Le vert du faux

Comment rendre son logement écologique quand on n’a pas trop les moyens ?

Si de nombreux·ses Français·es voudraient vivre dans un logement plus écolo, beaucoup craignent aussi que cela ne leur coûte trop cher. Économies d’énergie, récup’ et plantes pas chères… Nos astuces pour faire au mieux avec un budget réduit.
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Mission : rénovation

La réno­va­tion énergé­tique des bâti­ments est dev­enue une obses­sion nationale, avec des objec­tifs de cen­taines de mil­liers de loge­ments à rénover chaque année pour attein­dre la neu­tral­ité car­bone de la France (l’équilibre entre les gaz à effet de ser­res émis et ceux que l’on peut absorber) à l’horizon 2050. Alors que le bâti­ment représente 27% des émis­sions de CO2 et près de 45 % de la con­som­ma­tion d’énergie finale en France – ces opéra­tions néces­saires sont sou­vent lour­des, com­plex­es et coû­teuses pour les par­ti­c­uliers.

Si l’on est un pro­prié­taire mod­este, avec les bonnes aides et bien accom­pa­g­né, on peut rénover son loge­ment à un prix décent. Franck Bil­leau est fon­da­teur de Réseau Eco Habi­tat, un dis­posi­tif unique lancé en France il y a dix ans qui accom­pa­gne les pro­prié­taires les plus mod­estes dans les Hauts-de-France. Il se veut ras­sur­ant : «De l’ar­gent, il y en a. La com­plex­ité, c’est de mobilis­er tous les acteurs pour réu­nir l’argent néces­saire. Il y a plein de petits guichets à action­ner. Les finance­ments vont être dif­férents selon les per­son­nes, la sit­u­a­tion famil­iale et le degré de dégra­da­tion du loge­ment, explique-t-il. Notre rôle, c’est bien de tir­er la meilleure par­tie de tous les finance­ments et de les agréger».

Un tra­vail de four­mi basé sur le mon­tage de dossiers qui prend en moyenne une année et per­met de men­er à bien des réno­va­tions com­plètes qui coû­tent plusieurs dizaines de mil­liers d’euros. En France, d’autres struc­tures, comme celles réu­nies dans le col­lec­tif Stop à l’exclusion énergé­tique, peu­vent égale­ment apporter une aide pré­cieuse.

Réemployer des matériaux de chantier

Réu­tilis­er des matéri­aux de chantier pour rénover son chez-soi ? C’est désor­mais à la portée de chacun·e grâce aux plate­formes de réem­ploi. Dans le Grand Est, par exem­ple, le site reemployez.fr pro­pose de met­tre en lien pro­fes­sion­nels et par­ti­c­uliers pour éviter le gâchis et réduire les fac­tures. Il y a aus­si l’application Cycle Zéro qui per­met de récupér­er gra­tu­ite­ment des matéri­aux de con­struc­tion sur des chantiers proches de son domi­cile.

De petits aménagements possibles

Pas besoin de se lancer dans des travaux d’ampleur pour avoir un impact, veut croire Fan­ny Fanou, fon­da­trice de Geomin­nov’, une entre­prise qui aide par­ti­c­uliers et pro­fes­sion­nels à réduire leur con­som­ma­tion d’énergie.

Des amé­nage­ments sim­ples et peu onéreux peu­vent déjà faire la dif­férence. Par exem­ple, installer des rideaux épais devant ses fenêtres pour faire bar­rière et lim­iter l’entrée du froid ; fer­mer ses volets dès que c’est pos­si­ble, ou encore garder les portes clos­es pour main­tenir la chaleur dans les pièces. Mieux plac­er ses radi­a­teurs peut égale­ment jouer sur la capac­ité à faire des économies d’énergie. «Je con­seille tou­jours de ne pas utilis­er en pri­or­ité les radi­a­teurs situés sous les fenêtres, qui vont essen­tielle­ment chauf­fer l’air froid qui ren­tre. Il faut plutôt allumer les autres radi­a­teurs pour chauf­fer les murs du loge­ment», détaille Fan­ny Fanou.

Cet ensem­ble de petits gestes peut per­me­t­tre d’économiser entre 10 et 15% d’énergie, a cal­culé la spé­cial­iste de la réno­va­tion énergé­tique. «Une seule action, c’est bien, mais c’est vrai­ment la mul­ti­pli­ca­tion de ces petites actions qui fait qu’on arrive à réduire sa con­som­ma­tion», résume Fan­ny Fanou.

Économiser l’eau goutte que goutte

Si la ques­tion énergé­tique est évidem­ment cen­trale dans l’impact envi­ron­nemen­tal d’un loge­ment, elle ne fait pas tout. De nom­breux trucs et astuces per­me­t­tent de s’équiper de manière plus écologique et à prix réduit ou de lim­iter l’u­til­i­sa­tion de ressources liées à la vie quo­ti­di­enne.

Alors qu’un·e Français·e utilise 148 litres d’eau par jour en moyenne (dont 39% pour ses besoins d’hygiène), il est facile de réduire sa con­som­ma­tion à bas coût. Installer des mousseurs sur les robi­nets et le pom­meau de douche (trou­vables pour moins de quinze euros) peut réduire le débit d’eau jusqu’à 50%, comme l’expliquait l’Agence de la tran­si­tion écologique (Ademe) à Vert. Geste gra­tu­it et pour­tant par­ti­c­ulière­ment effi­cace, pass­er de dix à cinq min­utes sous la douche peut économiser jusqu’à 35 litres d’eau.

Chiner comme jamais

Il vous faut un nou­veau range­ment et vous voulez éviter les géants de l’ameublement ? Il existe une infinité de moyens pour récupér­er du mobili­er con­tre quelques dizaines d’euros, voire pour rien. Il y a, bien sûr, le réseau des bric-à-brac d’Emmaüs, présents partout en France et qui pro­posent une infinité de meubles, de la vais­selle, etc. Le réseau Envie, fort de ses 52 entre­pris­es à tra­vers la France, pro­pose de l’électroménager de sec­onde main retapé par des salarié·es en inser­tion. Aux beaux jours, les vide-gre­niers et autres vide-maisons per­me­t­tent aus­si de s’équiper effi­cace­ment. Et, dans les grandes villes, jeter un œil sur les encom­brants déposés sur les trot­toirs peut réserv­er de très bonnes sur­pris­es.

Des plantes à petit prix

Qui n’aime pas avoir des plantes chez soi ? Out­re l’intérêt esthé­tique évi­dent, végé­talis­er son loge­ment per­met aus­si de puri­fi­er son air intérieur. De nom­breuses plantes absorbent les pol­lu­ants présents dans l’atmosphère (rejetés par nos pro­duits ménagers, notre mobili­er, etc) et par­ticipent à un envi­ron­nement plus sain.

Les jar­diner­ies mènent régulière­ment des opéra­tions de dés­tock­age pour brad­er leurs inven­dus ; il suf­fit de se ren­seign­er dans les enseignes à prox­im­ité.

Pour les citadin·es par­fois rebuté·es par les prix de cer­tains fleuristes, l’entreprise Plantes pour tous pro­pose des végé­taux à prix fix­es dans leurs jar­diner­ies à Paris et à Lyon. Elle organ­ise aus­si des ventes éphémères dans de nom­breuses villes français­es. Pour les Parisien·nes, elle brade aus­si des «paniers anti-gaspi» chaque semaine pour redonner une sec­onde vie à des plantes en manque d’amour.

Cet arti­cle est issu de notre rubrique Le vert du faux. Idées reçues, ques­tions d’actualité, ordres de grandeur, véri­fi­ca­tion de chiffres : chaque jeu­di, nous répon­drons à une ques­tion choisie par les lecteur·rices de Vert. Si vous souhaitez vot­er pour la ques­tion de la semaine ou sug­gér­er vos pro­pres idées, vous pou­vez vous abon­ner à la newslet­ter juste ici.

Pho­to d’illustration : Los Muer­tos Crew/Pexels