Décryptage

Crise des agriculteurs : une semaine décisive s’ouvre après l’entrevue entre la FNSEA et le gouvernement

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Tracteur des comptes. Après une ren­con­tre de deux heures lun­di soir entre Arnaud Rousseau, le patron du syn­di­cat agri­cole français majori­taire et le Pre­mier min­istre Gabriel Attal, le gou­verne­ment a promis des annonces con­crètes et rapi­des pour ten­ter d’apaiser la gronde agri­cole.

Une mobil­i­sa­tion qui va se pour­suiv­re et s’intensifier ces prochains jours dans l’attente que le gou­verne­ment sat­is­fasse les deman­des sur les dossiers les plus chauds… À l’issue de sa ren­con­tre de deux heures avec le Pre­mier min­istre Gabriel Attal ce lun­di soir, Arnaud Rousseau, le prési­dent de la FNSEA, syn­di­cat agri­cole majori­taire en France, s’est dit sat­is­fait et déter­miné : «Le Pre­mier min­istre nous a écoutés très large­ment. […] Aus­si longtemps que nous n’aurons pas de déci­sions con­crètes […] il n’y aura pas de lev­ée des actions menées sur ter­rain».

Arnaud Rousseau (à droite), le prési­dent de la FNSEA et Arnaud Gail­lot, le prési­dent du syn­di­cat Jeunes agricul­teurs, le lun­di 22 jan­vi­er après leur entre­vue en soirée avec Gabriel Attal à Matignon. © Dim­i­tar Dilkoff/AFP

Dans un point presse organ­isé après cette ren­con­tre, le min­istre de l’Agriculture Marc Fes­neau a recon­nu la néces­sité de rétablir «la con­fi­ance et la cohérence» dans la ges­tion de cette crise des agricul­teurs qui touche la France et l’Europe (notre arti­cle). Il a notam­ment promis des mesures de «court terme» sur la ques­tion des jachères : la poli­tique agri­cole européenne (PAC) prévoit en effet que 4% des ter­res arables soient lais­sées au repos, une mesure forte­ment cri­tiquée par la FNSEA.

Par­mi les nom­breux dossiers sur la table des négo­ci­a­tions fig­urent aus­si l’encadrement des prix des matières pre­mières agri­coles, la fin des avan­tages fis­caux sur les car­bu­rants, ou la ges­tion de la mal­adie hémor­rag­ique épi­zoo­tique qui touche les éle­vages bovins.

«Dans ce fatras, deux choses impor­tantes doivent attir­er notre atten­tion, décrypte pour Vert Xavier Hol­landts, enseignant-chercheur en stratégie au sein de l’école de com­merce Kedge BS et spé­cial­iste de l’agriculture. Il y a tout d’abord la ques­tion de la garantie des revenus agri­coles pour les agricul­teurs français qui n’est tou­jours pas réglée. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les effets des lois EGal­im 1 et 2 [visant à pro­téger leurs revenus, NDLR] tar­dent à se faire sen­tir. L’autre point con­cerne la dimen­sion réac­tion­naire de ce mou­ve­ment agri­cole européen, qui s’arc-boute sur les ques­tions écologiques et a dans son viseur le Green Deal». Cet ensem­ble d’initiatives pro­posées par la Com­mis­sion européenne a pour objec­tif de ren­dre l’Eu­rope cli­ma­tique­ment neu­tre d’ici 2050.

Dans cette poussée des forces agri­coles con­ser­va­tri­ces, de la FNSEA à la Coor­di­na­tion rurale, c’est bien la ques­tion de la bas­cule vers des modes de pro­duc­tion plus durables et plus sobres (en pro­duits phy­tosan­i­taires et en eau) qui se trou­ve une nou­velle fois com­pro­mise.