Le vert du faux

Quel mode de chauffage est le plus écologique ?

Chauffage, ô désespoir. Même allumé quelques semaines par an, le chauffage pèse lourd sur nos factures d'énergie et notre bilan carbone. Qu'on soit locataire ou propriétaire, cela vaut donc le coup de se pencher sur le sujet. Actions à mener et modèles à préférer : suivez le guide !
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Le saviez-vous ? Le chauffage représente à lui seul entre 60 à 75 % de notre facture d’énergie, selon l’Ademe. Gros poste de dépenses, c’est aussi un important point noir dans notre bilan carbone. Toujours selon l’Ademe, chacun·e d’entre nous émet en moyenne 1,5 tonne de dioxyde de carbone (CO2) par an juste pour rester au chaud. C’est près de 20 % de nos émissions annuelles (estimées à 8,9 tonnes en moyenne). A l’approche de l’hiver, voilà qui jette un froid !

Cet article est issu de notre rubrique Le Vert du faux. Idées reçues, questions d’actualité, ordres de grandeur, vérification de chiffres : chaque semaine, nous répondons à une question choisie par les lecteur·rices de Vert. Aujourd’hui, on se penche sur celle posée par Adeline sur Instagram : «Quel est le mode de chauffage le plus écolo ?». Si vous souhaitez voter pour la question de la semaine ou suggérer vos propres idées, vous pouvez vous abonner à la newsletter juste ici.

Heureusement, il existe des solutions pour se chauffer sans faire cramer la planète. D’ailleurs, les émissions du chauffage résidentiel ont déjà baissé d’un tiers depuis 1990. La quasi disparition du charbon et des chaudières au fioul y sont pour beaucoup. L’interdiction du gaz dans les logements individuels neufs depuis 2022 (et à partir de 2025 dans les copropriétés neuves) accentue encore la tendance.

Reste un panel d’alternatives écologiques à mettre en œuvre selon ses possibilités : les marges d’action sont généralement plus grandes si l’on est propriétaire que locataire, occupant d’une maison plutôt que d’un logement collectif. Des aides sont prévues pour compenser leur coût parfois élevé : évaluez vos droits sur France Renov.

1/ Le chauffage le plus écologique c’est celui qu’on n’allume pas

C’est une évidence qui vaut la peine d’être rappelée : même le chauffage le plus écologique n’est pas sans impact sur l’environnement, ne serait-ce que pour être fabriqué. Et même les technologies les plus économes ne peuvent pas faire de miracle sans précautions indispensables. S’assurer de la bonne isolation thermique de son logement est la première d’entre elles.

Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a d’ailleurs classé la rénovation parmi les gestes individuels les plus efficaces qui soient, derrière la vie sans voiture, sans viande et sans avion. En France, l’État a mis en place de (très) nombreuses aides à la rénovation, notamment pour les budgets modestes. La plupart sont destinées aux propriétaires mais les locataires peuvent aussi en mobiliser certaines.

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© Ademe

Si rénover votre logement vous est impossible, l’Ademe préconise quelques écogestes pour économiser l’énergie à la maison ou en copropriété, dont voici les plus efficaces :

👉 Baisser le chauffage de 1 °C réduit la consommation de chauffage de 7 %. La température idéale est de 19-21 °C dans les pièces de vie, 17°C dans les chambres, toujours selon l’Agence.

👉 Installer un thermostat programmable pour moduler la température des pièces en fonction des besoins (jour/nuit, absences…) peut faire réaliser jusqu’à 15 % d’économie de chauffage.

👉 Empêcher la chaleur de s’échapper en tirant les volets/rideaux la nuit, en fermant les portes des pièces peu chauffées, etc.

👉 Essayer la «slow heat» qui consiste à réchauffer les corps plutôt que les pièces : chaussons, plaids mais aussi objets chauffants (plancher/matelas/couverture ou même tapis de souris).

👉Aérer 5 à 10 minutes par jour (même en hiver) car cela réduit le taux d’humidité du logement. L’air plus sec est plus facile à chauffer.

Classement des logements français par classe de DPE, selon l’Ademe.

2/ Le chauffage solaire : possible dans toute la France

Le chauffage solaire est le plus écologique de tous, tout simplement car son fonctionnement n’émet aucun gaz à effet de serre. Et, contrairement aux idées reçues, il y a suffisamment de soleil partout en France pour envisager son installation. Toutefois, quel que soit l’endroit, il ne peut couvrir que 40 à 60 % des besoins de chauffage d’un foyer. Il doit donc toujours être combiné avec un autre type de chauffage.

Les capteurs solaires doivent être installés sur le toit, au sol (sur un châssis), sur un mur ou un balcon bien exposé. La chaleur est ensuite transmise (via un échangeur thermique) au système de chauffage central, au plancher chauffant et/ou au chauffe-eau.

Son installation est intéressante en construction neuve ou lorsque le logement est déjà équipé d’un système de chauffage central, sinon les travaux à mener risquent d’être trop conséquents.

Le solaire thermique est une bonne option en logement collectif mais la prise de décision doit passer par un vote en assemblée générale des copropriétaires.

Une pompe à chaleur aérothermique (qui prélève la chaleur dans l’air) © Flickr

3/ Pompe à chaleur : la solution qui monte

Comme son nom l’indique, la pompe à chaleur (ou PAC) puise des calories à l’extérieur du logement pour les restituer à l’intérieur (les explications de Jamy). Si le principe est toujours le même, on distingue les PAC selon leur “lieu” de prélèvement/restitution de la chaleur : on parle ainsi de PAC air/air, air/eau, sol/sol, sol/eau, eau/eau, etc.

Bien qu’elles fonctionnent à l’électricité, les PAC ne sont pas considérées comme du chauffage électrique mais comme une énergie renouvelable. En effet, selon l’Ademe, une PAC génère en moyenne quatre fois plus de chaleur qu’elle ne consomme d’électricité.

Les PAC aérothermiques (qui puisent les calories dans l’air) sont les plus simples à installer car elles ne nécessitent pas de gros œuvre. En revanche, leur performances peuvent être affectées lors des périodes de très grand froid ou très humides. Les PAC géothermiques (qui puisent la chaleur dans le sol ou l’eau) sont plus performantes mais (beaucoup) plus chères et nécessitent d’avoir du terrain (pour enterrer les capteurs).

La pompe à chaleur peut s’installer en appartement mais il faut l’accord de la copropriété et de la mairie pour installer l’unité extérieure. Elle peut aussi être intéressante en chauffage central dans les copropriétés de petite à moyenne taille mais les solutions techniques manquent au-delà de 50 logements.

Le site impactCO2.fr permet de calculer la quantité de CO2 émise pour chauffer un logement selon son mode de chauffage (en 2020, la taille moyenne des logements est de 93,2 m2). © Ademe

4/ Le chauffage au bois : sous conditions

Le chauffage au bois est historiquement le plus économique. Il peut également être très écologique à condition de dire adieu aux vieux appareils (plus de 15 ans) et aux cheminées à foyer ouvert ! Malgré leur charme incomparable, la combustion du bois y est très incomplète ce qui se traduit par un rendement énergétique faible (85 % de la chaleur est perdue) et l’émission de grandes quantités de polluants, notamment des particules fines nocives pour la santé.

Un chauffage au bois performant peut prendre la forme d’une chaudière (chauffage central) ou d’un poêle (chauffage décentralisé), utilisant des bûches ou des granulés. Les granulés ont un pouvoir calorifique plus élevé que les bûches d’environ 25% et proviennent à 96% de déchets de scierie, ce qui les rend plus écologiques.

A noter : le bois est une énergie renouvelable à condition que la ressource se renouvelle suffisamment. En France, la forêt a cru de presque 50 % en trente ans et le bois-énergie constitue environ la moitié des prélèvements, selon l’inventaire forestier national. Si le chauffage au bois ne menace pas la forêt pour l’instant, il faudra surveiller une tendance inquiétante à long terme qui est la fragilisation de celle-ci par les effets du changement climatique (sécheresse, feux, maladie).

5/ Le chauffage électrique : avec modération

Peu volumineux, abordables et faciles d’utilisation, les chauffages électriques décentralisés sont encore très prisés. En outre, la production d’électricité est décarbonée à 96% en France, ce qui les classent parmi les chauffages les moins émetteurs.

Ce n’est pas une raison pour gaspiller de l’énergie (et de l’argent) en choisissant des appareils énergivores ! Les convecteurs (surnommés “grille pain”) et panneaux rayonnant sont à éviter (sauf pour des petites pièces) au profit de radiateurs dit à inertie qui emmagasinent et diffusent la chaleur plus longtemps.

Coût global annuel chauffage + eau chaude pour un logement (70 m²) construit entre 2005 et 2012. ©France Chaleur Urbaine

6/ Les réseaux de chaleur : une solution écologique en devenir

Les réseaux de chauffage urbain distribuent de l’eau chaude (destinée aux radiateurs, planchers chauffants…) produite par une ou plusieurs chaufferies via des canalisations souterraines de plusieurs kilomètres. En théorie, toutes les habitations situées sur son tracé peuvent s’y raccorder. En pratique, cette possibilité est surtout réservée aux grands consommateurs, dont les copropriétés.

Historiquement alimentés au fioul et au charbon, ces réseaux fonctionnent de plus en plus aux énergies renouvelables (géothermie, solaire, bois,…) et de récupération (incinération des déchets). Leur part a doublé depuis 2009 et représentait 63% de l’approvisionnement en 2021, le reste est composé majoritairement de gaz. L’Etat vise 80% à 2035.

Des réseaux de chaleur gérés par les collectivités existent dans la plupart des grandes villes mais ils restent insuffisamment développés et ne couvrent que 5 % des besoins en chaleur du pays. Dans sa programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) à 2035, l’État espère passer de 1,3 million de logements raccordés en 2020 à entre 5,8 et 6,7 millions en 2035.


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