C’est pas dommage. A l’issue de la 27ème conférence des Nations unies (COP27) sur le climat et après 30 ans de revendications, les pays en développement ont obtenu la mise en place d’un mécanisme de compensation pour les « pertes et dommages ».
« Historique » : c’est le mot choisi par bon nombre d’observateur·ices pour qualifier l’accord arraché sur la question des « pertes et dommages » à l’issue de la COP27, qui s’est achevée ce dimanche à Charm el-Cheikh (Egypte). 30 ans après le sommet de la Terre de Rio, l’épineuse question de la compensation des dégâts subis par les pays les plus vulnérables au changement climatique en raison de l’émission de gaz à effet de serre par les pays industrialisés, a enfin fait l’objet d’un accord. Celui-ci prévoit la création d’un nouveau fonds dédié dès 2023. Il devrait être abondé par les pays riches, mais aussi par de « nouvelles sources de financement » – comprendre : par les pays émergents, la Chine en premier lieu.
Sujet majeur en marge des négociations de la COP26 de Glasgow, l’an dernier (notre article), les pertes et dommages figuraient à l’agenda officiel pour la première fois cette année. Si les négociations ont été compliquées, les pays du Sud ont bénéficié d’un revirement de l’Union européenne, jeudi, puis des États-Unis. Le premier pollueur mondial avait jusqu’alors toujours refusé d’en débattre, de peur que sa responsabilité majeure dans la crise climatique ne soit pointée du doigt.
« Cette décision historique […] est le résultat d’un leadership fort de l’alliance des petits États insulaires et d’un degré de solidarité étonnant de la part du reste du monde », s’est félicité Avinash Persaud, représentant de l’archipel de la Barbade. « Il reste encore beaucoup de travail à faire sur les détails, mais le principe est en place et il s’agit d’un changement d’état d’esprit significatif », s’est réjoui Laurence Tubiana, l’une des architectes de l’accord de Paris et directrice de la Fondation européenne pour le climat.
« Il n’y aura pas de justice tant que l’argent ne commencera pas à affluer vers les communautés vulnérables », a tancé l’activiste ougandaise Vanessa Nakate. Qui financera quoi ? Pour quels montants ? Selon quelles modalités ? A la COP27, une quarantaine de pays s’est engagée à mettre 350 millions de dollars (338 millions d’euros) sur la table. Une paille au regard des besoins, estimés entre 290 et 580 milliards de dollars par an d’ici à 2030, et jusqu’à 1 700 milliards en 2050 (Vert).
Dimanche soir, le président français Emmanuel Macron a annoncé son intention d’organiser un sommet pour mettre en place un « nouveau pacte financier avec les pays les plus vulnérables ». Celui-ci se tiendra à Paris en juin 2023, a révélé Franceinfo, et devra trouver des solutions de financement en vue de la COP28 prévue à Dubaï (Émirats arabes unis) fin 2023.