Décryptage

La couche d’ozone est « en bonne voie » pour se reconstituer dans les 40 prochaines années

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Ça vous en bouche un trou ! Le trou de la couche d’ozone pour­rait être résor­bé en quelques décen­nies grâce à la mobil­i­sa­tion inter­na­tionale con­tre les gaz qui l’ont creusé dans les années 1980.

C’est à ce jour un suc­cès majeur de la coopéra­tion inter­na­tionale : les efforts cumulés de la qua­si-total­ité des pays du globe depuis la fin des années 1980 ont per­mis à la couche d’ozone d’être « en bonne voie » pour se régénér­er, selon un rap­port quadri­en­nal pro­duit sous l’égide de l’Organisation météorologique mon­di­ale (OMM) et du Pro­gramme des Nations unies pour l’environnement (PNUE).

Située dans la stratosphère (entre 20 et 40 kilo­mètres d’altitude), cette bar­rière pro­tec­trice absorbe les ray­on­nements ultra­vi­o­lets du soleil dan­gereux pour les êtres vivants. Dans les années 1980, un trou a été creusé par l’usage répan­du de chlo­ro­flu­o­ro­car­bu­res (CFC) dans les réfrigéra­teurs, cli­ma­tiseurs et aérosols et leur relargage dans l’atmosphère.

En 1987, les pays du monde se sont réu­nis autour du Pro­to­cole de Mon­tréal, un texte actuelle­ment rat­i­fié par 198 États, pour assur­er l’interdiction pro­gres­sive des sub­stances appau­vris­sant la couche d’ozone. Le rap­port con­firme l’élimination de près de 99% des sub­stances con­cernées.

Si les efforts actuels restent en place, la couche d’ozone devrait retrou­ver son état de 1980 à hori­zon 2066 au-dessus de l’Antarctique, 2045 au-dessus de l’Arctique et 2040 pour le reste du monde, prévoient les sci­en­tifiques.

« C’est une nou­velle fan­tas­tique. […] Au cours des 35 dernières années, le Pro­to­cole est devenu un véri­ta­ble fer de lance de la défense de l’environnement », s’est réjouie Meg Seki, Secré­taire exéc­u­tive du Secré­tari­at de l’ozone du Pro­gramme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE).

En out­re, le Pro­to­cole de Mon­tréal a per­mis d’enrayer en par­tie le réchauf­fe­ment cli­ma­tique. Le déclin des sub­stances dan­gereuses pour la couche d’ozone a per­mis d’éviter une hausse des tem­péra­tures com­prise entre 0,5°C et 1 degré d’ici à 2050, par rap­port à un scé­nario où ces sub­stances n’auraient jamais été con­trôlées. En 2016, l’Amendement « de Kigali » au Pro­to­cole de Mon­tréal a prévu l’abandon pro­gres­sif des hydro­flu­o­ro­car­bu­res (HFC), eux aus­si util­isés dans le domaine du froid en rem­place­ment des CFC. S’ils épargnent la couche d’ozone, les HFC sont de puis­sants gaz à effets de serre. Leur diminu­tion per­me­t­trait d’éviter entre 0,3 et 0,5°C de réchauf­fe­ment d’ici à 2100, d’après le rap­port.

« Les mesures pris­es pour l’ozone étab­lis­sent un précé­dent en matière d’action cli­ma­tique. La réus­site enreg­istrée […] nous mon­tre ce qui peut et doit être fait — de toute urgence — pour aban­don­ner les com­bustibles fos­siles, réduire les gaz à effet de serre et lim­iter ain­si la hausse des tem­péra­tures », a réa­gi le Secré­taire général de l’OMM, Pet­teri Taalas.

Pour la pre­mière fois, les auteur·rices du rap­port ont alerté sur l’impact poten­tiel de cer­taines tech­niques de géo-ingénierie sur la couche d’ozone. Par­mi celles-ci, l’injection d’aérosols dans la stratosphère pour faire baiss­er le réchauf­fe­ment cli­ma­tique en aug­men­tant la réflex­ion de la lumière du soleil. Une pra­tique con­tro­ver­sée, qui pour­rait avoir des con­séquences sur la couche d’ozone : la réduc­tion du réchauf­fe­ment à hau­teur de 0,5°C dans les vingt prochaines années via cette méth­ode entraîn­erait un retour des niveaux d’ozone observés dans les années 1990.