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Qu’est-ce qu’on peut mettre dans son compost — ou pas — et pourquoi ?

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Com­post à la com­pote. L’entretien d’un com­post peut ressem­bler à un véri­ta­ble casse-tête pour certain·es. Le maître com­pos­teur Jean-Jacques Fasquel présente sa recette pour savoir ce que l’on peut y met­tre — ou pas — et garder un com­post sain et équili­bré.

Au com­mence­ment était le vert. La base du com­post, ce sont les ingré­di­ents organiques verts qui sont rich­es en azote, tels que les épluchures de fruits et légumes, le marc de café, les sachets de thé et les fleurs fanées. «Les tontes de gazon et les herbes fraîch­es sont à éviter dans un com­post, explique Jean-Jacques Fasquel, maître-com­pos­teur et coor­di­na­teur nation­al du réseau Com­post In Situ. Les vol­umes sont générale­ment trop impor­tants et trop rich­es en azote. Ils risquent d’étouffer le com­post et de le faire trop fer­menter.»

Pour don­ner de la con­sis­tance à notre recette, il faut impéra­tive­ment l’équilibrer avec des ingré­di­ents bruns et secs, rich­es en car­bone. Les plus com­muns sont les feuilles mortes, la paille, la sci­ure de bois, les feuilles d’essuie-tout ain­si que le car­ton et le papi­er non traités. «La règle dans le com­postage est sim­ple : pour chaque ajout de matière organique, il faut rajouter l’équivalent en matière sèche», décrit le maître-com­pos­teur.

Des petits extras peu­vent être ajoutés avec mod­éra­tion : coquilles d’œufs broyées, restes de fécu­lents, épluchures d’agrumes et autres fruits à coques sont à dis­pos­er de temps en temps et réduits en petits morceaux. «Les coquilles de noix ou de noisettes per­me­t­tent de créer des poches d’oxygène dans le com­post pour éviter la fer­men­ta­tion — qui induit les mau­vais­es odeurs — et faire respir­er les bac­téries et les micro-organ­ismes qui décom­posent la matière, explique Jean-Jacques Fasquel. Les épluchures d’agrumes sont décon­seil­lées dans les lom­bri­com­pos­teurs, mais pour toutes les autres méth­odes, il n’y a pas de prob­lème.»

Tout ce qui est vivant est compostable, mais pas partout

Les déchets non organiques tels que le plas­tique, le métal et le verre ne sont pas les bien­venus. «Les cap­sules de café et les sacs désignés comme com­posta­bles sont aus­si à éviter, rap­porte le pro­fes­sion­nel. Ils sont dif­fi­cile­ment dégrad­ables et sou­vent con­fon­dus avec les non-com­posta­bles.» Les piles, les pous­sières, les bou­chons de liège, les huiles et sauces ain­si que les excré­ments d’animaux sont aus­si à pro­scrire.

Pour d’autres matières organiques, cela dépend de votre mode de com­postage. Les vian­des, pois­sons et pro­duits laitiers sont décon­seil­lés dans les com­posts indi­vidu­els. «His­torique­ment, par pré­cau­tion, ces biodéchets sont inter­dits par les col­lec­tiv­ités, car quand c’est mal fait, cela dégage des odeurs plus fortes et attire les rongeurs», con­fie le coor­di­na­teur nation­al du réseau Com­post In Situ. Mais dans les com­posts partagés, bien gérés, il n’y a nor­male­ment pas de prob­lème à inté­gr­er de la viande cuite et des arêtes de pois­sons, par exem­ple. On part du principe que tout ce qui est vivant est com­postable», ajoute-t-il. Si vous utilisez un com­post partagé ou que l’on vient chercher vos biodéchets à votre porte, l’essentiel pour ne pas se tromper reste de se ren­seign­er auprès des respon­s­ables de la col­lecte ou de votre com­post col­lec­tif.

Pour la touche finale, aérez tous les ingré­di­ents : retournez-les en sur­face régulière­ment, arrosez un brin lorsque c’est trop sec, et n’hésitez pas à rajouter de la matière sèche si c’est trop humide. Enfin, soyez patient·es. Tout comme en cui­sine, le résul­tat final sera un fes­tin pour votre jardin, et vos plantes vous remercieront en vous offrant de belles récoltes.

Pho­to d’il­lus­tra­tion : Alexan­dre Car­ré / Vert