Hors cible (Off target, en anglais dans le texte), c’est le titre cinglant du bilan publié ce mardi par le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) à propos des engagements climatiques des États. Et pour cause : «Les projections actuelles de réchauffement mondial s’élèvent désormais à 2,3-2,5°C, contre 2,6-2,8°C dans le rapport de l’année précédente», tance le PNUE. Et ce, «en supposant la mise en œuvre complète» des feuilles de route des États (les CDN, en jargon onusien). Il y a dix ans, les projections entrevoyaient un réchauffement encore plus catastrophique de 3 à 3,5 degrés Celsius (°C) par rapport à l’ère préindustrielle (milieu du 19ème siècle).

«Cette année, dix ans après l’adoption de l’Accord de Paris sur le climat, les pays devaient remettre de nouveaux engagements, que beaucoup espéraient être un tournant décisif en matière d’ambition et d’action, mais cela ne s’est pas matérialisé», a expliqué à la presse la directrice du PNUE Inger Andersen.
Pire, au 30 septembre 2025, seuls 60 pays (sur 195) avaient soumis ou annoncé de nouvelles CDN avec des objectifs pour 2035. Parmi eux, seulement sept membres du G20, alors que ce groupe des pays les plus riches représente à lui seul 77% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. «Le G20 n’est pas sur la trajectoire de ses propres objectifs pour 2030 et ses émissions ont encore augmenté de 0,7% en 2024», regrette le PNUE.
«Des solutions existent»
Parmi les plus gros émetteurs, manquent notamment les engagements de la Chine, de l’Inde et de l’Union européenne. Les États-Unis de Joe Biden sont parvenus à soumettre leur feuille de route avant l’arrivée de Donald Trump, mais leur retrait prochain de l’Accord de Paris devrait plomber les projections d’au moins 0,1°C, prévient le PNUE.
Dans ce contexte, le Programme estime que le seuil fatidique de +1,5°C de réchauffement par rapport à l’ère préindustrielle (prévu par l’Accord de Paris) sera dépassé au cours de la décennie. «L’enjeu majeur est de rendre ce dépassement temporaire et minimal», martèle le rapport, car «chaque fraction de degré évitée réduit les dommages, pertes et impacts sanitaires».
Pour y parvenir «des solutions éprouvées existent déjà», insiste Inger Andersen, citant le développement des énergies renouvelables devenues moins chères que leurs équivalents fossiles, ou la réduction des fuites de méthane de l’industrie fossile, qui agiraient rapidement sur le réchauffement climatique.
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