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Bilan de la COP27 : des avancées sur la justice climatique, mais rien sur la sortie des fossiles

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Bien, mais pas Cop. Out­re une annonce his­torique en faveur de la jus­tice entre pays du Nord et du Sud, l’accord con­clu à l’issue de la 27ème Con­férence des Nations unies (COP27) manque d’ambition sur la réduc­tion des émis­sions de gaz à effet de serre et l’atténuation du change­ment cli­ma­tique.

« Nous avons traité cer­tains des symp­tômes, mais pas soigné le patient de sa fièvre », a résumé la prési­dente de la Com­mis­sion européenne, Ursu­la von der Leyen, à l’issue de la déci­sion finale adop­tée tard dans la nuit de same­di à dimanche à Charm el-Cheikh. « On s’est occupé un peu des con­séquences et pas du tout des caus­es », a abondé Lau­rent Fabius, prési­dent de la COP21 de Paris. La con­clu­sion de cette COP27 a été qual­i­fiée d’« his­torique » par beau­coup d’observateur·rices grâce au com­pro­mis trou­vé sur la mise en place d’un fonds pour financer les pertes et dom­mages : les dégâts irréversibles déjà causés par le change­ment cli­ma­tique (voir ci-dessous). Mais le reste de l’accord est bien plus mit­igé.

Les pays ne se sont pas mis d’accord pour y inclure la sor­tie des éner­gies fos­siles, qui con­stituent pour­tant la prin­ci­pale cause du dérè­gle­ment cli­ma­tique. Un résul­tat qui a pu être influ­encé par la lourde présence de lob­by­istes — on a comp­té 636 délégué·es employé·es de l’industrie fos­sile à Charm el-Cheikh, 25% de plus qu’à Glas­gow, l’an passé. « Cette COP27 se ter­mine avec un goût d’inachevé : aucune avancée sur la sor­tie des éner­gies fos­siles depuis Glas­gow. La com­mu­nauté inter­na­tionale con­tin­ue de dis­cuter d’un prob­lème dont elle méprise les caus­es », juge Clé­ment Sénéchal, chargé de cam­pagne sur le cli­mat pour Green­peace France.

Le min­istre égyp­tien des affaires étrangères, Sameh Shukri, clôt la COP27 sur le cli­mat qui s’est achevée ce dimanche à Charm el-Cheikh (Egypte). © Joseph Eid/AFP

L’objectif de main­tenir le réchauf­fe­ment cli­ma­tique à +1,5°C par rap­port à l’ère préin­dus­trielle, con­for­mé­ment à l’Accord de Paris de 2015, a été main­tenu et réaf­fir­mé. Une bonne nou­velle pour les pays les plus vul­nérables, car cer­tains souhaitaient le voir dis­paraître au prof­it de l’objectif moins amibitieux de +2°C. Hélas, aucune nou­velle stratégie sup­plé­men­taire n’a été pré­cisée pour pou­voir l’atteindre. Les poli­tiques cli­ma­tiques déjà en place nous diri­gent vers un réchauf­fe­ment de 2,8°C à la fin du siè­cle, et les engage­ments actuels vers 2,6°C.

En 2009, lors de la COP15, les pays dévelop­pés avaient promis de mobilis­er 100 mil­liards de dol­lars par an dès 2020 pour accom­pa­g­n­er le développe­ment et la tran­si­tion écologique des pays du Sud. Une promesse tou­jours pas tenue — il manque 16,7 mil­liards. « Le texte ne donne même pas d’indication que cet engage­ment sera tenu l’année suiv­ante, fustige Friederike Röder, vice-prési­dente de l’ONG Glob­al cit­i­zen. Cette sit­u­a­tion est inac­cept­able ».