Le dépassement, c’est maintenant ! Ce jeudi 5 mai, la France a épuisé son quota symbolique de ressources planétaires pour une année entière.
Le jour du dépassement, c’est un peu notre chronomètre écologique. Il est déduit à partir de l’empreinte écologique mondiale ou nationale, un indicateur calculé par le Global footprint network depuis 1961. Celui-ci prend en compte nos émissions de gaz à effet de serre, mais aussi notre consommation d’animaux, d’arbres, de sols ; bref, de ressources naturelles, pour quantifier le plus précisément possible notre impact sur la planète.
Cette empreinte est comparée à la biocapacité de la Terre, c’est-à-dire son aptitude à régénérer les ressources que nous lui prélevons. Et le résultat n’est pas réjouissant. Si l’ensemble de l’humanité vivait comme des Français·es, les ressources de la Terre seraient épuisées… en quatre mois, soit le 5 mai. Il faut à la France l’équivalent de 2,9 planètes en une seule année.
La France est particulièrement mauvaise élève, comme de nombreux autres pays européens : en 2018 (dernières données disponibles), l’Allemagne, l’Espagne, ou encore le Royaume-Uni consommaient chacun de 2,6 à 3 planètes, alors que la moyenne mondiale est de 1,75 planète.
Cette date fatidique a varié depuis le début des calculs. Alors qu’elle tombait le 3 juin au début du mandat de Valéry Giscard‑d’Estaing, en 1974, elle baisse drastiquement pour atteindre son point le plus bas au début du quinquennat Sarkozy, le 24 avril, a calculé le WWF. Mais ce n’est pas le fait d’actions particulièrement ambitieuses en faveur de l’écologie : « C’est parce que ces mandats traversent des crises économiques particulièrement sévères — le choc pétrolier, puis la crise des subprimes — que l’empreinte carbone des Français diminue », explique à Vert Pierre Cannet, directeur de plaidoyer pour le WWF.
Objectif : ‑25 jours en cinq ans
Dans une étude publiée ce jeudi, le WWF France a utilisé les données du Global footprint network et les a combinées à trois scénarios possibles pour le quinquennat à venir. « Notre but est évidemment d’alerter, mais surtout de proposer des solutions concrètes pour planifier la transition agroécologique et la rénovation énergétique des bâtiments, mettre en place plus de transports propres ou raisonner la pêche », indique Pierre Cannet.
Si le gouvernement tient les quelques engagements qu’il a pris dans le cadre de la loi « climat et résilience » votée l’été dernier, le jour du dépassement pourrait reculer de trois jours, note le WWF. C’est peu, mais c’est toujours cinq jours de mieux que dans l’hypothèse où la situation empire.
Si planification écologique il y a au cours de ce quinquennat, nous pourrions gagner la bagatelle de 25 jours. « Pour cela, il faut amorcer le changement de toute urgence », conclut Pierre Cannet. Outre le recul de cette date symbolique, c’est la sauvegarde de plusieurs milliers d’emplois, d’une grande partie de la biodiversité et de la santé des Français·es comme du reste de la population mondiale qui est notamment à la clef.
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