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Crise du monde agricole : la semaine de tous les possibles

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Sur la paille. À qua­tre jours de l’ouverture du Salon de l’agriculture à Paris, la mobil­i­sa­tion du monde agri­cole rebon­dit pour faire pres­sion sur le gou­verne­ment de Gabriel Attal. Compte à rebours d’une semaine déci­sive.

• Le début de semaine a été mar­qué par le retour des man­i­fes­ta­tions et des opéra­tions de blocage. Lun­di, à Mar­seille, une cinquan­taine de véhicules agri­coles ont défilé, les manifestant·es prenant pour cible les locaux de l’Agence régionale de san­té (ARS), puis ceux de la Direc­tion régionale de l’environnement, de l’aménagement et du loge­ment (Dreal), où du fumi­er a été déver­sé.

Dans la Sarthe, des agricul­teurs ont arrêté des camions pour con­trôler leurs car­gaisons des­tinées à des can­tines. Des dizaines de super­marchés ont été pris pour cible dans les Hautes-Pyrénées.

• Ce mar­di, le prési­dent Emmanuel Macron reçoit les représen­tants des syn­di­cats agri­coles majori­taires — la Fédéra­tion nationale des syn­di­cats d’ex­ploitants agri­coles (FNSEA) et les Jeunes agricul­teurs (JA). «La colère des agricul­teurs est tou­jours là. Ce n’est pas parce que les gens sont repar­tis dans les exploita­tions que le sujet est ter­miné», a aver­ti Arnaud Rousseau, le prési­dent de la FNSEA, sur Europe 1.

• Mer­cre­di, le Pre­mier min­istre Gabriel Attal pren­dra la parole. La loi Egal­im et les négo­ci­a­tions sur les accords com­mer­ci­aux seront au menu de la con­férence de presse du Pre­mier min­istre. De même que des annonces sur la réécri­t­ure du pro­jet de loi agri­cole du gou­verne­ment. Cette loi d’ori­en­ta­tion «en faveur du renou­velle­ment des généra­tions en agri­cul­ture», atten­due depuis des mois, doit stat­uer sur l’installation des jeunes, la trans­mis­sion des exploita­tions, l’éducation et la for­ma­tion.

Le 7 févri­er dernier, lors d’une audi­tion devant la com­mis­sion des affaires économiques du Sénat, le prési­dent des Jeunes agricul­teurs, Arnaud Gail­lot, insis­tait pour une présen­ta­tion rapi­de du texte au par­lement, à l’été. «Il ne faut pas que cette loi soit reportée à Noël», avait-il déclaré.

Le 19 févri­er 2024 à Mar­seille. © Clé­ment Mahoudeau/AFP

Dès ven­dre­di, la sécu­rité sera «portée à son max­i­mum» au parc des expo­si­tions de la porte de Ver­sailles, à la veille de l’inauguration du Salon inter­na­tion­al de l’agriculture (SIA) par Emmanuel Macron. De quoi faire face à d’éventuels blocages, a fait savoir le Cen­tre nation­al des expo­si­tions et con­cours agri­coles (Ceneca), qui gère l’évènement. Ren­dez-vous annuel depuis 1964, le SIA attend 600 000 per­son­nes du 24 févri­er au 3 mars pour sa 60ème édi­tion.

• Same­di, Emmanuel Macron est atten­du de pied ferme par les représentant·es du monde agri­cole. «Il va for­cé­ment y avoir un comité d’ac­cueil. Ce sera pour mon­tr­er que le monde agri­cole est encore très ten­du, a prévenu Rémi Dumas, vice-prési­dent des Jeunes agricul­teurs, à La Dépêche ce mar­di. Nous atten­dons des paroles fortes de la part d’Em­manuel Macron et surtout que ce soit suivi d’actes con­crets».

• Si vous avez man­qué les épisodes précé­dents. La colère du monde agri­cole, qui cou­vait depuis l’automne, a pris un tour décisif début 2024 avec des blocages peu partout en France et en Europe (notre arti­cle). Les reven­di­ca­tions sont nom­breuses : sim­pli­fi­ca­tion des normes, respect de la loi Egal­im qui vise à garan­tir un revenu décent aux exploitants agri­coles, pause sur la règle­men­ta­tion des pes­ti­cides, con­trôles des impor­ta­tions des den­rées agri­coles pour éviter la con­cur­rence déloyale (notre arti­cle).

Début févri­er, le gou­verne­ment de Gabriel Attal a pro­posé une série de mesures (notre arti­cle) pour répon­dre à la mobil­i­sa­tion paysanne, qui touche aus­si l’Europe.