Presque du climat. En prévision de la 28ème conférence mondiale (COP28) sur le climat, plusieurs organisations environnementales ont passé à la loupe l’avancée de la transition écologique mondiale. Sur 42 indicateurs analysés, 41 révèlent des tendances insuffisantes, très insuffisantes, voire carrément à contresens.
Parmi les temps forts de la COP28, qui débute le 30 novembre à Dubaï (Vert y sera), figure la validation du premier bilan mondial des progrès accomplis depuis la signature de l’Accord de Paris en 2015. En septembre, l’ONU a déjà averti que le résultat serait très loin du compte (notre article). Le rapport «State of Climate Action 2023» publié aujourd’hui par six organisations le confirme, avec force détails.
Le Climate Action Tracker, le World Resources Institute ou encore le fonds du milliardaire Jeff Bezos (Bezos Earth Fund) se sont associés pour comparer l’avancée de la transition écologique mondiale par rapport au rythme exigé par l’Accord de Paris pour maintenir le réchauffement climatique «aussi proche que possible de 1,5°C». Les sept secteurs d’activités examinés (électricité, industrie, transports, forêts, agriculture et finance) au travers de 42 indicateurs englobent environ 85% des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
Un seul de ces 42 indicateurs est aujourd’hui en ligne avec les exigences climatiques : la part de l’électrique dans les ventes de véhicules légers, passée de 2,8 % en 2020 à 10 % en 2022. Elle devrait donc atteindre les 100 % d’ici à 2035, se félicite le rapport. Six autres «hors des clous»et affichent une «tendance prometteuse, mais insuffisante», tels que le rythme d’installation d’énergies renouvelables, de reforestation ou de vente de véhicules électriques plus lourds.
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À l’inverse, 24 indicateurs sont jugés «totalement hors des clous» en raison d’une évolution «bien en deçà du rythme exigé». Ils vont du kilométrage de pistes cyclables à l’intensité carbone de la production de ciment ou d’acier, en passant par la consommation de viande ou la restauration des mangroves. Six indicateurs vont carrément à contresens, tels que l’augmentation des financements publics aux énergies fossiles ou la hausse du nombre de kilomètres parcourus en voiture. Cinq indicateurs ont des données trop parcellaires pour être examinés.
Pour se remettre sur les rails, les efforts à consentir sont parfois colossaux, avertissent les auteur·ices de l’étude. Par exemple, la sortie du charbon doit aller sept fois plus vite et se traduire par la fermeture d’environ 240 centrales à charbon par an jusqu’en 2030. La déforestation devrait décroître quatre fois plus vite et les financements alloués à la transition devraient progresser huit fois plus vite pour atteindre 490 milliards de dollars supplémentaires chaque année.
Photo d’illustration : Siarhei Palishchuk / Unsplash
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