L'hebdo

Ils en font un pétrole

Chères toutes et chers tous,

✉️  Cette semaine, l’équipe de Vert s'est remontée les manches pour plier et envoyer les premiers exemplaires du poster numéro 1 de la série Désordres de grandeur, consacré aux gaz à effet de serre. À celles et ceux qui avaient participé à notre campagne de financement et commandé une affiche, surveillez (fiévreusement) vos boîtes aux lettres dans les prochains jours. Les autres pourront bientôt s'en procurer la version papier ou numérique sur notre site.


Les Émiratis placent un pétrolier à la tête de la prochaine COP et s’étonnent que le monde frise la syncope.


Qui est Sultan Al Jaber, le PDG d’une compagnie pétrolière qui a officiellement été nommé président de la COP28 ?

C’est un Sultan. Sultan Al Jaber est à la fois ministre, PDG d’une compagnie pétrolière et désormais... président de la COP28 sur le climat. Une triple casquette qui soulève de nombreuses critiques, alors qu’Abu Dhabi présente son poulain comme un réformateur pragmatique.

Début janvier, la nouvelle de sa probable nomination comme président de la 28ème conférence des Nations unies (COP28) sur le climat, qui se tiendra en novembre à Dubaï (Émirats arabes unis), avait fait le tour du monde. Pompier pyromane, ultra-pollueur, lobbyiste infiltré…. Les noms d’oiseau ont fusé contre Sultan Al Jaber, l’actuel ministre émirati de l’industrie, qui est aussi PDG de la compagnie nationale pétrolière Abu Dhabi national oil company (ADNOC). Déjà chef de la colossale délégation émiratie à la récente COP27, Al Jaber a été officiellement désigné jeudi 12 janvier comme président de la COP28 par les Émirats arabes unis.

De prime abord, la nomination d’un pétrolier à ce poste a de quoi surprendre. Pas aux Émirats, où Al Jaber était pressenti de longue date comme le prochain chef du grand orchestre des négociations climatiques. En quelques années, cet investisseur est devenu une figure incontournable des délégations émiraties à la COP. Mais qu’il soit feint ou sincère, l’engagement d’Al Jaber pour le climat est jugé insuffisant par de nombreux observateur·rices, et sa nomination fait déjà polémique. Au grand dam d’Abu Dhabi, qui voit sa vaste stratégie de communication autour de la COP28 s’enliser.

Sultan Al Jaber (droite) et l’ancien secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki Moon, portent un écriteau : « Je suis pour l’action climatique », en 2014. © ONU

Al Jaber s’est fait connaître en 2006 en fondant Masdar, un groupe d’investissement dans les énergies renouvelables. Celui-ci, dont l’ADNOC est actionnaire, est étroitement lié à l’État. Tout comme Al Jaber, aujourd’hui ministre de l’industrie après avoir occupé diverses fonctions au sein du gouvernement. Un pied dans l’industrie pétrolière, l’autre dans le renouvelable, Al Jaber incarne parfaitement la stratégie climatique d’Abu Dhabi, qui investit massivement dans les énergies renouvelables à travers le monde tout en continuant d’exploiter son brut, qui fournit plus de la moitié des revenus du pays.

Pour en savoir plus sur ce président controversé et sur la stratégie d’influence des Émirats arabes unis avant la COP28, retrouvez notre portrait en intégralité sur vert.eco

· Lundi, le gouvernement a renoncé à interdire la chasse le dimanche et dévoilé les mesures de son nouveau « plan chasse » visant à sécuriser la pratique. Un dispositif jugé très insuffisant pour de nombreuses associations. Décryptage des principales annonces à lire sur vert.eco

· Lundi encore, le géant de l’agroalimentaire Danone a été assigné en justice pour non-respect du devoir de vigilance par trois ONG - Client earth, Surfrider foundation Europe et Zero waste France. Les associations mettent en cause son impact sur la pollution mondiale au plastique, et réclament un nouveau plan de vigilance qui présente une véritable « trajectoire de déplastification ». - Le Monde

· Mardi, le projet de loi d’« accélération sur les énergies renouvelables » a été adopté en première lecture par l’Assemblée nationale. Ce dernier vise à rattraper le retard de la France sur ses objectifs énergétiques. Tour d’horizon de ses principales dispositions sur vert.eco

· Jeudi matin, le chasseur qui avait tué Morgan Keane dans son jardin en décembre 2020 (notre article) a été condamné par le tribunal correctionnel de Cahors (Lot) à deux ans de prison avec sursis et au retrait définitif de son permis de chasse. Le directeur de la battue a écopé d’une peine de dix-huit mois avec sursis et d’une interdiction de repasser son permis de chasse dans les cinq ans. Le procès avait révélé de nombreux manquements à la sécurité au cours de la battue. - La Dépêche du Midi

· Jeudi encore, l’entreprise Tereos, propriétaire de la marque de sucre Béghin-Say et numéro un français du sucre de betterave, a été condamnée pour « préjudice écologique ». Elle devra verser 500 000 euros d'amende et plus de neuf millions d’euros de dommages et intérêts, notamment à la région belge de la Wallonie, pour avoir pollué une rivière, l'Escaut, en 2020. Une digue retenant les eaux de lavage de betterave avait cédé, et plusieurs dizaines de tonnes de poissons morts avaient été retrouvés en France et en Belgique. - France Bleu

· Ski faudrait faire. De plus en plus gourmand en ressources à cause du réchauffement climatique, alors qu’il est pratiqué par une poignée de Français·es, le ski peut-il se révéler compatible avec des modes de vie plus sobres ? Décryptage à lire sur vert.eco

· Ça devrait faire le bzzz. Le déclin des insectes pollinisateurs entraînerait la mort prématurée de 500 000 personnes chaque année, selon une récente étude publiée dans la revue Environment health perspectives. La perte des pollinisateurs, dont les abeilles, provoquerait une diminution de la production de nourriture saine - fruits, légumes ou noix, par exemple -, induisant encore plus de maladies. - The Guardian (anglais)

· C’est extrême. Les huit dernières années sont les plus chaudes jamais mesurées sur Terre et 2022 s’est hissée au cinquième rang de ce torride classement, a révélé un bilan réalisé par Copernicus, le programme européen de surveillance de la Terre. L’année 2022 a été marquée par de nombreux évènements climatiques extrêmes et par une concentration inédite des gaz à effet de serre, dont le dioxyde de carbone et le méthane, dans l’atmosphère. - Vert

· Le temps des c(e)rises. Alors que la France traverse un épisode persistant de chaleur hivernale, ce faux printemps a des conséquences parfois insoupçonnées sur la biodiversité, et notamment sur les végétaux. En leur faisant croire que l’hiver est passé, les températures anormales les fragilisent fortement et fatiguent les écosystèmes. Décryptage à lire sur le site de Vert

· CV-ridique. Le nouveau ministre de l’environnement suisse, Albert Rösti, était jusqu’à très récemment le président du lobby pétrolier Swissoil. Considéré par certain·es comme un « climatosceptique notoire », ce politique issu de l’extrême droite a aussi dirigé un lobby automobile. Il devra désormais mener la politique climatique du pays. Son portrait à lire  sur vert.eco

Un zadiste de Lutzerath face à la police venue le déloger. À quelques mètres, la mine de Garzweiler II © Rob Engelaar/ANP

Lutzerath au court bouillon. Mercredi, la police a démarré l’évacuation de la zone à défendre (Zad) qui s’est installée à Lutzerath, près de Cologne (Allemagne). Vidé de ses habitant·es il y a plusieurs mois, ce village doit être rasé pour étendre la colossale mine de charbon à ciel ouvert de Garzweiler II, exploitée par RWE. Certain·es des centaines d’opposant·es à ce projet néfaste pour le climat se sont hissé·es sur des poteaux et câbles électrique, sur les toits des cabanes ou des maisons du village, pour empêcher la police de les déloger. Au vu de la vive opposition sur place, l’opération devrait durer au moins plusieurs semaines. Signe de l'importance de la contestation, la militante suédoise Greta Thunberg a prévu de s'y rendre ce samedi.

· Vélo boulot dodo. En 2022, les passages de vélos ont augmenté de 8% par rapport à 2021 en France, a dévoilé le réseau Vélos et territoires dans son bilan provisoire de l’année. L’usage du biclou continue de souffrir d’importantes disparités entre les villes et les zones périurbaines ou rurales. - Vert

· C’est archives sympa. Depuis ce mercredi, trois ans et près de 800 numéros de Vert sont disponibles à la relecture sur vert.eco. Vous pourrez y naviguer librement à votre guise, des tout premiers numéros envoyés à une poignée de bêta-testeurs en novembre 2019 (attention les yeux, ça peut piquer), à l’édition du jour-même. Il vous suffira de renseigner votre adresse mail pour vous authentifier. Et c'est toujours gratuit. - Vert

· Ça vous en bouche un trou ! La couche d’ozone, endommagée dans les années 1980, est « en bonne voie » pour se reconstituer au cours des 40 ans à venir, a révélé un rapport d’expert·es publié lundi sous l’égide des Nations unies. Une réussite que l'on doit à la mobilisation internationale contre les gaz qui l’ont abîmée, et qui a permis de limiter le réchauffement climatique. - Vert

La jeune femme et la mer : une bédé philosophique au cœur de la « nature » japonaise

Avec la bande dessinée La jeune femme et la mer, l’autrice Catherine Meurisse signe un conte philosophique d’une grande beauté sur le rapport des sociétés modernes à la nature, qui menace autant qu’elle fascine. Une chronique à lire sur vert.eco

Le top 10 du greenwashing par Limit

On veut du green, green, green. Carburant « neutre en carbone » de Shell, coupe du monde « écologique » de la Fifa au Qatar, projet « The line » - aussi connu sous le nom de Neom - de ville « zéro carbone » en plein désert d’Arabie Saoudite… Le média vidéo Limit du Belge Vinz Kanté liste ses dix meilleurs exemples de greenwashing sur un rythme cadencé et avec plein d’humour.

© Limit

+ Loup Espargilière, Aurélie Delmas, Pénélope Dickinson, Lyse Mauvais, Juliette Quef, et Sanaga ont contribué à ce numéro