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Alors que tous les voyants virent au cramoisi, nos député·es sont prié·es d'user de leur écharpe tricolore pour éteindre l'incendie.

Devant l’Assemblée nationale, des scientifiques accueillent les nouveaux députés pour les former à l’écologie sans plus attendre
Palais bourdon. De lundi à mercredi, à l'entrée du palais Bourbon, quelque 154 député·es ont reçu une formation express sur le climat et le vivant de la part de certain·es des plus grand·es scientifiques français·es. Les organisateur·rices ont voulu sensibiliser un grand nombre d’élu·es pour qu’elles et ils prennent davantage en compte les enjeux écologiques dans leurs votes.
Danielle Simonnet, fraîchement élue députée (Nupes) de Paris, est attablée avec quatre scientifiques sous un chapiteau planté à quelques encablures de l’Assemblée nationale où elle se rend pour la première fois ce lundi. À l’aide de récapitulatifs du dernier rapport du Giec (le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), les chercheur·ses font le point avec la parlementaire sur la crise écologique en cours et à venir.
Une discussion qui s’inscrit dans l’opération #MandatClimatBiodiversité, une initiative portée par l’ex-député écologiste de Maine-et-Loire Matthieu Orphelin et le climatologue Christophe Cassou. Avec l’aide du collectif étudiant Pour un réveil écologique, ils ont convié 35 scientifiques à se relayer pour sensibiliser, pendant deux jours et demi, les nouveaux membres de l’Assemblée nationale aux enjeux du climat et de la biodiversité. En petits groupes, les député·es ont pu recevoir une formation de 20 à 30 minutes sur ces vastes sujets, ainsi qu’un « kit de survie » avec des ressources à explorer.

« Il y a deux raisons principales qui poussent les parlementaires à ne pas agir comme il le faudrait face à l’urgence climatique : le manque de volonté politique, et l’absence de connaissances des enjeux et des solutions, qu’il ne faut surtout pas sous-estimer », analyse Matthieu Orphelin.
En 2020, une étude de l’Ademe (Agence de la transition écologique) a révélé que 21 % des parlementaires français·es considéraient le changement climatique comme « une hypothèse sur laquelle les scientifiques ne sont pas tous d’accord ». Pourtant, le consensus scientifique sur le sujet est absolu, comme en témoigne le dernier rapport du Giec (Vert). Aussi, « il est absolument critique que les décideurs puissent monter en connaissance sur le sujet pour que ces enjeux rayonnent dans toutes les politiques publiques », abonde Christophe Cassou.
A l'issue des trois jours, plus du quart de la représentation nationale est passé sous le chapiteau des scientifiques, selon Pour un réveil écologique. La moitié des 142 élu·es de la Nouvelle union populaire, écologique et sociale (Nupes) et le tiers des 246 député·es de la majorité Ensemble ont reçu la formation, contre un seul élu pour le Rassemblement national ou les Républicains.
À terme, le collectif étudiant espère que tous les parlementaires suivront une longue formation obligatoire et organisée par les institutions, détaille Léa Falco. « Au moins, on saurait que s’ils n’agissent pas, c’est parce qu’ils n’en ont simplement pas la volonté. »

· Dimanche, le conseil d’administration de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) a déclaré que Matthieu Orphelin deviendrait son directeur général. L’ex-député du Maine-et-Loire, qui s’est réjoui de réaliser « un rêve de gosse », prendra ses nouvelles fonctions début novembre 2022, succédant à Yves Verilhac, en poste depuis neuf ans. - Le Courrier de l’Ouest
· Mardi, la Cour suprême des Etats-Unis a rejeté l’appel du groupe allemand Bayer, propriétaire de Monsanto, dans le cadre d’un procès qui l’oppose à un homme qui attribue son cancer à l’utilisation de l’herbicide controversé Roundup, dont la principale substance active est le glyphosate. Cette décision entérine le précédent jugement de 2019, qui avait condamné le groupe à verser 25 millions de dollars de dommages et intérêts au plaignant. Bayer fait par ailleurs l’objet de quelque 31 000 plaintes supplémentaires, sans compter celles pour lesquelles le groupe a déjà conclu un accord. - La Croix (AFP)
· Mardi encore, dans son rapport annuel sur l’application des lois, le Sénat a révélé que moins de 10% des mesures prévues par la loi dite « Climat Résilience », adoptée en juillet dernier, ont effectivement été mises en œuvre (14 sur les 142 adoptées). En comparaison, le taux global d’application des lois votées durant la période 2020-2021 s’élève à 57%.
· Deux semaines après un fiasco au Parlement européen (notre article), les eurodéputé·es se sont finalement accordé·es mercredi sur la réforme du marché du carbone dans le cadre du Pacte vert (ou Green deal), qui vise à réduire de 55 % les émissions de gaz à effet de serre en 2030 par rapport à 1990. Les parlementaires ont voté la fin progressive, entre 2027 et 2032, des droits à polluer pour les industriels européens, ainsi que l’instauration d’une taxe carbone aux frontières. Cette dernière doit permettre d’empêcher la concurrence déloyale de la part de fabricants extra-européens de produits aux normes moins rigoureuses en matière de climat. Les eurodéputé·es ont aussi adopté la création d’un fonds social pour le climat, qui visera à accompagner les plus vulnérables dans la transition écologique. Plusieurs ONG écologistes ont déploré le manque d’ambition du texte, raconte Le Monde.


En bande organisée. Des drapeaux bleu-blanc-rouge-écarlate s’affichent sur les réseaux sociaux en ce solstice d’été : c’est le #ShowYourStripes (« montrez vos bandes »), opération lancée par l’Organisation météorologique mondiale pour illustrer la rapidité du changement climatique. Chaque ligne affiche l’écart de la température moyenne de l’année par rapport à celle de la période 1981-2010 - en bleu pour les années plus froides, en rouge pour les années plus chaudes. Mises au point par le climatologue britannique Ed Hawkins en 2016 (voir notre article), ces « warming stripes » se déclinent à l’échelle mondiale, nationale ou locale et le nombre de bandes – autant d’années – varie en fonction des données disponibles.

· Abstention massive, entrée en force de l’extrême droite à l’Assemblée, défaite de la ministre de l’écologie et élection de député·es écologistes ; alors que la récente vague de chaleur a rappelé l’urgence absolue à agir pour le climat, les raisons de se réjouir du résultat des législatives sont peu nombreuses. Mais elles existent. - Vert
· Cinq jeunes européen·es ont porté plainte devant la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) contre douze des États signataires du Traité sur la charte de l’énergie (TCE) - dont la France. Ratifié par la France en 1999, le TCE est un accord inter-gouvernemental dont l’objectif initial est de sécuriser les approvisionnements en énergie de ses parties prenantes. - Le Monde
· Après trois ans d’existence, le bar associatif, espace de co-working et tiers-lieu militant la Base ferme ses portes cette semaine. Reportage dans ce lieu qui aura vu éclore et grandir le mouvement pour le climat et la justice sociale à Paris à relire dans la quotidienne de vendredi.


· Les Colombien·nes ont élu pour la première fois un président de gauche, Gustavo Petro, et une vice-présidente noire, féministe et activiste écologiste mondialement reconnue, Francia Marquez. - Vert
· Alors qu’elles et ils viennent d’envoyer à l’Assemblée nationale une large majorité de députés libéraux, de droite et d’extrême droite, deux-tiers des Français·es considèrent que notre modèle économique n’est pas compatible avec la lutte contre le changement climatique et 73% pensent que la sobriété est une solution, révèle une étude de Parlons climat publiée ce mardi.
· Impliquer les élèves du CM1 à la 6ème dans une expérience interactive qui mêle éducation aux médias et à l’environnement : c’est l’ambition du projet pédagogique « les apprentis journalistes en quête du 7ème continent » imaginé par le Journal des Enfants (JDE) et la maison d’édition Epopia pour la rentrée de septembre 2022.

Vert, invité de l’Instant M de France inter
Certains médias ont choisi d’illustrer la vague de chaleur inédite qui a touche la Francela semaine dernière avec des images d’enfants qui jouent dans l’eau ou de Français·es qui déambulent dans des parcs. Un traitement médiatique que dénoncent de plus en plus d’expert·es du climat et des journalistes spécialisé·es, dont Loup Espargilière, rédacteur en chef de Vert, invité dans l’Instant M. Vert a d’ailleurs décrypté ce sujet il y a quelques jours, une analyse à lire ici.

+ Anne-Sophie Novel, Justine Prados, Juliette Quef et Anna Sardin ont contribué à ce numéro