À l’issue d’un scrutin historique, les Colombien·nes ont élu pour la première fois à la tête du pays un président de gauche, Gustavo Petro, et une vice-présidente noire, féministe et activiste écologiste mondialement reconnue, Francia Marquez.
« Le gouvernement […] sera celui de la vie, de la paix, de la justice sociale et de la justice environnementale », a promis Gustavo Petro. Cet ancien militant du mouvement de guérilla urbaine M-19, économiste, ex-maire de Bogota et sénateur socialiste a remporté l’élection présidentielle de ce dimanche. Le candidat du Pacte historique, une coalition de gauche lancée en 2021, a gagné face au candidat indépendant Rodolfo Hernandez, millionnaire surnommé « le Trump colombien » et qui a fait campagne sur le thème de la lutte contre la corruption.
Cette élection a aussi porté sur le devant de la scène Francia Marquez, colistière du candidat de gauche et désormais nouvelle vice-présidente colombienne. Cette avocate de 40 ans, militante écologiste, féministe et issue d’un milieu modeste, a joué un rôle clé dans la campagne de Gustavo Petro et mobilisé un électorat plutôt abstentionniste. Francia Marquez est engagée depuis l’âge de 15 ans dans la lutte contre les multinationales et la défense des droits des communautés afro-colombiennes.

En 2014, elle se fait connaître à l’international en organisant la « marche des turbans », lors de laquelle quelque 80 femmes avaient marché 500 kilomètres jusqu’au ministère de l’intérieur colombien pour protester contre les exploitations minières illégales qui polluent les rivières et menacent les communautés locales. Une opération dont elle ressort victorieuse, puisque le gouvernement s’est par la suite engagé à lutter contre l’orpaillage illégal. En 2018, elle reçoit le célèbre prix Goldman pour l’environnement, sorte de « Nobel de l’écologie », en récompense de son combat acharné pour la préservation des terres colombiennes.
Le duo Petro-Marquez a fait campagne sur le thème de la lutte contre les inégalités, mais aussi contre le dérèglement climatique. Elle et il ont été élu·es sur un programme écologique ambitieux, qui comprend notamment la fin de toute nouvelle exploration pétrolière et de l’extraction de charbon (Le Monde). Pour rappel, la Colombie est encore très dépendante de l’industrie pétrolière, qui représente environ 12 % de ses revenus.
Gustavo Petro et Francia Marquez devront cependant collaborer avec un parlement au sein duquel leur camp n’est pas en position de force. Malgré une percée historique du Pacte aux législatives de mars 2022, la coalition de gauche ne détient que la deuxième place de la Chambre des représentants colombienne. Ce qui ne manquera pas de ralentir la transition écologique promise par le duo gagnant.
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