Dans l'actu

La BNP Paribas mise en demeure de cesser de financer des « bombes climatiques »

  • Par

Rends l’argent. Les ONG Oxfam, les Amis de la Terre et Notre affaire à tous ont envoyé une let­tre de mise en demeure à BNP Paribas afin que la banque cesse tout nou­v­el investisse­ment dans les éner­gies fos­siles. Une pre­mière étape avant une éventuelle action en jus­tice, au nom de la loi sur le devoir de vig­i­lance des entre­pris­es.

Après Total­En­er­gies, c’est la banque BNP Paribas qui va devoir ren­dre des comptes à la société civile. Mer­cre­di, les ONG Oxfam, les Amis de la Terre et Notre affaire à tous ont envoyé une mise en demeure à la banque afin que celle-ci mette un terme à tout nou­v­el investisse­ment dans des pro­jets pétro-gaziers. La banque porte « une respon­s­abil­ité énorme » dans la crise cli­ma­tique, s’est indignée la direc­trice générale d’Oxfam, Cécile Duflot, lors d’une con­férence de presse à Paris, ce mer­cre­di matin.

Plus de 43 milliards d’euros investis dans les énergies fossiles depuis 2016

Selon le rap­port Bank­ing on Cli­mate Chaos, la BNP Paribas serait le pre­mier financeur européen et le cinquième mon­di­al des indus­tries fos­siles. Rien qu’entre 2016 et 2021, le groupe a investi plus de 43 mil­liards d’eu­ros dans les huit prin­ci­pales com­pag­nies pétrolières et gaz­ières d’Eu­rope et des Etats-Unis. Par­mi elles, Total­En­er­gies, à l’o­rig­ine du pro­jet Eacop : un gigan­tesque oléo­duc qui tra­verserait plusieurs réserves naturelles entre Ougan­da et la Tan­zanie, entrainant le déplace­ment d’en­v­i­ron 118 000 per­son­nes. Le géant pétroli­er doit com­para­ître devant la jus­tice en décem­bre suite à une assig­na­tion en jus­tice de la part de six ONG qui dénon­cent une « bombe cli­ma­tique » (notre arti­cle).

Le cour­ri­er adressé à son directeur général, Jean-Lau­rent Bon­nafé, rap­pelle « les con­séquences par­ti­c­ulière­ment graves et irréversibles d’un réchauf­fe­ment supérieur à 1,5 °C — par rap­port aux niveaux préin­dus­triels — est sus­cep­ti­ble de causer à l’environnement, à la san­té et à la sécu­rité des per­son­nes et aux droits humains ».

Pour rap­pel, l’Agence inter­na­tionale de l’énergie et les Nations unies ont indiqué que pour lim­iter le réchauf­fe­ment cli­ma­tique à 1,5 degré, objec­tif que se sont fixés la qua­si-total­ité des États du monde en adop­tant l’accord de Paris en 2015, il faudrait aban­don­ner tout nou­veau pro­jet fos­sile.

Les activistes des Amis de la Terre et d’Alternatiba ont déployé leur ban­de­role après avoir éclaboussé les march­es du Palais Broignart de pein­ture noire à l’ouverture du Cli­mate Finance Day, jeu­di 27 octo­bre 2022. © Gabrielle Trottmann/ Vert

En plus d’arrêter de financer des pro­jets cli­mati­cides, les ONG exi­gent « davan­tage de trans­parence » de la part de la banque sur ses investisse­ments, comme l’a pré­cisé François de Cam­bi­aire, asso­cié au cab­i­net Seat­tle Avo­cats.

La mise en demeure s’appuie sur la loi sur le devoir de vig­i­lance de 2017, qui engage les grandes entre­pris­es à prévenir les atteintes graves aux droits humains, aux lib­ertés fon­da­men­tales, à la san­té, à la sécu­rité des per­son­nes, et à l’environnement qui pour­raient naître de leurs activ­ités. La BNP a désor­mais trois mois pour se met­tre en con­for­mité, avant une éventuelle assig­na­tion en jus­tice. Une péti­tion a égale­ment été mise en ligne pour soutenir l’action des ONG.

La BNP fait l’ob­jet d’une autre mise en demeure au nom de son devoir de vig­i­lance depuis le 17 octo­bre : trois ONG, dont Notre affaire à tous, lui reprochent de soutenir le géant de l’in­dus­trie agroal­i­men­taire Mar­frig, accusé de con­tribuer à la déforesta­tion au Brésil.