Décryptage

Que retenir des 35 mesures du gouvernement pour pérenniser le secteur agricole en France ?

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À labour. Vendredi 15 décembre, le ministre de l’agriculture Marc Fesneau a détaillé les grandes lignes du «pacte d’orientation pour le renouvellement des générations en agriculture». Si les mesures sont nombreuses, leur mise en œuvre reste pour l’heure plutôt vague.

Début décembre 2022, le gouvernement lançait une consultation nationale pour l’élaboration de son projet de «pacte et de loi d’orientation et d’avenir agricoles». Réalisée au printemps 2023, cette consultation se déclinait en un questionnaire ouvert à tous·tes sur Internet et un autre destiné aux seuls jeunes des établissements d’enseignement agricole. Plus de 44 000 personnes ont répondu au premier et 2500 au second.

Un an plus tard, ce vendredi 15 décembre, le ministre de l’agriculture Marc Fesneau a présenté les initiatives phares retenues pour le pacte, depuis le lycée agricole d’Yvetot, en Normandie. Le texte sera discuté par les député·es et les sénateur·rices au premier trimestre 2024.

Au menu de cette nouvelle feuille de route, une trentaine de mesures pour répondre à quatre défis majeurs auxquels doit faire face l’agriculture française : œuvrer à la réconciliation entre agriculture et société ; faire émerger une nouvelle génération d’agriculteurs ; reconcevoir les systèmes de production des exploitations agricoles et les systèmes de production à l’échelle des filières. «C’est une intention intéressante ! Nous attendons des mesures concrètes pour la compétitivité de nos métiers», a commenté Luc Smessaert de la FNSEA, le plus puissant syndicat agricole français.

Marc Fesneau, ministre de l’agriculture et de la Souveraineté alimentaire © Xavier Remongin / Agriculture.gouv.fr

Au cœur des préoccupations et de ces nouvelles orientations, le choc démographique qui attend le secteur : d’ici à 2030, la moitié des agriculteur·ices seront en âge de partir à la retraite. En 2021, on comptait 500 000 exploitant·es et coexploitant·es agricoles en France, soit 1,5% de la population active (contre 7% dans les années 1980). Même effritement du côté des exploitations : elles étaient moins de 400 000 en 2021, contre 1,5 million en 1970. Pour contrer les effets de ce déclin, le gouvernement souhaite installer 150 000 nouveaux agriculteur·ices dans la décennie à venir.

Le pacte veut rendre la filière plus attractive auprès des jeunes et les inciter à s’y engager : une campagne de communication fera prochainement la promotion des «métiers du vivant», des stages seront organisés de l’école élémentaire au lycée pour que les élèves découvrent ces métiers ; en 2025, un «bachelor agro» (niveau bac +3) devrait être créé.

Côté biodiversité et climat, le pacte propose la mise en place d’ici 2026 de «stress tests climatiques» pour évaluer la viabilité des projets agricoles face aux dérèglements climatiques. Ces stress tests permettront-ils au secteur agricole français, tout à la fois important contributeur et l’une des premières «victimes» du réchauffement et du recul du vivant, d’éviter le crash test climatique ?

«Ce pacte entérine et renforce le modèle agro-industriel qui fait pourtant la démonstration de son incapacité à répondre aux enjeux de revenu, d’installation et de transition agro-environnementale», a réagi dans un communiqué le syndicat agricole Confédération paysanne, déplorant l’absence de mesures sur la question de l’acquisition des terres agricoles, pourtant l’un des principaux leviers pour faciliter l’installation des futur·es agriculteur·ices en France.