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Un collectif d’associations saisit le Conseil d’État contre le label HVE pour « tromperie du consommateur »

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Tirés par l’HVE. Des asso­ci­a­tions écol­o­gistes et de défense des consommateur·rices, ain­si que des acteurs du bio, attaque­nt les insuff­i­sances de la cer­ti­fi­ca­tion Haute valeur envi­ron­nemen­tale (HVE).

Lun­di, un col­lec­tif a saisi le Con­seil d’État à l’encontre du label agri­cole HVE, dénonçant « la tromperie du con­som­ma­teur » et récla­mant « un terme au green­wash­ing entretenu par cette men­tion ». Cette requête est menée par des asso­ci­a­tions d’horizons var­iés comme l’UFC-Que choisir, Généra­tions futures, Agir pour l’environnement ou le Réseau envi­ron­nement san­té, ain­si que des acteurs de l’agriculture bio comme la Fédéra­tion nationale d’agriculture biologique (FNAB), le Syn­di­cat nation­al des entre­pris­es de l’agroalimentaire bio (Syn­abio) ou l’association Bio consom’acteurs.

Lancé en 2012, le label HVE cer­ti­fie des exploita­tions « util­isant des modes de pro­duc­tion par­ti­c­ulière­ment respectueux de l’environnement », d’après le Code rur­al. Une cer­ti­fi­ca­tion large­ment pro­mue par le min­istère de l’agriculture, qui revendique une explo­sion des exploita­tions label­lisées ces dernières années (786 en 2017 con­tre 29 898 en juil­let 2022). La men­tion HVE est cen­sée récom­penser la val­ori­sa­tion de la bio­di­ver­sité sur les ter­res agri­coles, ain­si que la réduc­tion (et pas l’interdiction) de l’usage de pro­duits phy­tosan­i­taires et une meilleure ges­tion des ressources en eau. Mal­gré un cahi­er des charges bien plus léger que celui du label Agri­cul­ture biologique, par exem­ple (notre arti­cle), les exploita­tions label­lisées HVE peu­vent pré­ten­dre à des fonds verts de la Poli­tique agri­cole com­mune (PAC).

Le label Haute valeur envi­ron­nemen­tale (deux­ième colonne en par­tant de la droite) est très cri­tiqué pour son cahi­er des charges lacu­naires.

« Le prob­lème c’est qu’en l’état actuel, et alors qu’il est de plus en plus apposé sur les pro­duits, il n’est qu’un label trompeur pour les con­som­ma­teurs et les citoyens en général qui y voient, par mécon­nais­sance, un mod­èle agri­cole ayant un impact posi­tif pour l’environnement », déplore le col­lec­tif.

En novem­bre 2022, le gou­verne­ment a dur­ci cer­taines con­di­tions d’accès au label HVE. Jusqu’alors, une exploita­tion pou­vait y pré­ten­dre si les achats d’intrants représen­taient moins de 30% de son chiffre d’affaires. Un seuil qui per­me­t­tait aux fil­ières à forte valeur ajoutée (comme la viti­cul­ture) d’obtenir la cer­ti­fi­ca­tion sans chang­er de pra­tiques. Cette révi­sion n’a pas con­va­in­cu les asso­ci­a­tions requérantes, qu’elles jugent lacu­naire. Dans son dernier rap­port sur le label HVE d’octobre 2022, l’Office français de la bio­di­ver­sité (OFB) a mis au jour de nom­breuses insuff­i­sances et pré­con­isé de relever le niveau d’exigence de ses critères… ou de trou­ver un nou­veau nom plus cohérent pour éviter « le décalage ressen­ti entre son appel­la­tion et le niveau de per­for­mance envi­ron­nemen­tale qu’il garan­tit ».