Depuis sa création le 28 mars 1924, celle qui s’appelait alors la Compagnie française des pétroles a su garder son cap en toutes circonstances. Sans jamais céder aux sirènes des scientifiques. Y compris ses propres experts qui, dès 1971, alertaient en interne sur les «conséquences catastrophiques» de l’exploitation du pétrole sur le climat. Les courageux patrons avaient soigneusement mis ce rapport à la poubelle afin qu’il ne tombe pas entre de mauvaises mains.
Dernier représentant de cette lignée de capitaines d’industrie hors pair, Patrick Pouyanné n’en a cure, lui non plus, des avis des scientifiques, opposant «la vraie vie» à leurs soporifiques et terrifiants rapports. Lui qui la connaît si bien, la vraie vie, du haut de ses 7 millions d’euros de revenus annuels.
Alors, certes, son service communication a bien tenté de s’abriter derrière les scientifiques du Giec ou de l’Agence internationale de l’énergie pour leur faire dire que nous aurions encore besoin de pétrole à l’avenir. C’est parfaitement faux, mais il faut bien faire passer la pilule de la hausse de la production de gaz et de pétrole prévue par TotalEnergies pour les prochaines années.
Au passage, vous l’aurez noté, c’est «Énergies» avec un «s», pour que tout le monde comprenne bien que Total ne fait plus seulement du pétrole. Même si la firme produit des dizaines (et des dizaines) de fois plus d’énergies fossiles que de renouvelables.
Petit ombre à ce tableau : Patrick Pouyanné dit publiquement qu’il se projette dans un monde réchauffé de 3 à 3,5 degrés à la fin du siècle. De quoi pulvériser la limite de 1,5°C fixée par tous les Etats du globe signataires de l’Accord de Paris en tapissant la planète de ses «bombes carbone».
Fidèle à sa ligne et seul contre tous ; une posture cohérente avec son projet de pipeline géant en Ouganda et en Tanzanie, qui menace 1 400 kilomètres carrés d’espaces naturels et a déjà déplacé 100 000 personnes, violant allègrement leurs droits humains.
Qu’on se rassure, en 2124, grâce à la politique de Total, qui s’appellera probablement TotalWind ou TotalGreen, il n’y aura plus grand monde à déplacer en Afrique de l’Est. Et nos descendants auront la chance de vivre au quotidien dans un film digne de Mad Max.
N’en déplaise aux scientifiques, aux riverains des oléoducs et aux vivants en général, longue vie à TotalEnergies !