On fait le point

L’eau potable des Français est massivement contaminée au TFA, le plus petit des «polluants éternels», alerte l’Anses dans une vaste étude

Poison dans l’eau. Une étude nationale de grande ampleur révèle l’omniprésence de l’acide trifluoroacétique (TFA) dans l’eau du robinet en France. Ce «polluant éternel» est pourtant absent de la liste officielle des PFAS que l’Europe obligera bientôt à surveiller.
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C’est un «polluant éternel» que l’on retrouve partout : dans les eaux souterraines, les eaux de surface… et même l’eau du robinet. L’acide trifluoroacétique (TFA), le plus petit des PFAS, est quasi omniprésent dans l’eau potable consommée par les Français·es, révèle l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) dans un rapport publié ce mercredi.

Entre 2023 et 2025, l’agence a mené la plus vaste étude jamais réalisée en France sur les PFAS. Ces substances chimiques entrent dans la composition de plusieurs pesticides et de nombreux objets du quotidien (poêles, tissus imperméables…) et sont réputées pour leur toxicité et leur persistance dans le corps humain et l’environnement. Plus de 600 échantillons d’eau ont été analysés, prélevés dans des points de captage répartis sur tout le territoire (outre-mer compris) et représentant 20% de l’eau distribuée en France.

L’Anses a détecté 19 PFAS différents dans l’eau du robinet. © Adobe stock

Le TFA n’était pas le seul composé traqué : au total, 35 substances ont été recherchées, parmi les milliers que compte cette famille de molécules. Vingt d’entre elles figurent dans la Directive européenne sur la qualité de l’eau, un texte européen qui imposera aux États membres de surveiller régulièrement ces composés dans l’eau potable à partir du 12 janvier 2026. Quinze autres PFAS, jugés pertinents, ont été ajoutés par l’Anses afin d’obtenir «un état des lieux» précis de la contamination.

Résultat : 19 des 35 PFAS recherchés ont été détectés dans les échantillons prélevés au robinet. Parmi eux : 11 de la directive européenne, dont le PFHxS (détecté dans 21,7% des échantillons), le PFOS (19,1%) et le PFHxA (16,1%). Mais surtout un composé non listé par l’Europe : le TFA, présent dans 92% des échantillons, loin devant le PFHxS, deuxième substance la plus fréquemment retrouvée. Comme quoi, «quand on recherche une molécule, on la trouve !», ironise Eleonore Ney, cheffe de l’unité d’évaluation des risques liés à l’eau à l’Anses.

Des concentrations élevées près de sites industriels

Le TFA est une substance issue de la dégradation de certains pesticides et d’autres PFAS. Si peu d’études sur l’impact de cette molécule sur la santé ont pour l’heure été réalisées, ce petit PFAS est défini par la Commission européenne comme une substance ayant une «toxicité préoccupante», et pourrait être classé prochainement comme un «reprotoxique» (toxique pour la reproduction). «Sa toxicité est avérée pour le foie, et de premières études réalisées sur des lapins évoquent des effets sur le système reproducteur, notamment des malformations», expliquait il y a quelques mois à Vert Pauline Cervan, toxicologue pour l’ONG anti-pesticides Générations Futures.

Les mesures révèlent d’importantes concentrations de TFA : 1 100 nanogrammes par litre en moyenne, avec un pic à 25 000 ng/l dans un prélèvement effectué à proximité de l’usine Solvay de Salindres (Gard) – qui a cessé son activité en 2024 mais a longtemps produit ce composant. «Jusqu’alors, le record en France était de 13 000 ng/l pour un échantillon prélevé au robinet de la commune de Moussac, dans le Gard», située près de cette même usine, note le journal Le Monde.

L’usine du groupe belge de chimie Solvay, à Salindres (Gard). © Philippe Devanne/Adobe stock

L’Anses précise que les niveaux mesurés restent tout de même inférieurs à la valeur sanitaire indicative actuellement retenue par la Direction générale de la santé (DGS), soit 60 000 ng/l. Un seuil toutefois jugé «peu protecteur» par l’ONG Générations Futures. Mais surtout provisoire : il doit être révisé en 2026, en même temps que la publication de nouveaux travaux de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), et pourrait être revu à la baisse à cette occasion.

Un PFAS détecté pour la première fois en France

Quant aux autres PFAS, la directive européenne a fixé, pour la somme des concentrations des 20 PFAS qu’elle prend en compte, une limite de 100 nanogrammes par litre à ne pas dépasser. L’étude montre que sur les 627 échantillons d’eau traités, seulement neuf dépassaient le seuil autorisé : une «faible proportion», juge l’Anses.

Outre le TFA et les PFAS déjà encadrés par la directive européenne, l’Anses a également identifié d’autres «polluants éternels» dans l’eau du robinet. Parmi eux, le TFMSA, un tout petit PFAS détecté «pour la première fois en France», avec une «présence significative» : 13% des échantillons, pour une concentration médiane de 28,5 ng/l et un maximum de 4 900 ng/l.

À la lumière de ces résultats, l’Anses réitère la recommandation formulée à l’automne 2025 dans son premier état des connaissances sur les PFAS : élargir la liste officielle des substances à surveiller dans l’eau potable. Au-delà des PFAS déjà réglementés, le TFA et le 6:2 FTSA – un autre PFAS détecté –, devraient, selon l’agence, faire partie du futur dispositif pérenne de surveillance en France.

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