Le mois de novembre amène avec lui son lot de déconvenues. Parmi elles, la chute des températures dans une bonne partie de la France hexagonale. Vous avez froid, et votre logement aussi. En 2024, la France comptait quelque 5,8 millions de passoires énergétiques. Ce sont des appartements ou maisons dotés d’une piètre isolation thermique, généralement classés F ou G dans le diagnostic de performance énergétique, le fameux «DPE».

Dans ces habitations, certain·es n’ont pas forcément les moyens financiers ou logistiques de faire des travaux pour mieux s’isoler. D’autant plus que le gouvernement a récemment durci les règles de Ma prime rénov, le dispositif d’aide à la rénovation. Celui-ci ne s’applique plus qu’à certains types de logements, et à certains travaux (notre article).

D’autres n’ont pas non plus les moyens (ni l’envie) de mettre le chauffage à fond. La part de Français·es qui déclarent avoir peiné à payer certaines factures de gaz ou d’électricité au cours des douze derniers mois a bondi de 28% en 2024 à 36% en 2025, selon les derniers chiffres de l’Observatoire national de la précarité énergétique publiés lundi, à la veille de la journée contre la précarité énergétique. Et pour cause, en 10 ans les prix du gaz et de l’électricité ont augmenté respectivement de 41% et de 23%. Or, deux tiers des Français·es se chauffent avec ces énergies, rappelait l’Agence de la transition écologique (Ademe) en 2022. Certaines pratiques low tech, qui valent pour tous les types de logement, peuvent toutefois aider les plus frileux·ses à traverser l’hiver. Le low tech («technologie douce», en français) vise à valoriser des techniques sobres, accessibles et à faible impact environnemental.

💦 Chasser l’humidité

«Aérez dix minutes par jour, même en hiver !», recommande l’Ademe. Un geste simple et «capital pour chasser l’humidité» et améliorer la qualité de l’air intérieur. Comme le rappelle Redouane Souni, ingénieur et membre de l’ancien studio de low tech Monstre, «l’humidité accélère la sensation de froid». Il conseille donc, pour celles et ceux qui le peuvent, d’ouvrir la fenêtre de la salle de bain après la douche et d’éviter que cette pièce communique avec le reste du logement afin d’empêcher la vapeur d’eau de se diffuser.

Cédric Carles, expert des questions énergétiques et fondateur de l’Atelier 21 (spécialisé dans les low techs), abonde : «Déshumidifier son logement est très important.» Auprès de Vert, il recommande de se munir d’un testeur d’humidité pour surveiller le taux intérieur et, si celui-ci est trop élevé, d’investir dans un déshumidificateur électrique pour préserver un air sain et une meilleure sensation de confort thermique.

💨 Limiter les fuites d’air

Installer des rideaux épais, recouvrir ses fenêtres de papier bulle… Tous les moyens sont bons pour atténuer la sensation de froid à la maison. L’un des principes essentiels, rappelle Redouane Souni, est de «limiter les fuites d’air». Sur le site de l’Atelier 21, on peut d’ailleurs apprendre à fabriquer soi-même un isolant pour fenêtres à partir de matériaux simples : du papier bulle, un sac sous vide, du ruban adhésif et une paire de ciseaux. Cédric Carles souligne aussi l’importance d’isoler le sol, «avec un tapis ou un carré de moquette», pour le rendre plus perméable au froid.

🇯🇵 Pour les longues soirées d’études : la technique «Kotatsu»

Autre solution : le Kotatsu. Cette ingénieuse invention japonaise remonte au 14ème siècle et vise à chauffer les personnes plutôt que la pièce entière. Concrètement, il s’agit d’une table basse recouverte d’une couverture épaisse, sous laquelle se cache un petit système de chauffage. Les plus geeks y verront même une opportunité : la tour d’ordinateur peut faire office de radiateur improvisé.

Cette solution low tech, à la fois simple et astucieuse, «permet, tout en restant assis, d’améliorer la qualité perçue du chauffage», souligne Redouane Souni. Cédric Carles renchérit : «La technique du Kotatsu est bien plus efficace qu’un radiateur classique, souvent placé à distance et qui finit par chauffer le plafond plutôt que les occupants. C’est un sniper énergétique, qui répond à un besoin très précis : travailler au chaud, sans gaspiller d’énergie.»

🛏️ Le sous-matelas chauffant et la bouillotte sèche

Vous l’aurez compris, cibler les usages est la clé pour se réchauffer sans faire exploser sa facture d’électricité. Alors, pour survivre aux froides nuits d’hiver, Cédric Carles recommande d’investir dans un sous-matelas chauffant. «C’est facile à acquérir et ça consomme très peu.» Avec ce type de matelas, plus besoin de chauffer le reste de la pièce. «On peut même glisser ses vêtements en dessous, et enfiler son jean à moindre peine en se réveillant !». L’expert confie utiliser «un modèle allemand, de la marque Beurer». Une pépite technologique que l’on peut acquérir moyennant 59 euros.

Pour les aficionados du Do it yourself («Fais le toi-même», en français), il est aussi possible de fabriquer sa propre bouillotte sèche pour se réchauffer la nuit. Pour ça, munissez-vous d’une étoffe de tissu et cousez-la en forme de pochette, puis mettez-y du riz cru, ou des noyaux de cerises pour un meilleur résultat. Quelques secondes au micro-ondes – ou au four – suffisent ensuite à la réchauffer.

🔥 Les capotes isolantes pour chauffe-eau

Avec cette technique, l’objectif n’est pas tant de se chauffer que de réduire sa facture d’électricité. Concrètement, il s’agit de recouvrir sa chaudière électrique d’une couverture de survie afin de limiter les déperditions de chaleur.

Cédric Carles le rappelle : «Un chauffe-eau maintient constamment sa température à 50 degrés. C’est comme un thermos ! Plus il est bien isolé, moins il a besoin de chauffer.» Sur YouTube, l’Atelier 21 a d’ailleurs mis en ligne un tutoriel détaillé expliquant la méthode, pas à pas.

👕 La technique ancestrale… du pull over

Enfin, s’il fallait encore le rappeler, se couvrir avec des vêtements chauds reste encore la meilleure option pour survivre aux basses températures d’hiver. «J’ai moi-même une collection entière de pulls de grand-mère», s’amuse Cédric Carles. Pour la matière, l’expert recommande la laine, ou le cachemire – plus onéreux «mais facile à trouver en seconde main». À l’inverse, il déconseille «tous les types de matériaux synthétiques».

🛠️ Quelques ressources pour aller plus loin

→ Le livre Le peuple des frileux, d’Olivier Jandot et Renan Viguié. Une «épopée» sur le rapport des humain·es à la chaleur. Un essentiel, selon Cédric Carles, qui insiste sur la nécessité de déconstruire notre addiction aux radiateurs.

→ L’Atelier 21 et ses multiples ateliers de formation.

→ Le Discord de Solidarité Énergétique, un serveur avec des canaux et ressources à destination des étudiant·es.