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Condamnée pour «dénigrement» des vins de Bordeaux, la militante Valérie Murat a réuni les 125 000 euros nécessaires pour faire appel

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Jusqu’à la lie. La mil­i­tante et son asso­ci­a­tion Alerte aux tox­iques (ATT) ont réus­si à récolter 125 000 euros pour pou­voir faire appel et repren­dre la parole dans un dossier sen­si­ble con­cer­nant l’usage de pes­ti­cides dan­gereux en viti­cul­ture.

Sur le site de cagnottes en ligne Gofundme, l’objectif est désor­mais atteint pour la page «Sou­tien à AAT & sa porte-parole Valérie Murat». 125 000 euros ont été récoltés, qui per­me­t­tront à l’association et à sa porte-parole de faire appel auprès de la cour de jus­tice de Bor­deaux.

En févri­er 2021, le tri­bunal judi­ci­aire de Libourne (Gironde) avait con­damné ATT au paiement de cette lourde somme pour «dén­i­gre­ment col­lec­tif» des vins de Bor­deaux. Portée par le Con­seil inter­pro­fes­sion­nel du vin de Bor­deaux (CVIB) et 25 autres plaig­nants, cette action visait le retrait d’un dossier de presse con­tenant les analy­ses de résidus de pes­ti­cides de 22 bouteilles de vins — prin­ci­pale­ment de Bor­deaux — label­lisés Haute valeur envi­ron­nemen­tale (HVE).

Valérie Murat, le ven­dre­di 27 octo­bre 2023 à Bor­deaux. © Val La Mue / Gofundme

Dans une inter­view don­née en novem­bre 2021, Valérie Murat soulig­nait que le juge­ment n’avait pas porté sur le fond de l’affaire, c’est-à-dire la présence — attestée — de pes­ti­cides dan­gereux dans des vins label­lisés HVE, mais sur le fait que sa démarche avait «sali les vins de Bor­deaux avec des con­tenus volon­taire­ment anx­iogènes».

Assor­ti d’une exé­cu­tion pro­vi­soire, «le juge­ment du tri­bunal de Libourne oblig­eait AAT et sa porte-parole à pay­er sol­idaire­ment la somme avant même une audi­ence devant la Cour d’appel», rap­pelle l’association.

Mis en place en 2012 à la suite du Grenelle de l’environnement, le label HVE qui sou­tient les démarch­es visant à réduire le recours aux pes­ti­cides et engrais a été maintes fois pointé du doigt, car il per­met un usage impor­tant de pes­ti­cides de syn­thèse.

Réal­isées par le lab­o­ra­toire Duber­net spé­cial­isé en œnolo­gie, les analy­ses con­duites à la demande de Valérie Murat en 2020 avaient établi que la présence des résidus de pes­ti­cides dans les 22 bouteilles de vin testées ne dépas­saient pas les seuils légaux.

Mil­i­tante anti-pes­ti­cides depuis les années 2010, Valérie Murat date son engage­ment du décès de son père vigneron, mort en 2012 d’un can­cer bron­chopul­monaire recon­nu comme mal­adie pro­fes­sion­nelle.

Pho­to d’illustration : Ales Maze / Unsplash