Qui l’eut crue. Routes coupées, trains interrompus, ponts effondrés, un millier de personnes évacuées, des vaches emportées par le courant… ce jeudi, des pluies violentes ont généré des scènes de chaos dans plusieurs départements du sud-est de la France – dont l’Ardèche, la Loire et la Haute-Loire, la Lozère ou encore le Rhône.
Signe du déluge qui s’est abattu, plus de 600 millimètres d’eau (soit soixante centimètres) sont tombés sur l’Ardèche entre mercredi et jeudi. En altitude, la station de mesures de La Croix de Bozon a même enregistré 842 millimètres de pluie en 48h, un seuil «historique» d’après l’association Infoclimat, qui regroupe des météorologues bénévoles.
Les inondations ont été particulièrement brutales dans ce département, et plus encore à Annonay, commune de 16 000 habitant·es située au nord, qui s’est rapidement retrouvée sous les eaux jeudi matin. La ville avait déjà fait l’objet d’un plan de prévention des risques renforcé à la suite d’inondations en 2014. Jeudi, les installations de ce plan ont été dépassées par la hauteur et l’impact de ces soudaines intempéries, a indiqué la ministre de l’Écologie, Agnès Pannier-Runacher, sur BFMTV. Le département de la Loire a également subi d’importants dégâts, dont des coulées de boue et l’effondrement de deux ponts.

Aucune victime humaine de ces intempéries n’est à déplorer. Ce vendredi matin, plus aucun département ne se trouve en vigilance rouge, mais 18 demeurent en vigilance orange pour «crues» ou «pluie-inondation» dans la moitié sud du pays.
Le mois de septembre le plus arrosé depuis 25 ans
On doit ces intempéries à un «épisode cévenol», du nom de ce phénomène météorologique spécifique aux Cévennes qui a le plus souvent lieu durant l’automne. À cette saison, la mer Méditerranée est encore chaude et les remontées humides génèrent des précipitations intenses et des orages soudains, bloqués au-dessus de la région par les reliefs montagneux.
La situation a été aggravée par la forte saturation en eau des sols, qui ont connu le mois de septembre le plus arrosé depuis 25 ans. Les sols sont alors incapables d’absorber le surplus d’eau, qui déferle et entraîne des inondations en cas de fortes précipitations.
«Nous faisons face à une situation inédite par son ampleur […] c’est du jamais-vu», a ajouté Agnès Pannier-Runacher, soulignant que le dérèglement climatique rendra ces épisodes de plus en plus courants. Ce à quoi le climatologue Christophe Cassou a rétorqué via X : «Regarder dans le rétroviseur pour l’adaptation et la gestion de risque est gage d’impréparation. Raisonner en temps de retour n’est pas pertinent dans un climat qui change».
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