Trois mois ont séparé l’audience du délibéré. Jeudi, six des huit militant·es écologistes d’Extinction rebellion qui avaient participé, en 2024, à une action de désobéissance civile sur un site du groupe chimique Arkema, ont été relaxé·es en appel à Lyon. Les deux autres ont été condamnés à 300 euros d’amende, notamment pour «rébellion» contre les forces de l’ordre.

Lors du premier procès – où les huit militant·es étaient poursuivi·es pour «participation à un groupement en vue de la préparation de violences ou de dégradations», elles et ils avaient déjà été relaxé·es. Le tribunal avait estimé que les poursuites représentaient «une ingérence disproportionnée dans l’exercice de la liberté».
L’action de désobéissance civile avait eu lieu en mars 2024. Plusieurs centaines de personnes s’étaient introduites sur le site d’Arkema, classé «Seveso seuil haut» pour les risques d’accidents majeurs qu’il représente (notre article). Cet industriel est accusé d’avoir contaminé le sud de Lyon aux PFAS, des polluants ultra-persistants dans l’environnement et toxiques pour les humains (ils favorisent notamment l’apparition de cancers et altèrent la fertilité).
«On n’a jamais douté de la légitimité de notre présence ce jour-là»
Huit personnes avaient été interpellées. Trois sur un parking à l’extérieur du site, quelques minutes avant le début de l’action, et cinq après avoir déployé une banderole depuis le toit de l’usine. Sur leur passage, elles et ils avaient fendu des grillages, cassé des fenêtres et tagué sur les murs «Arkema nous empoisonne».
Après la relaxe des militant·es en première instance, Arkema et le parquet avaient fait appel de la décision, le 5 juillet dernier. Lors de leur deuxième comparution, le 12 février, les militant·es étaient entrés dans la salle d’audience poings levés, sous les applaudissements de leurs soutiens (notre article). Quatre à six mois de prison avec sursis avaient été requis à leur encontre, ainsi que 53 650 euros de dommages et intérêts.
Le délibéré rendu jeudi confirme celui rendu en première instance. Une décision qui consacre «la liberté d’expression politique et la liberté de manifester, et donc la liberté de dénoncer des pollueurs», s’est félicité l’avocat des militant·es, Olivier Forray. Éline, 37 ans, militante relaxée, a confié : «On n’a jamais douté de la légitimité de notre présence ce jour-là.»
À lire aussi
-
Brignais, une ville modèle face à la pollution de l’eau aux PFAS : la chronique de Juliette Quef dans la Terre au carré
Aller eau de là. Cette semaine, la présidente de Vert se penche sur le cas de Brignais, une commune du Rhône qui a su faire face à la contamination de l’eau aux polluants éternels… et qui veut aller encore plus loin. -
BASF, Solvay, Arkema, TotalEnergies… les dix usines qui émettent le plus de PFAS en France
PFAS au mur. Dans un rapport publié mardi, l’ONG Générations futures révèle l’identité des plus gros émetteurs de ces «polluants éternels» en France. Vert dresse une liste des dix plus mauvais élèves.