Comme chaque année, de nombreuses mesures entrent en application au 1er janvier. Tour d’horizon des nouveautés 2024 en matière d’écologie.
Le compostage devient obligatoire
Prévue par la loi antigaspillage (AGEC) de 2020, la généralisation du tri des biodéchets est entrée en vigueur au 1er janvier. En théorie, les déchets organiques ne peuvent désormais plus être jetés dans les ordures ménagères. En réalité, les pouvoirs publics avaient jusqu’au début de l’année pour mettre en place des solutions de tri accessibles à tous les ménages. Ces biodéchets peuvent être collectés à domicile ou dans des bornes partagées installées par les collectivités. Pour l’instant, le compte n’y est pas vraiment, puisque l’Agence de la transition écologique (Ademe) estime que seul un tiers des Français·es dispose d’une solution de tri des déchets alimentaires (notre article).
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Le bonus réparation se renforce
Instauré fin 2022, le bonus réparation s’étoffe en 2024. Ce dispositif financier vise à réduire le coût des réparations afin d’inciter les particuliers à ne pas se séparer de leurs appareils électriques ou électroniques au moindre dysfonctionnement. Son montant a doublé pour cinq appareils (machine à laver, lave-vaisselle, sèche-linge, aspirateur, télé) au 1er janvier et il a augmenté de cinq euros pour une vingtaine d’autres produits. Les forfaits peuvent désormais atteindre 60 euros, selon les appareils. 24 nouveaux équipements y sont également éligibles, portant à 73 le nombre de produits concernés (voir le détail ici). Autre nouveauté : la «casse accidentelle», notamment sur les écrans de téléphone, devient éligible avec 25 euros déductibles de la réparation.
Des voitures électriques à louer pour 100 euros par mois
«L’écologie à la française, c’est cela» : en décembre, Emmanuel Macron a annoncé concrétiser l’une de ses promesses de campagne dès le 1er janvier, en ouvrant un dispositif de leasing (location avec option d’achat) de véhicules électriques à 100 euros par mois pour les ménages les plus modestes. Les véhicules concernés doivent présenter un «score environnemental minimal» lié à l’empreinte carbone de leur production. Plusieurs critères sont nécessaires pour profiter de cette offre dès maintenant : le revenu fiscal de référence (par personne au sein du ménage) ne doit pas dépasser 15 400 euros par an ; les actifs doivent vivre à au moins quinze kilomètres de leur travail ou parcourir plus de 8 000 kilomètres chaque année dans le cadre de leur activité ; et la location doit durer au moins trois ans. Il est prévu que cette offre soit élargie courant 2024 à tous les ménages dont le revenu fiscal ne dépasse pas 15 400 euros. Problème : seuls 20 000 véhicules devraient être disponibles cette année, bien loin des 100 000 alors promis par le candidat Macron.
MaPrimeRénov’ évolue
L’enveloppe allouée à la transition énergétique des logements s’étoffe de 1,6 milliard d’euros pour atteindre un budget total de 5 milliards en 2024. Le dispositif MaPrimeRénov’ a désormais pour objectif de soutenir les rénovations complètes des logements plutôt que de petits ajustements. Les aides pour ces rénovations d’ampleur peuvent atteindre jusqu’à 70 000 euros pour les foyers les plus modestes, avec une prise en charge allant jusqu’à 90% des travaux. Le financement des pompes à chaleur passe de 1 000 à 2 000 euros pour «les ménages aux revenus modestes et intermédiaires», et le dispositif prend en charge les rénovations autour du confort des logements en été. Des moyens renforcés qui visent à atteindre 200 000 rénovations thermiques en 2024, nécessaire pour atteindre les objectifs de 2030. Soit plus de deux fois plus qu’en 2023.
Le Nutri-score devient plus strict
Le mode de calcul du Nutri-score, l’étiquetage nutritionnel – et ses notes de A à E – présent sur de nombreux emballages alimentaires, évolue. Un choix justifié par la volonté de s’aligner avec les recommandations scientifiques européennes. L’algorithme est désormais plus sévère avec les produits particulièrement riches en sucre ou en sel. La viande rouge, ainsi que certains plats préparés et céréales de petit déjeuner, voient leur note rétrogradée, tandis que les aliments complets (pain, pâtes, riz) sont dorénavant mieux valorisés. Malheureusement, ce score demeure facultatif et seules quelques 60% des marques décident de l’afficher sur leurs emballages. Certains industriels ont même décidé de le retirer de leurs produits après ce durcissement – au grand dam du nutritionniste Serge Hercberg, à l’origine du Nutri-score. «Ils jouent la transparence quand ça les arrange et quand leur business semble être mis en cause par une meilleure évaluation de leurs produits, à ce moment-là, ils ne sont plus d’accord. C’est tout à fait regrettable», a-t-il réagi auprès de France info. Pour certain·es expert·es, cette note devrait être rendue obligatoire pour offrir aux consommateur·rices une plus grande transparence sur leurs achats alimentaires.
Les Zones à faibles émissions poursuivent leur déploiement
Début janvier, les règles se durcissent concernant la circulation de vieux véhicules diesel dans les Zones à faibles émissions (ZFE) instaurées dans les métropoles de Lyon, Grenoble, Strasbourg et certaines communes de la métropole de Montpellier. Les véhicules disposant d’une vignette Crit’Air 4 (les voitures diesel immatriculées entre 2001 et 2005 et les deux-roues datant de 2000 à 2004) en sont désormais bannis. À ce jour, onze métropoles ont entamé la mise en place de ZFE, chacune selon leur propre calendrier. Ce dispositif a pour objectif d’enrayer la pollution de l’air, responsable de 40 000 décès chaque année d’après Santé publique France, dans les zones fortement urbanisées. Bon nombre d’automobilistes déplorent l’injustice des ZFE et le poids disproportionné qu’elles font peser sur les personnes les plus modestes résidant en périphéries, qui ne sont pas en mesure d’acheter des véhicules neufs moins polluants.
Photo d’illustration : © The EnergySmart Academy / Flickr