Dans l'actu

Une mort sur six dans le monde est causée par la pollution

  • Par

La pol­lu­tion de l’air, de l’eau et des sols est respon­s­able de neuf mil­lions de morts chaque année. Mais cet énorme prob­lème de san­té publique est peu com­bat­tu dans les pays les plus pau­vres, qui sont aus­si les plus touchés.

Le fond de l’air effraie. Alors que le change­ment cli­ma­tique et l’ef­fon­drement de la bio­di­ver­sité met­tent déjà le vivant à rude épreuve, une nou­velle étude insiste sur les effets délétères de la pol­lu­tion, pre­mier fac­teur de risque envi­ron­nemen­tal. Plus exacte­ment, cette pub­li­ca­tion du Lancet Plan­e­tary Health est la mise à jour d’une pre­mière recherche lancée en 2017. Pre­mier con­stat : le nom­bre glob­al de morts est resté sta­ble, à neuf mil­lions en moyenne, soit un décès sur six dans le monde. Dans le détail, la pol­lu­tion de l’air occa­sionne env­i­ron 6,7 mil­lions de décès annuels ; celle de l’eau, 1,4 mil­lion ; et celle des sols, 800 000.

Pho­to prise à Osa­ka, Japon © Flickr / Shi­nobu Sugiya­ma

Ces chiffres mon­di­aux cachent une sur­ex­po­si­tion frap­pante des pays à faibles revenus qui con­cen­trent 92 % de ces décès. En Asie du sud par exem­ple (Inde, Pak­istan, Bangladesh, etc.), la pol­lu­tion de l’air extérieur et intérieur est respon­s­able, à elle seule, de 75 % des décès. Si les sci­en­tifiques ont con­staté une légère baisse de la mor­tal­ité liée à des pol­lu­tions « his­toriques » (comme la com­bus­tion de char­bon) ou liée à l’ex­trême pau­vreté (con­som­ma­tion d’eau pol­luée, notam­ment), celle-ci est com­pen­sée par la hausse des formes mod­ernes de pol­lu­tion, en par­ti­c­uli­er les pol­lu­tions chim­iques. En hausse de 66 % depuis les années 2000, ces pol­lu­tions, qui touchent à la fois l’air, l’eau et les sols, sont respon­s­ables de quelque 1,8 mil­lion de décès annuels, dont 900 000 rien que pour la pol­lu­tion au plomb.

Mal­gré l’am­pleur du pro­gramme dans les pays à faibles revenus, l’é­tude con­state que « très peu a été fait pour le com­bat­tre ». Même les pro­grammes de sou­tien inter­na­tionaux au développe­ment ou de phil­an­thropie à l’é­gard de ces pays ten­dent à laiss­er la prob­lé­ma­tique de côté. Les auteur•ices appel­lent notam­ment à la créa­tion d’un groupe con­sacré à la pol­lu­tion sur le mod­èle du Groupe d’experts inter­gou­verne­men­tal sur l’évolution du cli­mat (Giec). C’est d’au­tant plus néces­saire que « la pol­lu­tion, le change­ment cli­ma­tique et la perte de bio­di­ver­sité sont étroite­ment liés. Ce sont des men­aces qu’il faut com­bat­tre simul­tané­ment », écrivent-ils. En mars, l’assemblée des Nations unies pour l’environnement a adop­té une réso­lu­tion visant à la créa­tion d’un « Giec des pro­duits chim­iques » et engagé les travaux sur futur traité inter­na­tion­al con­tre la pol­lu­tion au plas­tique. Un début.