Recours de route. L’État réclame la suspension de la décision du tribunal administratif, qui avait ordonné en février l’arrêt de ce chantier controversé. En attendant une décision en appel, il espère le retour des pelleteuses sur le tracé de l’A69 entre Toulouse (Haute-Garonne) et Castres (Tarn), au grand dam des opposant·es au projet.
C’est reparti pour un (dé)tour. Près d’un mois après la décision de justice ordonnant l’arrêt des travaux de l’autoroute A69, l’État a officiellement fait appel de la décision vendredi, a-t-on appris ce lundi. Il a assorti son appel d’une demande de sursis à l’exécution – une procédure pour réclamer la suspension de la décision, soit l’arrêt des travaux, en attendant le jugement en appel. Pour l’heure, il est impossible de savoir quand la justice étudiera cette demande.

«L’État s’acharne contre l’intérêt du territoire», a aussitôt déploré le collectif d’organisations La voie est libre, qui lutte contre la construction de l’autoroute depuis des années. «En poursuivant sa fuite en avant avec cette procédure d’appel, l’État condamne à l’immobilisme tout un territoire et lui interdit de se projeter vers l’avenir», ont détaillé les opposant·es, qui fustigent «un appel voué à l’échec».
Pas d’intérêt public majeur
Fin février, le tribunal administratif de Toulouse avait annulé l’autorisation environnementale du projet, délivrée en mars 2023. Il jugeait que l’autoroute ne disposait pas d’un intérêt public suffisant pour justifier l’atteinte à de nombreuses espèces protégées pendant les travaux (notre article).
Cette autoroute de 53 kilomètres de long, en cours de construction le long d’une nationale existante, promettait de désenclaver le bassin économique de Castres en raccourcissant le trajet jusqu’à Toulouse d’à peu près 15 minutes (il faut compter environ 1h10 actuellement pour relier les deux villes). Le tribunal avait considéré que cet «enclavement» n’était pas suffisamment caractérisé.
Le ministre des transports, Philippe Tabarot, avait qualifié l’annulation du chantier d’«ubuesque» au vu de l’avancée du projet. Et le gouvernement avait aussitôt annoncé qu’il ferait appel de cette décision et réaffirmé «son attachement à la réalisation de cette infrastructure».
Avec la concrétisation de cet appel, la machine judiciaire se voit ainsi relancée pour au moins un ou deux ans. Pour les opposant·es au projet, il s’agit d’une perte de temps majeure qui prive le territoire d’un travail collectif pour imaginer de nouveaux projets d’aménagements «en phase avec les besoins des populations, les enjeux sociaux et environnementaux» à la place de l’A69.
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