Souris vert(e). Les partis de gauche, qui ont fait de l’écologie une priorité, sont arrivés en tête du second tour des législatives, devant l’extrême droite climatosceptique. Un résultat nécessaire à la poursuite de la transition en France, en Europe et dans le reste du monde.
«Ce soir, nous respirons à nouveau», a commenté le directeur général de Greenpeace France, Jean-François Julliard, peu après l’annonce des résultats. «C’est un énorme soulagement et une victoire pour la démocratie, les droits humains et la planète», a‑t-il salué. Après des semaines d’une campagne délétère, bien d’autres défenseur·ses de l’environnement ont pu savourer ce résultat, à l’instar de Laurence Tubiana, Cyril Dion ou encore Camille Etienne.
Déjouant tous les pronostics, l’alliance du Nouveau front populaire est arrivée loin devant le Rassemblement National. Ce sera donc prioritairement le programme de la gauche, où la transition écologique et sociale tiennent une place de choix, qui sera mis en œuvre. Malgré une poussée historique, l’extrême droite n’aura pas le poids suffisant pour imposer ses propositions plus que rétrogrades en la matière.
Au passage, bon nombre de candidat·es RN ostensiblement climatosceptiques n’ont pas passé la barre du second tour. C’est le cas par exemple d’Estelle Chevallier, qui assurait que «la terre se réchauffe d’elle-même, naturellement» et qu’«on est encore en ère glaciaire» ; de Marie-Christine Sorin, qui dénonce le «terrorisme climatique» ou encore de Florent de Kersauson qui a entrepris de débusquer les «12 mensonges du GIEC» dans un livre complotiste totalement délirant. Retrouvez ici notre compilation de leurs plus belles dingueries.
Soulagement international
Même soulagement hors des frontières hexagonales, où le second tour était tout aussi scruté. À Bruxelles, le spécialiste des politiques climatiques européennes Neil Makaroff se félicite que «les Français [aient] barré la route du pouvoir à l’extrême droite et à la menace qu’elle faisait peser sur la démocratie, la construction européenne et la transition écologique», a commenté le directeur de Strategic Perspectives et expert à la fondation Jean Jaurès.
Depuis l’annonce de la dissolution de l’Assemblée, le 9 juin dernier, il alertait sur le risque, pour l’Union européenne, de voir la France tomber aux mains de l’extrême droite. «Si la France venait à être gouvernée par le Rassemblement national, alors la transition écologique n’aurait plus de majorité au Conseil de l’Union européenne [organe co-législateur, qui réunit les ministres de chaque pays membre, NDLR]. Toute idée d’une stratégie industrielle européenne serait impossible à concrétiser, tout comme les mesures d’accompagnement social, ou un plan d’investissement commun en Europe», avait-il prévenu dès juin.
«Aujourd’hui, le monde avait les yeux rivés sur la France», a commenté de son côté la spécialiste des négociations climatiques internationales Friederike Roder, de l’ONG Global Citizen. «En tant que membre du G7 et deuxième économie de l’Union européenne», la France est en capacité de jouer un rôle majeur dans ces négociations, dont la 29ème conférence mondiale (COP29) sur le climat, qui se tiendra à Bakou (Azerbaïdjan) en novembre prochain. L’arrivée du RN aurait sérieusement compromis ce rôle. À l’inverse, se félicite Friederike Roder, la défense des ambitions climatique à l’international fait partie des sujets «soutenus autant par le Président Emmanuel Macron que par le Nouveau Front populaire».