Le sondage

Qu’ils soient de gauche ou de droite, les Français en majorité favorables à «une accélération de la transition écologique»

Sondage de raison. Les Français·es sont de plus en plus inquiets face aux évènements climatiques extrêmes, dévoile un sondage Ipsos ce mardi. Que les sondé·es soient de gauche ou de droite, elles et ils souhaitent majoritairement une politique environnementale plus ambitieuse, alors que le gouvernement multiplie les reculs en la matière. On vous explique.
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À en croire certain·es politiques, les Français·es en auraient ras-le-bol de l’écologie. Ce n’est pourtant pas ce que démontre le sondage Ipsos publié ce mardi et commandé par le Réseau Action Climat (RAC), une coalition d’une trentaine d’associations engagées dans la lutte contre le dérèglement climatique. Peu importe leur positionnement sur l’échiquier politique, les Français·es veulent en majorité «une accélération de la transition écologique», révèle l’étude.

Les sondé·es jugent insuffisantes les politiques de lutte contre le changement climatique d’Emmanuel Macron. © Ibrahim Ezzat/Anadolu Agency via AFP

Réalisé auprès de 1 000 personnes, le sondage part, d’après le RAC, «d’une volonté d’y voir plus clair». D’un côté, l’ONG, par la voix de sa porte-parole Anne Bringault, observe une forme de «backlash environnemental», attribué à la droite et à l’extrême droite, c’est-à-dire une remise en cause des politiques environnementales. De l’autre, la mobilisation record liée aux 2,1 millions de signatures de la pétition contre la loi Duplomb cet été semble témoigner d’une réelle préoccupation écologique.

Une inquiétude transpartisane

Selon le sondage, le dérèglement climatique est toujours un sujet central pour les Français·es. Elles et ils sont 89% à se dire inquiet·es face à la hausse des événements climatiques extrêmes, que la quasi-totalité (91%) attribuent directement au changement climatique. Une préoccupation qui transcende les appétences politiques. Contrairement aux idées reçues, même les électeur·ices des Républicains (90%) et du Rassemblement national (84%) ne sont pas éloigné·es des considérations écologiques.

Pour Anne Bringault, cela s’explique par une confrontation de plus en plus concrète aux effets du dérèglement climatique dans le quotidien de chacun·e. «Les agriculteurs, par exemple, doivent faire face à des risques croissants de sécheresses, d’incendies et d’inondations», détaille-t-elle. La perception du risque imminent est plus forte que les différences de valeurs politiques.

Une politique écologique qui ne convainc pas

Dans ce contexte, les sondé·es jugent insuffisantes les politiques de lutte contre le changement climatique d’Emmanuel Macron et de ses différents gouvernements depuis 2017. 68% estiment qu’elles ne vont pas assez loin. Les derniers reculs environnementaux, comme la suppression des zones à faibles émissions (ZFE) votée par l’Assemblée nationale en mai dernier, ou encore la baisse des budgets alloués à la transition écologique, n’arrangent rien. Même au sein de la majorité présidentielle, 93% des sympathisant·es n’approuvent pas la trajectoire du président.

La majorité des sondé·es souhaitent la pérennisation des mesures écologiques déjà mises en place, même si elles représentent une hausse des coûts pour les pouvoirs publics. Par exemple, 87% sont favorables au maintien de l’objectif zéro artificialisation nette (ZAN) qui vise à ne plus construire de nouveau bâtiment sur des espaces naturels d’ici à 2050. La plupart sont aussi pour le maintien du dispositif MaPrimeRénov’, une aide de l’État pour que les ménages réalisent des travaux de rénovation de leur logement et réduisent leur facture d’énergie. Malgré un avis positif de la population, ses conditions d’accès ont été durcies depuis le 30 septembre.

Des pistes pour accélérer la transition

Les Français·es sont conscient·es de la période d’austérité budgétaire actuelle. Pour ne pas abandonner l’objectif de transition écologique, elles et ils se disent en faveur de nouveaux moyens de financement. 73% approuvent le développement d’une contribution spécifique des ménages les plus aisés et 72% souhaitent une hausse de la taxe sur le transport aérien pour diminuer les tarifs du train.

À quelques heures du discours de politique générale du premier ministre Sébastien Lecornu, ce mardi après-midi, la porte-parole du RAC espère que le gouvernement prendra en compte les résultats du sondage pour se reconnecter aux préoccupations environnementales des Français·es. Mais elle reste pessimiste : «Dans toutes ses récentes prises de parole, l’écologie n’est jamais mentionnée, ou seulement pour annoncer de nouvelles coupes budgétaires.»

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