En octobre dernier, le gouvernement avait annoncé un «effort historique» de 1,6 milliard d’euros supplémentaire afin d’inciter à la rénovation de quelque 200 000 passoires thermiques en 2024 – l’équivalent, en une seule année, des rénovations globales effectuées depuis janvier 2020, selon le gouvernement. Depuis le 1er janvier 2024, les aides à la rénovation thermique des logements sont renforcées.
L’enjeu est de taille : «le rythme actuel de rénovation du parc résidentiel est insuffisant pour tenir les objectifs de baisse des émissions sur le long terme et l’objectif d’éradication des passoires thermiques d’ici 2028», avait rapporté le Haut conseil pour le climat au mois de juin. C’est aussi une priorité sociale pour aider les ménages modestes qui subissent de plein fouet les effets de la hausse des prix de l’énergie.
Favoriser les rénovations d’ampleur
En 2022, sur les 660 000 ménages qui ont bénéficié de MaPrimeRénov’, 600 000 n’ont réalisé qu’un seul geste de travaux – isoler son toit, changer ses fenêtres ou sa chaudière -, selon le commissariat général au développement durable. Pris indépendamment les uns des autres, ces actions ne sont pas suffisantes pour diminuer sa consommation d’énergie. «La rénovation globale a eu du mal à démarrer : les acteurs privés préféraient distribuer des pompes à chaleur sans vision globale, car c’était compliqué, explique à Vert Baudouin de la Varende, cofondateur du bureau d’études thermiques Ithaque. Mais le monogeste n’est pas efficace pour économiser de l’énergie».
Cette année, vous pourrez toujours changer votre chaudière et bénéficier d’une aide MaPrimeRénov’, mais seulement si vous vivez dans un logement déjà bien isolé. Sinon, à partir du mois de juillet, vous devrez d’abord vous diriger vers le parcours de rénovation d’ampleur qui comprend une combinaison de différents types de travaux. Objectif : faire remonter votre habitation d’au moins deux lettres dans l’alphabet – une habitation classée F devrait ainsi atteindre la lettre D du diagnostic de performance énergétique (DPE).
Plus qu’une seule prime
Auparavant, plusieurs primes pouvaient se cumuler pour les rénovations globales – celles du gouvernement et celles des fournisseurs d’énergie au titre des certificats d’économie d’énergie (CEE). Un casse-tête pour les usager·es. Désormais, un seul dossier doit être déposé auprès de l’Agence nationale de l’habitat (ANAH).
Les montants des aides, qui varient en fonction des revenus, ont été renforcés. Pour un couple sans enfant qui dispose de revenus intermédiaires (35 000€), l’agence affirme qu’une aide de 30 256 € pourra être versée pour 53 200 € de travaux, contre 21 085 € auparavant. Pour un couple avec enfant aux revenus très modestes, le taux de financement des travaux s’élèvera à 85% pour 70 140€, contre 48% l’an passé. Les propriétaires occupants les plus modestes peuvent désormais bénéficier d’un remboursement de 90% du montant des travaux, dans la limite de 70 000€.
Un guide des aides financières 2024 de l’Anah permet de s’y retrouver.
Un accompagnateur rénov’ obligatoire
Pour aider à la rénovation d’ampleur, un accompagnateur rénov’, agréé par l’État, est désormais obligatoire. Ces expert·es indépendant·es, et payant·es, peuvent être des architectes, des opérateurs publics ou des cabinets spécialisés. Elles et ils sont chargé·es de vous aider à obtenir les aides MaPrimeRénov’, à trouver des artisans et vérifier la qualité des travaux. Leur prestation est prise en charge à 100% pour les revenus très modestes, dans la limite de 2000€, à 80% pour les ménages modestes, 40% pour les revenus intermédiaires et 20 % pour les ménages aisés.
Notre guide pour se relancer
1) Estimez le montant des aides
Munis de votre revenu fiscal de référence, qui figure sur votre dernier avis d’imposition, déterminez à quel barème vous appartenez. Par exemple, un ménage de deux personnes hors région parisienne, sera considéré comme «modeste» si son revenu fiscal se situe entre 24 875€ et 31 889€.
En fonction de votre projet de rénovation, des petits travaux à une rénovation d’ampleur, vous pourrez estimer le montant des aides auxquelles vous avez droit.
2) Trouvez un conseiller près de chez vous
Contactez le guichet de France rénov – le service public de rénovation de l’habitat – le plus proche de chez vous. Celui-ci vous mettra en relation avec un accompagnateur agréé pour construire votre projet de rénovation et réaliser un audit énergétique.

3) Obtenez des devis auprès des artisans
Avant toute demande de prime rénovation, il vous faudra dégoter des devis. Votre accompagnateur rénov, dans le cadre d’une rénovation d’ampleur, ou votre conseiller France rénov, peuvent vous y aider. Un annuaire des artisans RGE (Reconnus Garants de l’Environnement) est accessible en ligne.
4) Déposez une demande d’aide MaPrimeRénov’
Rendez-vous sur le site de MaPrimeRénov’ et suivez, pas à pas, les indications. Attention, pour obtenir la prime, les travaux ne doivent pas avoir débuté ; celle-ci est versée à la fin. Néanmoins, une avance peut être attribuée aux ménages modestes pour payer les acomptes des artisans.
5) Demandez le versement de MaPrimeRénov’
À l’issue des travaux et après une deuxième visite de votre accompagnateur rénov’, vous pourrez demander le versement des aides et payer les artisans. Et profiter d’un logement rénové!
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Photo d’illustration : © Milivoj Kuhar / Unsplash