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À proximité de l’ancienne usine Metaleurop, des enfants du Pas-de-Calais sont contaminés au plomb

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Un silence de plomb. Près de 20 ans après la fermeture de l’usine Metaleurop, dans le Pas-de-Calais, la pollution au plomb imprègne encore les sols et contamine les enfants qui vivent alentour, révèle une enquête de Vert de rage confirmée par des analyses de l’Agence régionale de santé.

Aux alentours d’Evin-Malmaison (Pas-de-Calais), sept enfants sont atteints de saturnisme, a révélé un vaste dépistage organisé par la préfecture du département et l’Agence régionale de santé (ARS) et dont les résultats ont été dévoilés en fin de semaine dernière. 61 des enfants testés présentent un seuil d’intoxication au plomb supérieur au niveau de vigilance, sans toutefois être officiellement atteints de saturnisme. Cette maladie est liée à une intoxication au plomb, qui peut générer de graves troubles du système nerveux ou de la moelle osseuse et entraîner des retards de développement intellectuel.

La contamination au plomb est due à la présence à proximité de l’ancienne usine Metaleurop, dont la zone est considérée comme la plus polluée de France depuis sa fermeture en 2003. À l’origine de cette campagne de dépistage, une enquête menée par le journaliste Martin Boudot et l’équipe de la série documentaire Vert de rage, dont l’épisode est diffusé lundi 3 octobre sur France 5.

Après plusieurs mois d’enquête avec des scientifiques, le journaliste a estimé que jusqu’à 5 815 enfants pourraient avoir été atteints de saturnisme depuis les années 1960 et qu’une école était encore contaminée. Les résultats de l’ARS montrent qu’il s’agit finalement de cinq établissements scolaires dans les communes environnantes.

Martin Boudot s’est aussi rendu dans la ville Cerro de Pasco, au Pérou, d’où le plomb transformé à Metaleurop était extrait. Après avoir réalisé des prélèvements inédits sur place, il y a constaté que la présence de plomb dans les organismes des enfants avait une forte incidence sur le développement de leur quotient intellectuel (QI). Ces données inédites ont permis aux habitant·es de cette ville de mobiliser l’opinion publique et sont allées jusqu’au Congrès péruvien. En juillet, ce dernier a annoncé la construction d’un hôpital équipé pour surveiller la contamination aux métaux lourds à Cerro de Pasco. Une grande avancée pour cette communauté durement touchée par la pollution de la mine, mais dont le centre médical n’avait jusqu’à présent pas les moyens d’en analyser les impacts.

Au cours des enquêtes de Vert de rage, Martin Boudot s’associe avec des chercheur·ses pour produire des données scientifiques et les mettre à disposition des communautés concernées, afin de les aider à se mobiliser contre les pollutions qui les minent. « Pour moi, c’est une façon de montrer que le trio scientifiques-citoyens-journalistes peut avoir du sens », raconte à Vert Martin Boudot, « et surtout de raconter aux téléspectateurs que même face à un constat terrible, on peut faire bouger les choses ».

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