Bilan Carbonne. Aides d’urgence, taxes sur les carburants, diminution des contrôles… Le Premier ministre Gabriel Attal s’est engagé sur une dizaine de mesures pour faire face à la mobilisation des agriculteurs.
Depuis Carbonne (Haute-Garonne), avec un ballot de paille en guise de pupitre, le chef du gouvernement, Gabriel Attal, a promis ce vendredi de «mettre l’agriculture au-dessus de tout». À l’approche du Salon de l’agriculture (24 février‑3 mars), un «grand mois de la simplification» a été lancé.
Simple comme bonjour ?
Il s’agit de «respecter toutes les dispositions de la loi Egalim», censée garantir des revenus suffisants aux paysans. L’exécutif a également promis de mieux protéger le secteur des effets des accords de libre-échange négociés au niveau européen – tout particulièrement celui entre l’Union européenne et le Mercosur — le marché sud-américain. Objet de négociations depuis 1999 entre l’UE, le Brésil, l’Argentine, le Paraguay et l’Uruguay, ce texte signé en 2019 n’a toujours pas été ratifié. Les agriculteurs français craignent qu’il ne provoque un afflux de produits agricoles à bas prix sur le marché national.
Parmi les premières mesures promises aux paysans : l’annulation de la hausse de la taxe sur le gasoil non routier (GNR) ; le soutien financier, via le déblocage d’aides d’urgence, aux fermes de Bretagne touchées par la récente tempête Ciaran, aux éleveurs bovins frappés par la maladie hémorragique épizootique (MHE) et aux exploitations bio en difficultés — une première enveloppe de 50 millions d’euros est prévue pour ces dernières.
Autre mesure annoncée vendredi, à partir du 1er juillet, la remise de la TICPE (la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques) sera appliquée directement sur la facture pour permettre aux exploitants de ne plus avoir à avancer les frais.
Sur le plan environnemental, l’allègement est le mot d’ordre de Gabriel Attal : pour la protection des haies, un seul cadre sera désormais en vigueur, contre plus d’une dizaine aujourd’hui ; les équipes de l’Office français de la biodiversité vont passer sous l’autorité des préfets et verront leurs interventions redéfinies lors de discussions au moment du Salon de l’agriculture. Les contrôles administratifs subiront une cure d’amaigrissement, avec une unique visite annuelle dans les exploitations.
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Pour la FNSEA, syndicat agricole majoritaire en France à la tête de la gronde, ces premières annonces ne suffisent pas et ont été qualifiées de «mesurettes». Mercredi 24 janvier, la FNSEA et le syndicat des Jeunes agriculteurs avaient fait parvenir au gouvernement leur feuille de route, intitulée «Retrouver une liberté d’entreprendre».
Le texte s’organise autour de trois revendications : dignité dans l’exercice des métiers agricoles ; juste rémunération ; conditions d’exercice acceptables de ces métiers.
Il s’agit notamment d’assouplir la règlementation environnementale (sur les pesticides, l’eau, les jachères et les contrôles conduits par l’Office français de la biodiversité) et de soutenir l’élevage. Autant de directions problématiques pour lutter contre le réchauffement et l’érosion de la biodiversité, comme le rappelle le tout récent rapport du Haut Conseil pour le climat paru le 25 janvier (notre article).
Prochain rendez-vous : ce mardi 30 janvier, avec de nouvelles annonces de Gabriel Attal à l’occasion de son discours de politique générale, qui feront suite aux blocages organisés ce lundi dans plusieurs grandes villes françaises.
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