finance rectificative (PLFR) qui doit en assurer le financement à hauteur de 20 milliards d'euros. Après que leurs tentatives d'amender les textes ont été balayées une à une, les élu·es de gauche ont unanimement voté contre.
« J'ai proposé en séance de renommer le projet de loi “des miettes et du charbon” car c'est ce qu'il contient », explique, amère, la députée Sandrine Rousseau à Vert. Cheffe de file des écologistes sur ce dossier, elle n'hésite pas à qualifier le texte de « coupable et criminel dans une situation sociale qui est déjà explosive et alors que les effets du changement climatique deviennent incontrôlables ». Elle regrette par exemple que l'augmentation des minimas sociaux ait été limitée à 4 % alors que l’inflation s’élevait déjà à 6,5 % en juin et pourrait atteindre 8 % à la rentrée, selon l'Insee. « Le gouvernement se comporte comme si l'inflation allait être passagère et n'apporte aucune mesure structurelle », complète sa collègue Julie Laernoes (EELV - Nupes). Alors que la Nupes réclamait une revalorisation des bas salaires, le gouvernement a préféré tripler le plafond de la « prime Macron » ; cette prime exceptionnelle, de 3 000 euros maximum et exonérée d’impôt sur le revenu et de cotisations sociales, peut être versée aux salarié·es dont le revenu ne dépasse pas trois fois le Smic.

Sur le coût des carburants, le parlement a convenu d'augmenter la ristourne à la pompe de 18 à 30 centimes par litre en septembre et octobre. « En parallèle, rien n'est fait pour réduire la dépendance des personnes à l'essence », regrette Sandrine Rousseau. « Nos amendements pour supprimer la TVA sur les transports en commun ou réduire la vitesse sur autoroute ont été rejetés », illustre-t-elle.
Le deuxième volet du projet de loi est consacré à la « souveraineté énergétique » du pays alors que l’approvisionnement en gaz russe se réduit et qu’une large part du parc nucléaire français est toujours en carafe (Vert). Le projet de loi ne prévoit pas de mesure de sobriété, mais un recours accru aux énergies fossiles. Un article permet ainsi le redémarrage de la centrale à charbon de Saint-Avold (Moselle) fermée depuis mars. D'autre part, le plafond d'émissions des trois centrales du pays est rehaussé de 500 à 2 500 tonnes de CO2 par mégawatt de puissance (elles font chacune 1800 MW), leur permettant de produire potentiellement cinq fois plus qu’auparavant. Soit un surplus d'émissions de 4,5 millions de tonnes de CO2 pour répondre à 1 % de la demande d'électricité française pendant l'hiver 2022/2023.
Mais la véritable « bombe à retardement climatique » réside, selon Sandrine Rousseau, dans la mise en service, d'ici à septembre 2023, d’un terminal de gaz naturel liquéfié (GNL) dans le port du Havre (Seine-Maritime), afin de diversifier les approvisionnements. Quelque cinq milliards de mètres cubes de gaz par an devraient transiter par ces tuyaux, soit 10 % de la consommation de gaz française. Or, l’empreinte carbone du GNL est 2,5 fois plus élevée que celle du gaz acheminé par gazoduc, selon les expert·es de Carbone 4.
Notre décryptage est à retrouver en intégralité sur vert.eco

« Les Français ne peuvent légitimement accepter qu’on leur demande de faire des efforts si les grands acteurs n’en font pas »
Désordre de grandeurs. Pour contrer l'aggravation des crises climatique et énergétique, renoncer aux mails « un peu rigolos » ne suffira pas (Vert). Cette fois, c'est la ministre de la transition énergétique qui le dit. Pour faire baisser la consommation du pays de 10 % d'ici à 2024, Agnès Pannier-Runacher a dévoilé une partie de sa feuille de route dans le Journal du dimanche. « On commence par les gros acteurs, l’État et les grandes entreprises », a-t-elle indiqué, précisant qu'elle attend « des plans d’action à l’automne ». À court terme, deux décrets vont interdire les publicités lumineuses entre une et six heures du matin et obliger les commerces à fermer leurs portes avant d’allumer la climatisation ou le chauffage. Ces deux mesures existent déjà en partie, mais elles ne sont pas respectées. Agnès Pannier-Runacher prévoit aussi « une augmentation du budget pour encourager les particuliers à mener des opérations de rénovation énergétique ». Enfin, elle a annoncé « un grand plan de déploiement des énergies renouvelables », qui commencera par « des décisions pour débloquer la production de dix gigawatts d’énergie photovoltaïque et éolienne, ainsi que de biogaz. C’est l’équivalent de la consommation annuelle d’électricité de la population des Hauts-de-France ».

· L’incendie qui a emporté hier 500 à 600 hectares de végétation méditerranéenne dans l’Hérault « ne progresse plus », même s’il n’est pas encore « fixé ». Les incendies d'origine criminelle en Bretagne et en Gironde ont, eux, été déclarés « fixés », c'est-à-dire qu'il n'y a plus de foyers actifs, même s’ils ne sont pas définitivement éteints. Dans le massif breton des Monts d'Arrée, une zone - autrefois remarquable - de plus de 1 700 hectares de landes, de sapinières et de feuillus a été détruite. En Gironde, plus de 7 000 hectares de forêt ont brûlé à La Teste-de-Buch, près du bassin d'Arcachon, et près de 14 000 hectares à Landiras, dans une monoculture de pins. Tandis que les milliers d’habitant·es évacué·es rentrent chez eux, l'inquiétude se porte désormais sur le bilan potentiellement lourd en termes de biodiversité. - La Croix (AFP)
· Pendant ce temps, le reste de l’Europe continue d’être durement touché par des feux d’une ampleur et d’une durée exceptionnelles, notamment en Grèce, en Espagne et en République Tchèque. À date, les incendies ont déjà ravagé plus de 612 000 hectares de végétation sur le continent depuis le début de l’année, selon la base de données EFFIS. C’est déjà plus que 2021 (470 359 hectares) et si la tendance se poursuit, 2022 pourrait égaler ou dépasser le record de 2017 où 988 000 hectares de végétation étaient partis en fumée, soit à peu près la superficie du Liban. - Good planet (AFP)
· La quasi-totalité de la France métropolitaine est désormais placée en état d'alerte sécheresse, à des degrés divers, selon le site gouvernemental Propluvia. Seule une poignée de départements, dont Paris, les Hauts-de-Seine ou l'Ariège, ne sont pas concernés par au moins un arrêté préfectoral limitant certains usages de l'eau. La « crise » est déclarée dans bonne partie des Pays de la Loire, c'est-à-dire que seuls les prélèvements destinés aux usages prioritaires sont autorisés (santé, sécurité civile, eau potable, salubrité). Idem dans la Drôme, l'Isère ou le Var. - L'Obs (AFP)
· Mardi, le géant russe Gazprom a annoncé une nouvelle baisse drastique des livraisons de gaz à l’Europe via le gazoduc Nord stream, qui ne fonctionnera qu’à 20 % de ses capacités à compter du 27 juillet, contre 40 % actuellement. Contrôlé par le Kremlin, le groupe a coutume de justifier ses décisions par des considérations techniques, mais les Européen·nes l’interprètent comme une réaction politique. Elles et ils viennent de se mettre d’accord pour abaisser de 15% leurs besoins en gaz d'ici au printemps, sur fond de guerre en Ukraine. - Le monde de l'énergie (AFP)

28 juillet 2022
Ça dépend, ça dépasse. Demain, jeudi, l'humanité aura consommé l'ensemble des ressources biologiques que la planète est capable de générer en un an. Ce jour, dit du « dépassement », est calculé par l'ONG américaine Global Footprint Network. Alors qu’il intervenait le 29 décembre en 1970, il arrive de plus en plus tôt chaque année - à l'exception de 2020 où il a reculé de trois semaines (22 août) sous l’effet de la pandémie de Covid-19. En France, le jour du dépassement est arrivé dès le 5 mai 2022 (Vert). Autrement dit, si l’ensemble de la population mondiale vivait comme les Français·es, il faudrait 2,9 planètes pour répondre à ses besoins annuels.


« Contre la canicule, ils skient... en salle »
Les bronzés font du ski. En plein week-end caniculaire, BFMTV a consacré un reportage surréaliste à la piste de ski en intérieur d'Amnéville, en Moselle. « 32°C dehors, mais sur cette piste de ski, la température ne dépasse pas les -5°C », explique la journaliste avant de remarquer que « cette structure est très prisée par les clubs sportifs, car l'accès aux glaciers est interrompu de plus en plus tôt chaque année ». Y aurait-il un lien entre la folle consommation d'énergie d'une telle infrastructure et le changement climatique qui fait fondre la neige au dehors ?... Si cette activité est « une chance » pour les clients et « plaît aux grands comme aux petits, elle n'est pas sans conséquence pour l'environnement », tempère tout de même la voix off. Difficile de savoir si le reportage se voulait critique ou non à propos de cette gabegie. Pour la piste d'Amnéville en tout cas, cela s'est traduit par un énième bad buzz. L'infrastructure est vivement décriée depuis son inauguration en 2005, et pour cause : elle engloutit chaque année 420 000 euros d'électricité et n'a jamais atteint l'équilibre financier, à tel point que la Cour des comptes a recommandé dès 2016 de la fermer « dans les plus brefs délais ».

· Sea, sex and seum. Au niveau mondial, la gigantesque industrie du tourisme pèse plus de 8 milliards d’euros (WTTC) et, rien qu’en France, elle représente 11 % de l’inventaire national d’émissions de gaz à effet de serre (Ademe). Peut-elle vraiment se réinventer à l’heure où le dérèglement climatique se fait sentir jusque dans notre chair ? Dans l'hexagone, plusieurs associations et chercheur·ses invitent à aller plus loin que les mesures « écoresponsables » proposées par certain·es, jusqu'à repenser les vacances dans une dimension « anti-touristique ». Un tour d'horizon à lire sur vert.eco
· Homo detritus. Vous êtes-vous déjà demandé quel est le sort réservé aux vêtements donnés au recyclage ? En France, plus de 3 000 tonnes d’habits sont collectées chaque année pour être « valorisées » par des associations ou par l’éco-organisme Refashion. Sur son site internet, le Relais - une coopérative de collecte et de réemploi de textile - revendique ainsi un taux de valorisation de près 100% des vêtements, dont 55% grâce « l'export ». Pour connaître la réalité derrière ces chiffres, l'ONG Greenpeace s'est rendue au Kenya et en Tanzanie, principaux importateurs mondiaux de textiles usagés. Sur place, elle a découvert que la fast fashion produit des quantités croissantes d'habits de piètre qualité. La moitié d'entre eux n'a aucune valeur marchande et ces pays n'ont pas l'infrastructure suffisante pour les éliminer correctement. D'autres éléments de cette enquête sont à retrouver sur le site de Greenpeace.

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Dix donc ! Alors qu'il y a urgence à se passer de combustibles fossiles (Vert), des chercheu·ses de l’Université canadienne de Waterloo révèlent qu'une toute petite poignée d'acteurs financiers a une « influence démesurée sur la gouvernance de l'industrie extractrice ». Leur étude, publiée dans ScienceDirect, démontre que si 200 entreprises ont la main sur 98% des réserves mondiales de pétrole, de gaz et de charbon (selon le Fossil free funds), un nombre encore plus restreint d'actionnaires possède ces entreprises. Dix d'entre eux « détiennent » ainsi 49,5% des 674 gigatonnes (milliards de tonnes) de CO2 potentiellement émises par ces entreprises. Dans ce top 10, on trouve six investisseurs américains dont Blackrock, Vanguard ou State street, mais aussi des acteurs étatiques tels que le royaume d'Arabie Saoudite, le gouvernement indien ou la banque centrale de Norvège. Le fait qu’aussi peu d’acteurs aient un pouvoir de décision sur la moitié des émissions mondiales liées à l'énergie représente « soit un problème, soit une opportunité », pointent, à juste titre, les scientifiques.

· Marche arrière. En Europe, les ventes de voitures neuves à essence (-22,2%) et diesel (-27,7%) se sont effondrées au premier semestre 2022 tandis que les ventes de modèles électriques continuaient de grimper (+11%), selon l’Association des constructeurs européens d'automobiles (Acea). Les voitures à batterie (10 %) et hybrides (23 %) représentent désormais près d’un tiers des ventes, contre 39 % pour les modèles thermiques. En revanche, les ventes d’hybrides rechargeables reculent de 13 % alors que le niveau réel de leurs émissions de CO2 est critiqué. - L'info Durable
· Chat alors ! Deux jaguars libérés en 2019 et 2021 dans la province argentine de Corrientes, au nord du pays, viennent de donner naissance à deux bébés, selon la fondation Rewilding Argentina. Ce sont les premières naissances à l'état sauvage depuis que l'espèce a disparu de la province il y a 70 ans. Huit jaguars y ont été réintroduits depuis 2012 et le pays compte 200 à 300 individus. Selon l'Union internationale de conservation de la nature (UICN), ce félin typique de l'Amérique latine est une espèce « quasi menacée ». - Sciences et Avenir (AFP)
· Nature et découvertes. Cet été, les scientifiques de l’Observatoire du Mont-Blanc mettent les promeneur·ses à contribution pour suivre l'évolution de la faune et de la flore. Toutes et tous sont invité·es à participer à des protocoles scientifiques depuis les refuges du Plan de l'Aiguille à Chamonix (Haute-Savoie) et des Prés aux Contamines-Montjoie. Concrètement, les touristes devront rapporter aux scientifiques leurs photos et observations concernant l'évolution de têtards et la floraison de certaines espèces de plantes, leur permettant un suivi à distance. - France Info

Le train est-il trop cher ?
Voyage, voyage... C’est bientôt l’heure de prendre la route des vacances et vous hésitez encore entre le train, la voiture, l’avion ou même l’autocar ? L’occasion de regarder cette vidéo concoctée par Le Monde qui fait la peau à quelques clichés sur le coût réel de chaque mode de transport.

+ Loup Espargilière et Juliette Quef ont contribué à ce numéro