«Shein n’est pas un modèle d’avenir, c’est une impasse.» 83 député·es, emmené·es par Sandrine Le Feur, présidente (Ensemble pour la République) de la commission du développement durable de l’Assemblée nationale, réclament «l’interdiction de Shein sur le territoire français» pour «protéger les travailleurs, la santé publique et la planète», dans un texte publié le 23 novembre dans La Tribune Dimanche.

Avec l’installation début novembre d’une boutique de la firme d’ultra-fast fashion au BHV, grand magasin parisien, «ce n’est pas la mode qui se démocratise, c’est Shein qui se dédiabolise», plaident les parlementaires. Parmi elles et eux, nombre de député·es Ensemble pour la République, aux côtés entre autres de Marie-Noëlle Battistel (Parti socialiste), Anne-Cécile Violland (Horizons), Josiane Corneloup (Les Républicains) ou encore Erwan Balanant (MoDem).
«Le visage le plus brutal de la fast fashion (…) s’offre une respectabilité de façade», mais cela ne peut «masquer l’envers du décor alors qu’il détruit la planète, nos emplois et la santé des consommateurs», jugent les signataires. «Une mesure s’impose : l’interdiction de Shein sur le territoire français», assurent-ils et elles, accusant notamment le géant de la mode jetable de «concurrence déloyale» ou encore d’inonder le marché de «produits toxiques».
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«Puisque le débat ne peut plus se contenter d’indignation, la commission du développement durable de l’Assemblée nationale a convoqué les dirigeants de Shein pour enfin les entendre sur leurs pratiques, rappellent les député·es. Une audition qu’ils avaient tenté d’esquiver.»
Les dirigeants de Shein bientôt entendus par la justice et le Parlement
Initialement prévue le 26 novembre, cette convocation a été décalée au 2 décembre, la plateforme de e-commerce ayant expliqué ne pas être en mesure d’honorer le premier rendez-vous en raison d’une audience judiciaire. La plateforme est effectivement convoquée mercredi matin devant le tribunal judiciaire de Paris, qui devra statuer sur la suspension du site en France après la découverte de la vente de poupées sexuelles d’apparence enfantine et d’armes de catégorie A.
Shein avait déjà décliné une audition le 18 novembre devant la mission d’information sur les contrôles des produits importés en France, évoquant cette même échéance judiciaire.
Par ailleurs, mercredi dernier, 12 fédérations du commerce et de l’industrie et 100 marques françaises ont annoncé attaquer Shein en justice pour «concurrence déloyale», afin d’obtenir «réparation des préjudices» imputés au géant du e-commerce. L’action est portée devant le tribunal de commerce d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), où une audience est prévue le 12 janvier 2026 pour fixer le calendrier de la procédure.
Une proposition de dépôt d’une résolution européenne a également été déposée la semaine dernière à l’Assemblée par des député·es de tous bords – exceptés les groupes La France insoumise, Rassemblement national et Union des droites pour la République – réclamant plus de fermeté envers certaines plateformes. Elle sera examinée mercredi 26 novembre. Shein s’est déjà vu infliger cette année en France trois amendes d’un total de 191 millions d’euros, notamment pour fausses promotions et informations trompeuses.