On fait le point

Budget, réforme des retraites… Dans son discours de politique générale, Sébastien Lecornu remet l’écologie à plus tard

Du sursis à se faire. Ce mardi, dans une déclaration marquée par le risque de censure de son gouvernement, le premier ministre a martelé «l’urgence» de doter la France d’un budget et a annoncé la suspension de la réforme des retraites jusqu’à la présidentielle. Il n’a présenté aucune mesure sur l’écologie, promettant de revenir devant les député·es pour «présenter la politique» du gouvernement sur ces «enjeux fondamentaux».
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Ce qu’il faut retenir :

→ Dans sa déclaration de politique générale de 30 minutes, ce mardi à l’Assemblée nationale, Sébastien Lecornu a évoqué l’écologie sans préciser la politique du gouvernement en la matière. Plus tard, «nous ferons des propositions précises», a-t-il promis.

→ Pour éviter la censure du Parti socialiste et la chute de son gouvernement, il a annoncé la suspension de la réforme des retraites jusqu’à l’élection présidentielle de 2027.

→ Il a assuré mener «un gouvernement de mission», dont le premier objectif est le vote du budget. Pour cela, il entend s’appuyer sur le parlement et abandonner le recours au 49-3.

Il a beaucoup été question d’«urgences» dans la déclaration de politique générale du premier ministre, ce mardi 14 octobre à l’Assemblée nationale, mais pas d’urgence écologique. Dans un discours de 30 minutes à la tribune, Sébastien Lecornu a évoqué la nécessité de «tenir le calendrier d’adoption du budget» de la France pour 2026, de «renforcer le dialogue social» ou de «mieux répartir les compétences et réformer l’État».

Les termes «transition écologique», «écologie», «planification écologique et énergétique» ou «défendre l’environnement» ont aussi été prononcés par le premier ministre. Pour autant, il n’a développé aucune mesure concrète sur ces sujets, alors que les voyants climatiques ne cessent de virer au rouge.

À la tribune, Sébastien Lecornu n’a développé aucune mesure concrète en matière d’écologie. © Thomas Samson/AFP

Devant les parlementaires, Sébastien Lecornu a assumé ne pas présenter de programme à long terme. «Je reviendrai ici pour expliquer la politique que le gouvernement entend mener sur [l]es enjeux fondamentaux», a-t-il promis, citant, dans cet ordre : la sécurité, l’immigration, l’énergie, la transition écologique, l’éducation ou le numérique.

À la place, le locataire de Matignon a défendu «un gouvernement de mission», dont l’objectif est de faire voter le budget de l’État pour 2026. Il a également annoncé la suspension de la réforme des retraites jusqu’à l’élection présidentielle de 2027. Cette décision était la condition sine qua none pour que le Parti socialiste (PS) ne fasse pas tomber le gouvernement Lecornu II. Le Rassemblement national, La France insoumise, Les Écologistes et le Parti communiste avaient déjà dit vouloir le censurer. La survie du gouvernement reposait donc sur la décision des 69 député·es socialistes. À la tribune, Boris Vallaud, président du bloc Socialistes et apparentés, a déclaré que son groupe ne censurera pas le gouvernement, estimant faire «un pari risqué».

«Il n’y a plus de prétexte pour une censure»

Manuel Bompard, coordinateur de La France insoumise, a dénoncé une simple «temporisation» du gouvernement sur les retraites. À l’extrême droite, Éric Ciotti, président du groupe Union des droites (UDR), qui a déjà déposé une motion de censure commune avec le Rassemblement national, a qualifié le premier ministre «d’otage consentant du Parti socialiste». Tandis que l’ex-ministre de la transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a salué sur X-Twitter la «main tendue» du gouvernement sous forme de suspension de la réforme.

Dans le reste de son discours, Sébastien Lecornu a confirmé vouloir abandonner le recours à l’article 49-3, un outil constitutionnel qui permet de faire adopter un texte sans vote. En faisant cela, il affirme sa volonté de donner le dernier mot au parlement sur chaque sujet. «En renonçant au 49-3, il n’y a plus de prétexte pour une censure préalable. J’avais promis une rupture, c’en est une», a-t-il clamé.

Il a aussi annoncé une baisse d’impôts pour les petites et moyennes entreprises et des hausses «ciblées et exceptionnelles pour certaines très grandes entreprises», avec une «contribution exceptionnelle des grandes fortunes».

Et de proposer, dès décembre, un projet de loi pour renforcer le pouvoir local. Ce «nouvel acte de décentralisation» sera, selon lui, «une formidable occasion pour repenser complètement notre planification écologique et énergétique». Là encore, le premier ministre a promis que «des propositions précises» viendront. L’urgence étant, pour lui, de «redonner son sens à la politique».

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