Il a mon âge, mais il pourrait être mon grand-père : à 34 ans, Gabriel Attal mène une politique d’un autre temps. Jugez plutôt.
Depuis trois mois qu’il est locataire de Matignon, l’ancien militant socialiste a :
Abandonné l’indicateur qui montrait l’augmentation de la consommation de pesticides depuis 15 ans, pour adopter celui, réclamé par la FNSEA, qui laisse croire à une diminution. Au mépris des avis des scientifiques, notamment de l’Inrae, censés éclairer les décisions politiques.
Interdit par décret, alors que la consommation de bidoche augmente en France, d’appeler «steak» ou «saucisse» des produits végétaux, au motif que cela induirait en erreur les client·es et ferait de la concurrence aux producteurs de viande. Précisons que l’appellation «fruits de mer» reste autorisée.
Supprimé le repas végétarien hebdomadaire à la cantine de l’hôtel de Matignon, instauré par Elizabeth Borne avant lui.
Réduit d’un milliard d’euros l’enveloppe de MaPrimeRénov’, qui doit soutenir les ménages dans la rénovation thermique de leur logement.
Dit «vouloir continuer à permettre le développement de la maison individuelle en France». Un modèle ultra-gourmand en terres et en ressources de tout genre, qui aggrave les crises du climat et de la biodiversité.
Déclaré : «La voiture est gage de travail et de liberté». Il s’en est d’ailleurs pris aux partisans de l’«écologie de la brutalité», qui voudraient «priver de voiture» les Français. Ce qu’absolument personne ne propose aujourd’hui. Gabriel Attal pratique volontiers la technique de l’épouvantail, qui consiste à caricaturer la position de ses adversaires (mais de qui parle-t-il vraiment ?) pour la rendre indéfendable.
A pris un jet privé de la république pour inaugurer un éco-quartier.
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Viande, pesticides, voiture, avion, mais aussi uniforme, sécurité, droits sociaux… Gabriel Attal aurait fait un excellent premier ministre sous la présidence de Georges Pompidou. À ceci près que dans les années 1970, personne ne se serait hasardé à dire que l’extrême droite se situait dans l’arc républicain.
S’il est la preuve que l’âge biologique ne fait rien à l’affaire, espérons que notre Premier ministre se rappellera qu’il est encore assez jeune pour assister aux pires conséquences de la crise climatique et de l’effondrement du vivant, et qu’il a, plus qu’aucun autre de sa génération, les moyens d’agir pour enrayer la catastrophe.
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